Retrouvez la feuille paroissiale hebdomadaire n°19
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 14, 1-12
Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. » Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père” ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! »
Montre-nous le Père, cela suffit !
Merci, Philippe, de cette demande bien légitime.
Une fois que nous sommes avec le Père, nous avons la source, tout le reste est superflu. Ne dit-on pas qu’il vaut mieux s’adresser à Dieu qu’à ses saints ? Les disciples de Jésus sont dans cette logique. Ils sont avec le Fils de Dieu et ils veulent le Père. Le Père va devoir lui aussi se justifier !
Ne sommes-nous pas, nous aussi, dans cette logique de la preuve et de la recherche de la certitude ?
Nous connaissons le Christ, pour la plupart d’entre nous, depuis notre plus petite enfance.
Nous baignons dans un bain de chrétienté, nos références et notre culture sont imprégnées, qu’on le veuille ou non, de références chrétiennes. Et pourtant, nous avons du mal à accueillir la foi dans sa plénitude.
Que reste-t-il de l’annonce du Christ : « Je pars vous préparer une place » ?
Cet engagement du Christ est toujours difficile à accueillir. Il y a même des pratiquants qui ont du mal avec l’annonce de la résurrection. On veut bien suivre les préceptes du Christ, son message, être admiratif devant son humanité, mais la résurrection est un pas difficile à franchir. Il y a des pratiquants non croyants !
Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Il nous faut prendre la totalité de l’annonce et non pas uniquement ce que nous pouvons comprendre ou accepter.
Le chemin, pourquoi pas ? Nous en revenons aux préceptes et au message. Jésus a bien parlé et il peut être rangé dans la catégorie des sages, voire même des maîtres spirituels ; il y en a eu d’autres avant lui et il y en aura d’autres après lui. Nous mettons son livre parmi ceux des philosophes et nous allons rechercher dans la Bible la citation qui nous convient quand nous manquons nous-mêmes de mots ou d’arguments.
La vérité, cela se complique un peu. Ponce Pilate dit lui-même « Qu’est-ce que la vérité ? » La vérité semble sujette à caution. Elle dépend de celui qui l’énonce. Même une vérité scientifique est remise en cause. Une vérité chasse l’autre. Dans un monde changeant, chacun se fait sa propre vérité, en puisant au supermarché toujours ouvert des théories et des certitudes. On a toujours fait, cru, dit, pensé… Alors où est la vérité immuable et intangible ? Chacun d’entre nous se trouve ballotté entre des vérités toutes aussi fiables et justes, mais où est la vérité vraie ?
Pour la résurrection, nous sommes tous des saint Thomas. Si je ne vois pas, je ne crois pas ! Il me faut des preuves. Il me faut des certitudes !
Jésus nous dit « Je suis » c’est le nom de Dieu révélé à Moïse. Pouvons-nous accepter de croire en la Parole de Dieu et de ne pas mettre notre savoir à la place du Créateur de toute chose ?
Il nous faut accepter de devenir des croyants, et pas seulement rester de « bons » pratiquants.
Père Jorge JIMENEZ