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ÉDITORIAL du 8 septembre 2024 – 23e dimanche du Temps Ordinaire – B
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 7, 31-37
« Effata ! », c’est-à-dire : « Ouvre-toi ! » Ses oreilles s’ouvrirent ; sa langue se délia, et il parlait correctement. Alors Jésus leur ordonna de n’en rien dire à personne ; mais plus il leur donnait cet ordre, plus ceux-ci le proclamaient. Extrêmement frappés, ils disaient : « Il a bien fait toutes choses :
il fait entendre les sourds et parler les muets. »
Le 8 septembre est, pour le diocèse de Lyon, une fête importante. Il s’agit du Vœu des Échevins et de la bénédiction de la ville par l’Archevêque depuis le balcon de la basilique de Fourvière. Depuis 1643, à quelques exceptions près et en particulier ces dernières années, le prévôt des marchands de Lyon et ses conseillers, ce qui équivaut au maire et à ses adjoints, tiennent cet engagement de rendre hommage à la Vierge pour avoir débarrassé Lyon de l’épidémie de peste qui ravageait les villages environnants.
Effata, ouvre-toi !
Cet ordre de Jésus est perpétué dans un des rites de préparation au baptême : avant de devenir chrétien, il est demandé de s’ouvrir.
Le rite vient bénir les yeux, les oreilles et la bouche. Il nous faut pouvoir contempler les merveilles de Dieu, les entendre et les proclamer. Le chrétien est cet homme ou cette femme qui accepte d’être ouvert à la puissance de Dieu et à sa création.
“Ouvre-toi !” C’est une demande, ou plutôt un ordre, que donne le Seigneur.
Il est si facile de penser que tout dépend de nous, et que nous sommes seuls au monde, dotés de surpuissance. L’homme est capable de tout et il n’a besoin de rien, ni de Dieu ni de maîtres. Pourtant, face à une épreuve, l’homme fait assez rapidement l’expérience de sa finitude. Seul, il ne peut rien et il ne sait vers qui se tourner qui soit toujours à ses côtés et à son écoute.
Nous avons tous fait l’expérience de voir cet ami qui se disait fidèle prendre le large, parfois même des membres de nos familles.
Ouvre-toi à Dieu, lui seul suffit, comme le message trouvé dans le bréviaire de sainte Thérèse d’Avila l’indique : « Que rien ne te trouble, que rien ne t’épouvante, tout passe, Dieu ne change pas, la patience obtient tout ; celui qui possède Dieu ne manque de rien : Dieu seul suffit ».
Que l’on soit catéchumène ou chrétien engagé, il est important de ne jamais oublier quelle est la source de tout bien véritable et quel est le seul qui puisse nous soutenir et nous donner la force pour aller de l’avant dans nos luttes.
Les notables de Lyon avaient fait la promesse de rendre hommage à la Vierge, le Vœu des Échevins se perpétue malgré les échevins, si j’ose dire. La foi est plus grande que nos possibles car elle demande à Dieu de suppléer à nos impossibles.
Car : « Il fait bien toutes choses ».
Père Jorge JIMENEZ
ÉDITORIAL du 25 août 2024 – 21 e dimanche du Temps Ordinaire – année B
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 6, 60-69
Jésus savait en lui-même que ses disciples récriminaient à son sujet. Il leur dit : « Cela vous scandalise ?
Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant !…
C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie.
À l’heure où j’écris ces quelques lignes de reprise de l’année pastorale, je ne suis pas encore parti en congé, et je devrais encore être dans le pays de mes aïeux. Ne m’en veuillez donc pas si cet édito vous semble déconnecté de la réalité du temps. Merci.
Cela vous scandalise ?
Voilà bien une réflexion qui nous surprend dans la bouche de Jésus. Le Christ peut être objet de scandale. En effet, nous ne devrions jamais nous habituer à la parole de Jésus, elle ne devrait jamais devenir un doux ronron que l’on connaît et qui, tout au plus, nous apaise. La parole et la personne de Jésus doivent sans cesse nous surprendre et parfois même nous scandaliser.
Le mot « scandaliser » a comme définition qu’il paraît incompréhensible, qu’il déroute la raison. Jean Cocteau écrit : Jésus (…) scandalise toujours, il décourage la chance, il s’expose, il se ridiculise, il se ferme les portes, il se crucifie (Poés. crit. II, 1960, p.62).
Voilà un bon rapport concernant notre relation à Jésus. Compte tenu de ses actions, il paraît tout à fait normal, à vue humaine, de se tenir loin de cet homme. Si nous regardons sa vie, tout est échec. Et pourtant, si nous regardons l’autre côté du miroir en acceptant d’être l’objet de la sollicitude du Christ, tout prend alors un nouveau sens. Ses échecs ne sont qu’une autre manière de vivre et d’appréhender le monde. Après quoi cours-tu ?
Ses miracles sont une autre manière de nous offrir un passage vers une vie pleine et entière. Ses discours sont une source inépuisable d’espérance et de vie. Mais le monde ne peut les recevoir, pas plus hier qu’aujourd’hui. Si nous réduisons le monde à ce que nous en connaissons, si nous réduisons la vie à nos manipulations, si nous réduisons l’amour à la satisfaction de nos désirs, effectivement, suivre le Christ est une ineptie.
Il est donc bien normal que le monde des croyants se réduise …
Mais que faisons-nous, alors ? Nous acceptons cet état de fait et nous finissons par baisser les bras. Nous acceptons comme acquise la fin de l’espérance.
En ce début d’année pastorale, je nous demande d’aller chercher au plus profond de nous-même ce qui nous met en route et ce qui nous motive.
Je nous demande de nous mettre au service de la vie et de l’espérance.
Je nous demande de nous donner un peu, beaucoup, passionnément au service de nos frères.
Car à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle.
Père Jorge JIMENEZ
Messe du dimanche 28 juillet 2024 – 17e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez
Évangile selon Saint Jean 6, 1-15
En ce temps-là, Jésus passa de l’autre côté de la mer de Galilée, le lac de Tibériade. Une grande foule le suivait, parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait sur les malades. Jésus gravit la montagne, et là, il était assis avec ses disciples. Or, la Pâque, la fête des Juifs, était proche. Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui. Il dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire. Philippe lui répondit : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain. » Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit : « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! » Jésus dit : « Faites asseoir les gens. » Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes. Alors Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce, il les distribua aux convives ; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en voulaient. Quand ils eurent mangé à leur faim, il dit à ses disciples : « Rassemblez les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde. » Ils les rassemblèrent, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge, restés en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture.
À la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. » Mais Jésus savait qu’ils allaient l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul.
Messe du dimanche 21 juillet 2024 – 16e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (6, 30-34)
« Ils étaient comme des brebis sans berger »
En ce temps-là, après leur première mission, les Apôtres se réunirent auprès de Jésus, et lui annoncèrent tout ce qu’ils avaient fait et enseigné. Il leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux, et l’on n’avait même pas le temps de manger. Alors, ils partirent en barque pour un endroit désert, à l’écart. Les gens les virent s’éloigner, et beaucoup comprirent leur intention. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux. En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement.
Dimanche 14 juillet 2024 – 15 ième Dimanche du Temps ordinaire
Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez
Evangile selon Saint Marc (6, 7-13)
En ce temps-là, Jésus appela les Douze ; alors il commença à les envoyer en mission deux par deux. Il leur donnait autorité sur les esprits impurs, et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture. « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. » Il leur disait encore : « Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. »
Ils partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir. Ils expulsaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient.
ÉDITORIAL du 30 juin 2024 – 13e dimanche du Temps Ordinaire – année B
Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 5, 21-43
Alors la femme, saisie de crainte et toute tremblante, sachant ce qui lui était arrivé, vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité. Jésus lui dit alors : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. »
D’où vient la foi ? La question est saugrenue et la réponse du catéchisme vient spontanément à nos lèvres : la foi est un don de Dieu.
Deux femmes, deux conditions de vie bien différentes, l’une qui ne peut plus être femme à cause de ses pertes de sang, l’autre qui ne le sera pas à cause de la mort qui vient de l’emporter. Deux vies brisées. D’où me viendra le secours, le secours est dans le nom du Seigneur (Ps 121). Les deux femmes vont faire l’expérience du salut, l’une par sa témérité et l’autre par l’intercession de son père.
La témérité. Elle a tout essayé, même les médecins. Ceux-ci ont tenté de la guérir mais en vain. Par ses pertes de sang, elle est retranchée de la vie du monde, elle ne peut pas être épouse, elle ne peut pas être mère ; impure, elle n’est rien, elle n’existe pas.
Qui pourra lui rendre sa dignité perdue ?
Avec hardiesse, elle touche le vêtement de Jésus et aussitôt elle est guérie. Jésus n’a rien fait, pas de paroles, pas de geste, il sent qu’une force vient de s’échapper de lui. Il ne fait que constater la foi de cette femme. Elle a obtenu, par sa foi, la vie qu’elle avait perdue.
La fille est morte, à quoi bon déranger le maître ? Non, elle dort. Jeune fille, lève-toi !
Jésus s’adresse à elle, il la relève et lui donne la vie qu’elle aurait dû conserver.
Dans un cas comme dans l’autre il n’est question que de foi et de vie.
La foi et la vie, la foi est la vie. Jésus est le maître de la vie, il nous rend la vie que nous avons perdue.
L’une et l’autre des femmes l’ont reçue de Jésus.
De ces deux histoires, nous pouvons tirer un enseignement précieux. La foi demande une certaine hardiesse et invite à l’intercession.
Avons-nous le courage de demander, de nous rapprocher assez du Christ pour lui demander ce qui nous est nécessaire ? Combien d’entre nous disent qu’ils ne demandent jamais pour eux, qu’ils ne savent pas faire ou qu’ils n’osent pas… L’exemple de la femme hémorroïsse nous appelle à changer de comportement.
Une force sort de Jésus, à la prière de cette femme.
Le secours vient aussi de l’intercession des frères. Quand la prière n’est plus possible, quand les mots manquent, il est bon de savoir que d’autres intercèdent pour moi. La prière des frères est d’une grande puissance.
Nous allons tous prendre un temps de vacances, un temps de retrait.
Ces deux femmes vont nous permettre d’orienter notre prière pendant ces quelques semaines à venir.
Prions pour nous, osons demander ce qui nous semble nécessaire. Le Seigneur entend une prière juste. Présentons aussi à Dieu ceux de nos familles, ceux de nos amis qui ne savent ou ne peuvent se tourner vers Dieu. Présentons le monde, avec ses souffrances et ses incohérences, au Père de toute grâce qui sait ce qui est juste et nécessaire.
Bonnes vacances à tous. Nous nous retrouverons en septembre pour une nouvelle année pastorale, si Dieu le veut.
Père Jorge JIMENEZ
ÉDITORIAL du 23 juin 2024 12e dimanche du Temps Ordinaire – année B
Retour en images sur cette célébration inter paroissiale
Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez pour cette messe de fin d’année pastorale
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 4, 35-41
Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? » Saisis d’une grande crainte, ils se disaient entre eux : « Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent?
Nous sommes perdus. Voilà une phrase que certains d’entre nous peuvent dire ou penser quand ils analysent notre monde. Entre les guerres, les augmentations, la politique et que sais-je encore, il est presque naturel de se tourner vers le Seigneur et de crier : « Nous sommes perdus ! »
La scène se passe sur l’eau et nous savons tous que l’eau est un signe de mort. Si cette scène se passe sur l’eau, c’est que la mort et les difficultés nous entourent, elles sont notre environnement le plus immédiat. Chacun peut faire sa propre liste, et force est de constater qu’elle s’allonge plus nous prenons de l’âge.
Nous sommes dans cette barque, la tempête fait rage. Nous sommes dans l’ordinaire de notre vie, mais nous ne pouvons pas réaliser que nous ne sommes pas seuls. Nous nous comportons comme si tout dépendait de nous. Nous sommes toujours, d’après nous, seuls face aux vicissitudes de la vie et nous devons trouver les ressources et les solutions par nous-mêmes.
Mais ici, les disciples se tournent vers Jésus, qui dort !
Son attitude est surprenante et déconcertante. Nous devons donc vraiment nous débrouiller seuls dans cette vie ?! Lui, il dort, paisible, au milieu de la mer démontée.
Mais pourquoi cette attitude ? Pourquoi ne partage-t-il pas nos angoisses et nos frayeurs ? Pourquoi Jésus est-il paisible quand nous sommes dans la tourmente ?
Qu’ai-je fait, mon Dieu, pour que tout cela m’arrive !?
D’un seul coup, voilà Dieu qui apparaît. Nous nous tournons vers lui, nous avons besoin de lui. Sa réponse nous désarçonne : « Vous n’avez pas encore la foi ! »
La réponse nous recentre sur l’essentiel : la foi. Sans elle, nous sommes malmenés et ballottés, tout prend une ampleur considérable, tout peut nous faire douter et chuter. Sans elle, nous sommes seuls au monde.
Jésus nous rassure : nous ne sommes pas seuls, nous ne sommes jamais seuls, même si les apparences sont contre nous, même si notre environnement immédiat nous conduit à douter, la parole de Dieu est là.
La puissance de Dieu est à l’œuvre.
Qui est-il pour que tout lui obéisse, y compris les puissances de mort ?
Cet épisode de la tempête apaisée est une belle image de nos vies mais aussi de la vie de l’Église. Rien ne va plus, tout nous est contraire. Ce monde se détourne de Dieu et l’Église est ce paquebot qui réagit avec une lenteur considérable. Pourquoi notre Église n’est-elle pas plus réactive, pourquoi n’est-elle pas au rythme du monde, pourquoi ne s’adapte-t-elle pas ?
Si nous poursuivons dans ce sens, il n’y a qu’un pas pour dire que l’Église doit être en accord avec le monde et donc avec les puissances de mort qui le régissent.
N’oublions jamais que le paquebot Église est conduit par le Christ et que, dans l’Église comme dans notre vie, il nous est demandé de faire confiance, d’avoir la foi et de se mettre à la suite de Jésus. Alors, comme lui, nous pourrons être sereins dans ce monde qui semble avoir perdu le cap.
Père Jorge JIMENEZ
ÉDITORIAL du 16 juin 2024 – 11e dimanche du Temps Ordinaire – année B
Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 4, 26-34
« Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre. Il ne leur disait rien sans parabole, mais il expliquait tout à ses disciples en particulier. »
La surprise de l’évangile.
Les paraboles de ce dimanche nous sont si familières qu’il nous semble qu’elles sont d’une banalité affligeante.
Nous le savons, une graine mise en terre germe et, s’il s’agit d’une graine de moutarde, elle devient une belle plante. Mais ces exemples ne sont pas là pour nous donner un cours d’agriculture, mais pour nous parler du Royaume. Cette réalité que le Christ a inaugurée et qui ne cesse de nous surprendre. Le Royaume est une réelle surprise, si nous n’en sommes pas convaincus, le Seigneur nous demande d’ouvrir notre cœur et de regarder au fond de notre âme.
Que puis-je faire pour accélérer la venue du Royaume ?
Est-ce en tirant sur la tige de l’épi de blé que celui-ci va pousser plus vite ?
Non, nous le savons bien. Et pourtant, quand il s’agit du Royaume, beaucoup veulent qu’il se manifeste selon leur volonté. Je ne parlerai pas des groupes qui trop souvent font l’actualité et qui se prennent pour la manifestation du Royaume.
Malheureusement, ces groupes ou mouvements qui se disent d’Église ne sont en réalité qu’au service de l’ego de quelques-uns.
Le Royaume se laisse découvrir et s’invite dans notre réalité, il est ce don de Dieu qui nous surprend et nous dérange, mais qui à la fois nous comble et nous transforme. Il est ce lieu sûr où chacun trouve sa place, il est cet abri où les plus désespérés trouvent leur consolation, il est le lieu de la réalisation de la promesse, où le double commandement d’amour de Jésus se réalise pour tous et pour chacun.
Nul ne peut dire « le Royaume est ici ou là ». Il n’y a pas de réalité géographique pour le Royaume, mais chacun peut dire « j’ai fait l’expérience du Royaume ».
Un malade revenant de Lourdes peut en témoigner : l’attention, le respect et l’amitié vécus en pèlerinage lui font entrevoir le Royaume. Pendant une semaine, il n’était pas un cas médical, une charge ou un handicap, il était un frère en Jésus Christ avec des limites et des chances qu’il pouvait découvrir. Il est là, le Royaume.
À ce même pèlerinage, les jeunes ont découvert qu’un autre regard était possible, que Dieu se laissait approcher par le service de tous, et des personnes malades en particulier. Ils ont découvert que leur jeunesse n’était pas un frein à leur action, mais une chance de partage. Ils ont découvert que les liturgies étaient des lieux où la prière n’était pas une contrainte mais une respiration. Il est là, le Royaume. Le Royaume se trouve en chaque lieu de vie véritable où l’on accepte de se laisser surprendre par la présence de Dieu et par l’amour des frères.
Père Jorge JIMENEZ
ÉDITORIAL du 9 juin 2024 – 10e dimanche du Temps Ordinaire – année B
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 3, 20-35
Jésus parla ainsi parce qu’ils avaient dit : « Il est possédé par un esprit impur. » Alors arrivent sa mère et ses frères. Restant au-dehors, ils le font appeler. Une foule était assise autour de lui ; et on lui dit : « Voici que ta mère et tes frères sont là dehors : ils te cherchent. » Mais il leur répond : « Qui est ma mère ? qui sont mes frères ? »
Et parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit : « Voici ma mère et mes frères.
Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. »
« De fêtes en Fête, de jours en jours, le temps de Dieu rejoint le temps de l’homme … »
L’évangile d’aujourd’hui est celui du retour au temps ordinaire, les dimanches des solennités postpascals sont passés.
Nous sommes un peu déroutés par le contenu de cet évangile. Jésus est malmené et mal considéré. Il est accusé d’avoir perdu la tête et d’expulser les démons par le chef des démons. Les scribes et les pharisiens s’en donnent à cœur joie. Ils vont pouvoir se saisir de Jésus et convaincre la foule de l’incohérence de ce dernier.
Mais c’est tout le contraire qui se produit : par une simple démonstration par l’absurde, Jésus ridiculise ses détracteurs. Il les invite à vérifier par qui leur maison est tenue. En d’autres termes, où est leur cohérence.
La question qui leur est posée est aussi valable pour nous. Où est notre cohérence ?
Il ne s’agit pas que de démons, mais aussi de la tenue de notre maison interne. Avons-nous bien mis chaque chose à sa place, et décidé de la place que nous avons choisi d’octroyer à Jésus ?
La question semble saugrenue, elle est pourtant cruciale. Nous sommes, nous aussi, sans arrêt malmenés par la vie. Rien ne se passe comme nous l’avons imaginé et notre premier réflexe est de penser que nous sommes attaqués par un esprit impur qui se joue de nous et qui désorganise notre vie.
Cela peut être vrai, il y a autour de nous et parfois en nous les effets du diviseur qui vient perturber le cours normal de notre vie.
Il y a aussi, et surtout, notre incapacité à conduire saintement notre existence. Le mot « saintement » nous fait frémir, nous aurions sans doute préféré lire le mot « sainement », surtout après avoir évoqué le diviseur ou, si nous préférons, Satan.
Je veux simplement nous rappeler que nous sommes équipés pour résister aux assauts du Malin. La vie chrétienne ordinaire nous permet de résister à la majorité des troubles spirituels. Je reprends quelques éléments qu’il ne faut pas négliger. Une vie sacramentelle habituelle, la prière quotidienne, la récitation du chapelet et la confession régulière sont des armes puissantes contre les attaques du démon.
Curieusement, l’évangile se termine par la mention de la mère et des frères de Jésus.
Qui sont pour lui ceux qui font la volonté de Dieu.
Voici une preuve complémentaire, s’il nous en fallait une, que la fréquentation du Christ est lieu d’exercice de la sainteté, et que nous sommes engagés sur ce chemin comme membres de sa famille.
Père Jorge JIMENEZ
ÉDITORIAL du 2 juin 2024 – Dimanche du Saint-Sacrement, Corps et Sang du Christ
Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 14, 12-16.22-26
Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit : « Prenez, ceci est mon corps. Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude. Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, dans le royaume de Dieu. » Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers.»
« De fêtes en Fête, de jours en jours, le temps de Dieu rejoint le temps de l’homme … » il y a quelques années, nous chantions ce refrain de Noël Colombier, lors de nos célébrations. Depuis le dimanche de Pentecôte, l’Eglise ne cesse de nous faire méditer les mystères les plus importants de la foi. Dimanche dernier, la Sainte Trinité qui, en soi, est déjà un défi pour la raison, et ce dimanche, le Saint-Sacrement, qui ne l’est pas moins.
Du pain et du vin qui deviennent vrai corps et vrai sang du Christ. La transsubstantiation vient nous visiter. Par la prière du célébrant et la foi de l’assemblée, le pain et le vin deviennent présence réelle du Seigneur Jésus Christ. Nous sommes invités à nous asseoir à la table de la Cène, ce fameux jeudi soir, veille de la Passion.
En deux phrases inimaginables, Jésus nous donne sa personne pour la consommation des siècles. Je suis avec vous, vous ferez cela. Pas « vous ferez mémoire du geste de la Cène » – une espèce de pièce de théâtre, pleine d’émotion et de souvenirs, comme lors d’un repas de famille où chacun se souvient, avec gratitude, de tel membre disparu depuis plus ou moins longtemps. Non, ici, ce n’est pas la simulation ou la singerie d’un moment important de la vie du défunt. C’est la rencontre intime avec le défunt, vivant, ressuscité.
Le prêtre agit in persona Christi, à la place du Christ. C’est le Christ lui-même qui, par la bouche de l’officiant, dit : « Ceci est mon Corps, ceci est mon Sang ».
Il y a de quoi se sentir indigne et incapable. Tant de prononcer ces paroles que de recevoir le Corps et le Sang dans la communion.
Jésus nous invite et nous demande de renouveler son geste. De le faire et de le refaire aussi souvent que possible, chaque semaine, chaque jour, car nous en avons besoin. Jésus se donne à nous pour que nous puissions à notre tour nous donner au monde. Ce n’est pas une imitation que nous faisons : chaque fois que nous communions, Jésus nous renouvelle et nous envoie.
Il serait insensé de ne compter que sur nos propres forces pour que ce monde devienne le Royaume que le Seigneur a inauguré. Car telle est notre mission. Semaine après semaine, jour après jour, nous demandons la force de Dieu pour avancer dans ce monde, au nom du Père, du Fils et de l’Esprit, nourris du corps et du sang de Jésus, pour être témoins d’un amour plus grand qui ne veut que notre bonheur.
Jorge JIMENEZ