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ÉDITORIAL du 24 mars 2024 – Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur

Ecouter l’homélie du Père Jorge Jimenez

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 14, 1-72.15, 1-47

La fête de la Pâque et des pains sans levain allait avoir lieu deux jours après. Les grands prêtres et les scribes cherchaient comment arrêter Jésus par ruse, pour le faire mourir.

Cet évangile me fait toujours pleurer.
Une paroissienne, qui peu à peu devient une amie, m’a fait cette réponse quand je lui ai demandé sur quel passage je pouvais faire mon édito du dimanche des Rameaux et de la Passion : « On ne peut pas tronçonner ce texte … » Elle a totalement raison et je dois avouer que moi aussi, pendant longtemps, et aujourd’hui encore, je ne peux entendre ou proclamer cet évangile sans ressentir une vive émotion proche des larmes. Cet évangile est un tout, comme l’est le Triduum pascal dans lequel nous entrons ce dimanche.
Peut-on rester insensible devant les outrages que le Christ subit, rester de marbre devant le déroulement inique qui, inéluctablement, conduira le juste au gibet de la croix…
La Passion de notre Seigneur Jésus Christ. La proclamation de l’Evangile se fait sobrement, souvent à plusieurs voix, sans emphase, ni encens, ni luminaires.
Le prêtre seul à l’autel et les autres lecteurs aux divers ambons.
Cette proclamation est revêtue de dignité et de majesté. Nous sentons que ce texte a une portée différente, il a une place à part dans les évangiles. Dans la Passion se joue une part de notre humanité. Nous sommes acteurs de ce texte. Certes, voici environ 2000 ans que la Passion a eu lieu. Alors pourquoi ce texte a-t-il toujours un tel impact sur nous ?
Il ne s’agit pas d’une émotion de théâtre qui, comme de nombreux spectacles, n’imprime aucune marque en nous. La Passion laisse une trace sur ses auditeurs. Nous sommes plongés dans la scène. Nous sommes invités au dernier repas. Nous voici au Jardin des Oliviers, les psaumes sur les lèvres et au cœur, nous entendons dans la nuit le bruit des armes des Romains et les paroles murmurées par Judas.
Nous assistons, terrifiés comme Pierre, au procès et nous sommes témoins de la lâcheté humaine, de la nôtre en tout premier lieu. Qu’aurais-je dit, qu’aurais-je fait ?… Sans doute rien de plus que les disciples emmurés dans leur terreur. Pourquoi lui ?! Il n’a rien fait ! Mais surtout pas nous, qui ne faisons rien.
Compagnons de silence au pied de la croix.
Le Christ, grand prêtre, donne sa vie en sacrifice, et nous qui chantions sa gloire il y a quelques instants aux portes de Jérusalem, nous voici maintenant seuls. Notre Dieu est mort.
Allons-nous nous rendre devant le tombeau comme les saintes femmes … ?
Allons-nous reprendre le chemin de notre routine … ?
Allons devenir disciples du vivant.


Père Jorge JIMENEZ

ÉDITORIAL du 17 mars 2024 – 5ème dimanche de Carême – année B

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 12, 20-33

« L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié.
Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.
Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle.
Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera.
»


Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci !
Père, glorifie ton nom ! » Alors, du ciel vint une voix qui disait : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore.»

Nous voici au point d’orgue des confidences de Jésus. Son âme est bouleversée. La suite est inéluctable. Le grain de blé va mourir, il n’y a aucun doute. Nous sommes témoins d’un moment unique dans la vie du Christ. Jésus s’abandonne pleinement à la volonté du Père.
Le ministère public de Jésus le préparait à cet instant. Il accepte devant nous de donner sa vie. La gloire de Dieu va se manifester en son Fils. Pour la troisième fois, la voix retentit. Nous ne sommes ni au bord du Jourdain, ni au Tabor mais à Jérusalem, la ville où tout ensemble ne fait qu’un. La voix du Père se manifeste pour nous. Elle vient nous ouvrir un avenir possible. Mais que veut dire « glorification » ?
La mort doit-elle être ce lieu où la gloire va se manifester ?
Comment peut-on accepter que la mort soit la gloire ? À vue humaine, nous sommes devant la plus grande des contradictions. Jamais la mort n’est une victoire, si ce n’est la mort de notre ennemi.
Pour manifester cette victoire, Jésus devra lui aussi passer par la mort.
Cette mort physique redoutable, que nous craignons tous. Cette mort qui marque la fin de la relation humaine et des contacts.
La mort, ce gouffre où nous craignons de nous abîmer pour l’éternité.
Jésus ressent-il ces mêmes angoisses ? Son humanité se manifeste-t-elle par ces mêmes expressions ?…
« Père, sauve-moi de cette heure ». L’humanité du Fils de Dieu ne peut se résoudre à perdre sa vie. Ce combat semble être celui de tout le genre humain.
Le Fils de l’homme élevé de terre attirera à lui tous les hommes. Nous voici devant l’espérance. Si nous allons partager une mort semblable à la sienne, il nous attirera à lui par une vie, elle aussi, semblable à la sienne.
L’espérance ne peut mourir, seule la mort sera vaincue et la gloire de Dieu manifestée. Le prince de ce monde va être jeté dehors, et, avec lui, notre ennemi originel qui prétend régner en despote sur notre humanité.
La vie est notre identité, et les disciples du Christ doivent vivre en vivants.
La gloire de Dieu s’est révélée par le témoignage des fils de lumière.
La ténèbre n’est pas ténèbre devant toi, la nuit comme le jour est lumière.

Père Jorge JIMENEZ

ÉDITORIAL du 10 mars 2024 – 4ème dimanche de Carême – année B – (Laetare)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 3, 14-21

Celui qui croit en lui échappe au Jugement ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.

Nous voici au dimanche de Laetare, dimanche de la joie. Les lectures que l’Église nous donne à méditer connotent bien peu ce que, communément, nous appelons « la Joie » temple détruit, profanation, dispersion, esclavage, exil. La première lecture nous dépeint un tableau peu réjouissant des conditions de vie des Israélites au temps de

Nabuchodonosor. Il nous serait presque facile de reprendre les grands thèmes énoncés et de faire un parallèle avec ce que certains de nos contemporains vivent ou subissent. Les mêmes exactions se retrouvent, il suffit de se déplacer un peu sur le globe terrestre. D’où nous viendra le salut !

Tel est le cri qui pourrait jaillir du fond de ces nuits subies. Dans l’histoire du peuple élu, le même cri a été émis et entendu. Face aux morsures des serpents dans le désert, la santé a été retrouvée lorsqu’ils se sont tournés vers le mât que Moïse brandissait. Lors de la désolation de l’exil, Darius, roi perse, invite les déportés à revenir à Jérusalem.

Le salut nous vient souvent du lieu le plus improbable. Du lieu que nous ne pouvions imaginer. Trop souvent, nous croyons que nous sommes les uniques acteurs et les seuls héros de notre salut. Je peux tout, je fais tout, je suis tout. L’orgueil est notre pire ennemi : il nous retient dans notre plus pure incapacité. Notre salut est dans le nom du Seigneur, lui qui a fait le ciel et la terre. Ce répons nous indique, dans la foi, une vérité spirituelle. Il faut accepter d’accueillir un salut qui n’est pas de nous. Qui n’est pas nous. Dieu veille et entend nos cris, tous les cris. Sa réponse se fait présence, mais il faut avoir l’humilité de nous détacher de notre solution immédiate. Dieu nous sauve par les moyens qui lui sont propres. Voici donc la source de la joie. Elle ne se trouve ni dans notre intelligence, ni dans notre force ou notre technicité. Elle se trouve dans la promesse de Dieu. Notre véritable joie est la promesse. Comme pour Abraham, Moïse et les prophètes, comme pour Marie et tous les saints, la bénédiction de Dieu a été prononcée sur chacun de nous. Je ferai de toi une grande nation, va, conduis mon peuple, tu donneras au monde le Fils du Très-Haut, ne crains pas.

Chacun de nous peut, dans l’intimité de sa prière, retrouver la bénédiction que Dieu a faite sur sa vie. Est-elle difficile à entendre ? Nous surprend-elle ? Sommes-nous dans le désarroi devant cette parole ? Oui, sans aucun doute. Mais Dieu est cette source inépuisable de vie qui, jour après jour, est à nos côtés et nous irradie de son amour et de sa promesse. La joie de notre cœur est dans le nom du Seigneur.

Père Jorge JIMENEZ

ÉDITORIAL du 3 mars 2024 – 3 e dimanche de Carême – année B

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 2, 13-25

Comme la Pâque juive était proche, Jésus monta à Jérusalem. Dans le Temple, il trouva installés les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs.

Peut-on dire qu’il y a une sainte colère ? Jésus, devant les marchands du Temple, s’emporte et détruit les étals. Avait-il tort ou raison ?
Il prive des commerçants de leur outil de travail, mais il fait avant tout respecter la dignité du Temple. Ce faisant, il dénonce également les compromis et compromissions des prêtres et pharisiens en charge de ce lieu saint. Un guide me disait lors d’un pèlerinage en Terre sainte : « Tu sais, ici, c’est simple : tout est compliqué ».
Cette phrase peut parfaitement illustrer notre réaction vis-à-vis de ce que vient de faire le Christ. Mais aussi, d’une façon plus générale, elle illustre les atermoiements de nos vies. Pendant les quarante jours du Carême, nous allons relire notre histoire, et sans aucun doute, nous arrêter sur des moments qui nous ont fait souffrir, ou des moments où nous avons fait souffrir.
Quelle va être notre attitude face à ces événements ? Nous auto-justifier et nous absoudre, ou essayer de comprendre ce qui était en jeu à ce moment-là, et les raisons de cette réaction excessive… Une fois cette démarche accomplie, il ne nous restera plus qu’à vivre une réconciliation, d’abord avec nous-mêmes, puis, si cela est possible, avec nos frères et devant Dieu.
Père Jorge JIMENEZ

ÉDITORIAL du 18 février 2024 – 1er dimanche de Carême – année B

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 1, 12-15

Jésus venait d’être baptisé. Aussitôt l’Esprit pousse Jésus au désert et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient. Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ; il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile.


Il y a huit semaines, nous fêtions la Nativité, et aujourd’hui, au terme de cette huitième semaine, nous voici engagés dans le temps du Carême. Le temps est passé si vite que je suis persuadé que nous sommes tous encore dans la dynamique de Noël. Par conséquent, nous ne savons pas comment aborder ce temps de pénitence qui s’annonce. Nous faut-il vraiment passer du rire aux larmes ?
L’Evangile que l’Eglise nous donne en saint Marc cette année est à l’unisson de nos interrogations. D’ailleurs, il n’y a pas de long discours, rien n’est dit sur les tentations, nous n’avons qu’une simple mention de la durée.
Nous notons cependant que quelques éléments vont pouvoir nous accompagner. Tout d’abord la durée des quarante jours. Nous commençons à savoir reconnaître les chiffres symboliques et là, nous reconnaissons le chiffre de l’homme : le quatre. Les quatre éléments, les quatre points cardinaux, les quatre âges de la vie. Nous comprenons qu’il s’agit de l’humanité de Jésus qui est en question, le multiple dix indique la longueur du temps. En un mot, il s’agit d’un temps long où Jésus va devoir faire face, dans son humanité, aux éléments qui l’entourent.

Cela nous renvoie à notre propre humanité. Comme pour Jésus, il n’y a pas d’autre endroit où nous soyons sollicités. Le diviseur est présent, Satan préside à ce temps où les éléments vont se déchaîner contre Jésus, il y a même des bêtes sauvages. Mais Jésus, bien que seul physiquement, ne l’est pas : les anges le servent. Jésus est en présence de Dieu et les anges sont la manifestation de cette proximité.


Que pouvons-nous retenir de cet évangile ? Les quarante jours sont pour nous cette occasion de ressaisir notre humanité et notre rapport au monde. Nous sommes sollicités de tous côtés, nous sommes entraînés dans une course folle. Où est notre priorité ? Je ne vous cacherai pas que les quarante jours vont passer comme le temps qui nous sépare de Noël, sans que nous nous en rendions compte. Si c’est le cas, je serais tenté de dire que nous n’avons pas été attentifs à ce que nous vivions.


Les quatre éléments peuvent représenter notre rapport au monde, aux richesses, à la nature et, bien sûr, au temps. Que faisons-nous de celui-ci ? Est-il une chance ou une contrainte ? Avons-nous décidé de nous laisser du temps ? Du temps pour Dieu, et du temps pour la rencontre du visage de Dieu dans celui de nos frères. Le tentateur est présent. Comme nous l’avons déjà expérimenté, il va tout mettre en oeuvre pour nous occuper, pour nous détourner de notre projet de rencontre.


Au terme de ce temps de Carême, il n’y aura qu’une seule chose qui devra s’imposer à nous : le Témoignage. Nous aurons eu quarante jours pour creuser le désir de Dieu dans nos vies : il faudra bien, à un moment ou à un autre, faire comme Jésus et sortir proclamer que le règne de Dieu est tout proche, car nous en aurons fait l’expérience.


Père Jorge JIMENEZ

ÉDITORIAL du 11 février 2024 – 6e dimanche du Temps Ordinaire – année B

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 1, 40-45

Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui.

Confidentiel grande diffusion. Nous voici devant un exemple typique de guérison, comme l’évangile en relate de nombreuses. Rien d’extraordinaire : une parole, un geste. Le salut est à l’oeuvre. La lèpre, nous le savons maintenant, est considérée comme le signe visible d’une désobéissance. Le lépreux doit se montrer au prêtre pour être réintégré dans la communauté. Jésus ne lui demande rien d’autre que d’obéir à la loi de Moïse. Ce faisant, Jésus manifeste qu’une puissance de salut est à l’oeuvre. Rien d’autre, mais rien de moins. La consigne donnée au lépreux de se taire participe à cette annonce du salut. Un salut efficace et discret. Un salut à l’oeuvre dans le coeur des hommes. Rien d’ostentatoire, mais devant être proclamé par les autorités religieuses du temps. Si le lépreux est guéri, cela signifie que le péché lui est remis. Seul le prêtre peut manifester la remise des péchés. Le lépreux est guéri, il sait que le Seigneur Jésus a agi en lui et pour lui. Il sait que le salut vient par ce Jésus qui agit de manière puissante. Le lépreux proclame sa guérison et indique la source du salut. Ce qui devrait être une reconnaissance envers Jésus devient un frein. Il n’est pas un guérisseur : ses guérisons sont le signe du Royaume inauguré. Le salut s’est manifesté, non et la guérison est arrivée. Faire de Jésus un thaumaturge, c’est le réduire à un médecin peu conventionnel. Le silence est de mise. La seule parole qui reconnaisse la rémission des péchés est celle du prêtre et celle-ci est confisquée par l’exubérante proclamation du lépreux guéri. Cet évangile n’est-il pas d’une étrange actualité ? Parfois nous prêtons plus d’attention à celui qui témoigne qu’au contenu du témoignage. Le cri « Je suis guéri ! » vient masquer la profession de foi « Le Christ m’a guéri ».
L’arbre cache la forêt et les manifestations trop excentriques nous détournent de la véritable source du salut. Je donne quelques exemples qui ne veulent stigmatiser personne, mais qui peuvent être signes d’une profonde confusion : Les confessions de tel prêtre qui oublie que c’est Dieu qui pardonne. Les prédications de tel autre qui néglige d’annoncer les mystères de Dieu. Les soirées de prières et de louange qui deviennent des concerts, à la gloire des artistes. Les campagnes d’évangélisation qui ont pour objectif de remplir les églises, et non les coeurs. Les témoignages qui séduisent, au lieu d’orienter le regard sur le Christ. Habillons-nous de simplicité et d’humilité. Seul Dieu sauve et nous sommes des serviteurs quelconques.
Père Jorge JIMENEZ

Editorial du dimanche 4 février 2024 – 5° dimanche du temps Ordinaire année B

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 1,29-39

Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche. Ils le trouvent et lui
disent : « Tout le monde te cherche. » Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les
villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je
suis sorti. »


Et il parcourut toute la Galilée, proclamant l’Évangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons. Jésus le guérisseur. Après avoir expulsé un démon, le voici à l’œuvre avec la belle-mère de Pierre. Il la guérit en douceur, avec tendresse, en la prenant simplement par la main. Rien de magique, pas de parole
abracadabrantesque. Il la fait se lever et la fièvre la quitte. La fièvre n’a pas de place dans cette relation entre Jésus et l’humanité que représente la belle-mère.
À cette époque les rabbins considéraient les maladies non pas comme les symptômes d’un dérèglement, mais comme signe d’une rupture et d’un châtiment. Là il s’agit de la marque d’une infidélité, comme dans le livre de lévitique 26,16, l’infidélité du peuple à son Dieu. Avec tendresse et douceur Jésus vient rencontrer l’humanité et lui renouer ce lien rompu. La belle-mère se lève et les sert, il n’y a pas de rupture, tout rentre de nouveau dans l’ordre. Chacun est à sa place.
L’humanité sert Dieu et Dieu veille sur sa création. La nouvelle de la guérison se répand comme une véritable trainée de poudre. La parole de Jésus est agissante et il remet toute chose en ordre. La ville se presse pour être remise en état. Exit les démons, chacun retrouve sa juste place dans la société. Cela pourrait durer indéfiniment tant il y a de démons à expulser et de personnes à remettre en état.
Mais Jésus n’est pas un guérisseur. Jésus accomplit l’œuvre du père et c’est auprès du père que les disciples le trouvent. C’est au cœur de la nuit que Jésus est allé trouver le Père. Il est allé le rencontrer au cœur des ténèbres humaines. Ils veulent user de son pouvoir de guérisseur, mais c’est pour annoncer le royaume que Jésus est sorti. Nous nous trompons souvent sur Jésus, comme le peuple qui le cherche.


Pourquoi cherchons-nous Jésus et quelle est notre demande ? Seigneur guérit nous ! Seigneur-sauve nous ! De quoi, de qui ? Jésus annonce l’évangile du Royaume, un autre mode de vie est possible. Nous pouvions choisir autre chose qu’une vie bornée et limitée à la satisfaction immédiate de nos désirs. Jésus vient nous sauver, bien trop souvent de nous-mêmes en expulsant nos démons, notre manière de nous complaire dans la médiocrité, de notre incapacité à ouvrir nos mains et notre cœur. C’est pour cela que je suis sorti du cœur du Père pour vous rencontrer dans le secret de votre cœur.


Jorge JIMENEZ

ÉDITORIAL du 28 janvier 2024 – 4 eme dimanche du Temps Ordinaire – année B

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 1, 21-28

Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit impur, qui se mit à crier : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. » Jésus l’interpella vivement : « Tais-toi ! Sors de cet homme. » L’esprit impur le fit entrer en convulsions, puis, poussant un grand cri, sortit de lui.

Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité !
Les prédicateurs n’ont qu’à en prendre de la graine. Est-ce qu’une parole peut changer le cours d’une vie?

Personnellement, j’en suis persuadé, et vous peut-être aussi.

Je vous invite pendant quelques minutes à faire cet exercice. Fermez les yeux et repensez à votre histoire, et aux milliards de mots que vous avez entendus le long de vos années. Il y a des paroles d’informations, des ordres, des conversations pour passer le temps, et au cœur de tout cela, il y a quelques paroles qui vous ont transformé et qui ont changé le cours de votre vie.
Il y a, bien sûr, ces paroles fondatrices, ce « je t’aime » qui vous émeut encore quand il revient à votre mémoire et qui a été le point de départ de votre vie de couple. Il y a ce premier « papa » ou « maman » qui vous a tiré des larmes de joie et de fierté. Il y a cette conversation qui a décidé de votre orientation professionnelle ou vocationnelle. Et, un jour, il y a eu cette parole de Dieu entendue au plus profond de votre cœur qui vous a fait devenir chrétien. Il faut cette expérience fondatrice pour passer du chrétien de
surface à l’engagement d’une vie.
Cet esprit impur entend la parole de Jésus. Il ne peut plus être celui qui possède l’homme. L’esprit impur est expulsé par la volonté de Dieu. Il ne peut y avoir de cœur divisé devant le Seigneur. Jésus est venu pour notre libération et notre unité. Ce qui nous divise doit être chassé avec force de notre vie. Bien évidemment, nous avons tous une propension au péché. Il y a des attitudes, des paroles, des choix qui nous entraînent loin de la source de la vie et de l’amour qu’est le Christ. Jésus nous a donné sa Parole
comme bouclier et comme force pour le combat. Le combat est toujours difficile, le possédé entre en convulsions. Nous faisons une expérience similaire quand nous voulons chasser de nos vies cette inclination au mal. Ce combat entraîne des soubresauts et des tergiversations : nous voulons tout à la fois nous libérer et nous convertir, et nous ne le voulons pas… La Parole de Dieu est toujours une parole nouvelle qui doit nous aider à avancer vers le Seigneur et à habiller notre cœur d’une louange ininterrompue.
L’enseignement donné avec autorité est cet enseignement qui nous permet de devenir davantage disciple de celui qui nous aime et qui nous équipe pour la bataille, parfois contre un esprit impur, mais aussi parfois contre nous-mêmes. La Parole de Dieu n’est pas une parole humaine, mais elle est aujourd’hui portée par des hommes et des femmes, par des corps de chair qui forment l’Église.

Cette Église qui est la volonté de Dieu et qui a les paroles de la vie éternelle.

Père Jorge JIMENEZ

Editorial du 21 janvier 2024 – 3e dimanche du Temps Ordinaire – année B

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 1, 14-20

Passant le long de la mer de Galilée, Jésus vit Simon et André, le frère de Simon, en train de jeter les filets dans la mer, car c’étaient des pêcheurs.

L’Église nous donne à méditer une nouvelle version de l’appel des disciples. L’appel fait partie de l’ADN de l’Église. Jésus ne cesse d’appeler, bien sûr, pour former son groupe d’apôtres. Mais plus certainement parce qu’un homme seul, hier comme aujourd’hui, est un homme perdu.
Simon, André, Jacques et Jean nous sont présentés dans leur activité habituelle. Ce sont des pêcheurs, ils travaillent au bord du lac, ils pêchent ou réparent leurs filets. Une activité bien naturelle, en somme. Rien d’extraordinaire en cette journée, si ce n’est que Jésus les appelle. Sa prédication est simple, elle reprend celle du Baptiste : « convertissez-vous ».
Mais alors pourquoi répondre à cet appel ? Qu’a donc la parole de Jésus pour qu’elle leur fasse tout quitter ? y compris leur père. Il y a un ajout aux paroles de Jean, qui passe de nos jours inaperçu, le « croyez à l’évangile ». Croyez à la Bonne Nouvelle. C’est cette bonne nouvelle qui suscite l’adhésion des premiers disciples. Quelle est cette bonne nouvelle ? Ou plutôt, qui est cette bonne nouvelle ?
C’est Jésus lui-même qui passe dans nos vies.
Suivre Jésus suppose une radicalité de choix. L’amour de Dieu ne fait pas nombre avec l’amour humain. On peut aimer pleinement son époux, son épouse et ses enfants tout en aimant Dieu d’un amour véridique. La suite de Jésus, la Sequela Christi, implique quant à elle un engagement de tout son être. Qui va se traduire par une imitation du Christ.
Je le suis, je désire mettre mes pas dans ses pas, ma vie dans ses mains. Devenir pour ainsi dire un autre Christ, un « Alter Christus », comme l’écrit le Bienheureux Antoine Chevrier aux prêtres du Prado, sa fondation à Lyon.
Les disciples-pêcheurs du lac de Tibériade vont faire cette expérience du don total de leur vie entre les mains de celui qui est Bonne Nouvelle. Jésus est l’Évangile en actes et sa prédication est le programme de vie qu’il propose.
Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. Qu’attendez-vous de plus, quelle est votre espérance, les temps sont achevés, Dieu est à vos côtés. Il est venu inaugurer un nouveau règne où les relations sont transformées, où il n’y a plus de soumission ni d’oppression. Cet inconnu auprès de toi est ton frère. Veux-tu vivre cela, crois-tu cela possible ? Si oui, change de vie, change de regard, change de valeurs et suis-moi.
Cet appel du Christ dans cette radicalité n’est pas réservé aux disciples du bord du lac de Génésareth. Des hommes et des femmes de tous temps ont senti cet appel à tout quitter pour le suivre.
Aujourd’hui encore et toujours le Christ appelle, par son Église, à le suivre en nous mettant au service de l’humanité. L’appel est d’une éternelle actualité : sans notre réponse généreuse, nous risquons de laisser des hommes et des femmes de notre temps seuls et sans réponses à leurs véritables questions. Acceptons d’entendre cet appel et de devenir nous aussi des disciples appelant.
Père Jorge JIMENEZ
Paroisse de l’Esprit saint des Portes de Lyon
espritsaintdesportesdelyon@gmail.com
DOMMARTIN – LA TOUR DE SALVAGNY – LENTILLY

ÉDITORIAL du 14 janvier 2024 – 2e dimanche du Temps Ordinaire – année B

Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 1, 35-42

Les deux disciples entendirent ce qu’il disait, et ils suivirent Jésus. Se retournant, Jésus vit qu’ils le suivaient, et leur dit : « Que cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Rabbi – ce qui veut dire : Maître –, où demeures-tu ? » Il leur dit : « Venez, et vous verrez. » Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. Quelle pourrait être notre réponse à la même question de Jésus adressée aux disciples
de Jean : « Que cherches-tu ? ».

Auteur : Marko Rupnik, s.j., mosaïque, Centre Aletti, Rome


Sans doute qu’en ce début d’année, notre liste serait aussi longue que celle d’un enfant qui écrirait au père Noël. Le « que cherches-tu ? » devient un « que veux-tu ? ». La question du vouloir est facile à traiter. Paix, justice, amour, santé, travail, patience et mille autres demandes que nous égrenons bien volontiers en formulant nos vœux en ces premiers jours de l’année civile. Des vœux qui expriment notre bienveillance.


La demande du « que cherches-tu » est bien plus délicate. Elle nous implique et suppose que nous soyons dans une véritable dynamique qui nous engage. Il faut que tu cherches, cela ne viendra pas sans rien faire. Finalement, cherches-tu vraiment ou attends-tu « que ça se passe » ? Que pourrions-nous chercher qui intéresse Jésus au point de lui faire modifier sa journée ? La seule chose qui puisse arrêter Jésus est de trouver des chercheurs de sens, des chercheurs de vie. « Quelle vie veux-tu vivre ? » entendons-nous à présent.
Une vie pleine, et non pas une vie en creux. Une vie qui s’épanouit de jour en jour, qui dilate notre cœur et ouvre nos mains. Une vie d’amour et de don. En un mot, une vie comme la tienne, Jésus.
Alors la question des disciples devient « quel est ton lieu, d’où nous parles-tu ? » Notre vie s’en trouve bouleversée. Jean-Baptiste te nomme « l’agneau de Dieu ». Nous ne comprenons pas cette appellation. Nous te suivons pour comprendre et tu nous interpelles. Que vis-tu ? Nous voulons partager ta vie.
Venez, et vous verrez. Quelle réponse désarmante ! Jésus ne donne pas de recette. Il invite au partage. « Venez partager ma vie. » Nul doute que ce partage commence par un long moment de discussion.
« Venez, venez là où je demeure, et vous découvrirez que ce n’est ni dans une maison de pierre ni sous une toile de tente. Vous découvrirez que je demeure dans le cœur du Père, dans le cœur de Dieu et dans votre cœur.
Chaque fois que vous accepterez de vous risquer à vivre, je serai là. » Jésus invite ses disciples à faire cette expérience d’une vie en plénitude.
Cette expérience les renforce et les stimule, au point qu’ils deviennent témoins et missionnaires, qu’ils acceptent de s’y risquer.
La vie se manifeste, il ne faut pas la laisser se perdre. Il y a une obligation, il faut maintenant aller chercher celui qui cherche. De suiveurs ils deviennent disciples.
Dans cet évangile, André, Jésus et Pierre sont nommés, mais il y a l’autre disciple dont le nom est resté dans le cœur de l’évangéliste.


Pourrait-il être notre nom ?


Père Jorge JIMENEZ

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