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Editorial du dimanche 4 février 2024 – 5° dimanche du temps Ordinaire année B

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 1,29-39

Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche. Ils le trouvent et lui
disent : « Tout le monde te cherche. » Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les
villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je
suis sorti. »


Et il parcourut toute la Galilée, proclamant l’Évangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons. Jésus le guérisseur. Après avoir expulsé un démon, le voici à l’œuvre avec la belle-mère de Pierre. Il la guérit en douceur, avec tendresse, en la prenant simplement par la main. Rien de magique, pas de parole
abracadabrantesque. Il la fait se lever et la fièvre la quitte. La fièvre n’a pas de place dans cette relation entre Jésus et l’humanité que représente la belle-mère.
À cette époque les rabbins considéraient les maladies non pas comme les symptômes d’un dérèglement, mais comme signe d’une rupture et d’un châtiment. Là il s’agit de la marque d’une infidélité, comme dans le livre de lévitique 26,16, l’infidélité du peuple à son Dieu. Avec tendresse et douceur Jésus vient rencontrer l’humanité et lui renouer ce lien rompu. La belle-mère se lève et les sert, il n’y a pas de rupture, tout rentre de nouveau dans l’ordre. Chacun est à sa place.
L’humanité sert Dieu et Dieu veille sur sa création. La nouvelle de la guérison se répand comme une véritable trainée de poudre. La parole de Jésus est agissante et il remet toute chose en ordre. La ville se presse pour être remise en état. Exit les démons, chacun retrouve sa juste place dans la société. Cela pourrait durer indéfiniment tant il y a de démons à expulser et de personnes à remettre en état.
Mais Jésus n’est pas un guérisseur. Jésus accomplit l’œuvre du père et c’est auprès du père que les disciples le trouvent. C’est au cœur de la nuit que Jésus est allé trouver le Père. Il est allé le rencontrer au cœur des ténèbres humaines. Ils veulent user de son pouvoir de guérisseur, mais c’est pour annoncer le royaume que Jésus est sorti. Nous nous trompons souvent sur Jésus, comme le peuple qui le cherche.


Pourquoi cherchons-nous Jésus et quelle est notre demande ? Seigneur guérit nous ! Seigneur-sauve nous ! De quoi, de qui ? Jésus annonce l’évangile du Royaume, un autre mode de vie est possible. Nous pouvions choisir autre chose qu’une vie bornée et limitée à la satisfaction immédiate de nos désirs. Jésus vient nous sauver, bien trop souvent de nous-mêmes en expulsant nos démons, notre manière de nous complaire dans la médiocrité, de notre incapacité à ouvrir nos mains et notre cœur. C’est pour cela que je suis sorti du cœur du Père pour vous rencontrer dans le secret de votre cœur.


Jorge JIMENEZ

ÉDITORIAL du 28 janvier 2024 – 4 eme dimanche du Temps Ordinaire – année B

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 1, 21-28

Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit impur, qui se mit à crier : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. » Jésus l’interpella vivement : « Tais-toi ! Sors de cet homme. » L’esprit impur le fit entrer en convulsions, puis, poussant un grand cri, sortit de lui.

Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité !
Les prédicateurs n’ont qu’à en prendre de la graine. Est-ce qu’une parole peut changer le cours d’une vie?

Personnellement, j’en suis persuadé, et vous peut-être aussi.

Je vous invite pendant quelques minutes à faire cet exercice. Fermez les yeux et repensez à votre histoire, et aux milliards de mots que vous avez entendus le long de vos années. Il y a des paroles d’informations, des ordres, des conversations pour passer le temps, et au cœur de tout cela, il y a quelques paroles qui vous ont transformé et qui ont changé le cours de votre vie.
Il y a, bien sûr, ces paroles fondatrices, ce « je t’aime » qui vous émeut encore quand il revient à votre mémoire et qui a été le point de départ de votre vie de couple. Il y a ce premier « papa » ou « maman » qui vous a tiré des larmes de joie et de fierté. Il y a cette conversation qui a décidé de votre orientation professionnelle ou vocationnelle. Et, un jour, il y a eu cette parole de Dieu entendue au plus profond de votre cœur qui vous a fait devenir chrétien. Il faut cette expérience fondatrice pour passer du chrétien de
surface à l’engagement d’une vie.
Cet esprit impur entend la parole de Jésus. Il ne peut plus être celui qui possède l’homme. L’esprit impur est expulsé par la volonté de Dieu. Il ne peut y avoir de cœur divisé devant le Seigneur. Jésus est venu pour notre libération et notre unité. Ce qui nous divise doit être chassé avec force de notre vie. Bien évidemment, nous avons tous une propension au péché. Il y a des attitudes, des paroles, des choix qui nous entraînent loin de la source de la vie et de l’amour qu’est le Christ. Jésus nous a donné sa Parole
comme bouclier et comme force pour le combat. Le combat est toujours difficile, le possédé entre en convulsions. Nous faisons une expérience similaire quand nous voulons chasser de nos vies cette inclination au mal. Ce combat entraîne des soubresauts et des tergiversations : nous voulons tout à la fois nous libérer et nous convertir, et nous ne le voulons pas… La Parole de Dieu est toujours une parole nouvelle qui doit nous aider à avancer vers le Seigneur et à habiller notre cœur d’une louange ininterrompue.
L’enseignement donné avec autorité est cet enseignement qui nous permet de devenir davantage disciple de celui qui nous aime et qui nous équipe pour la bataille, parfois contre un esprit impur, mais aussi parfois contre nous-mêmes. La Parole de Dieu n’est pas une parole humaine, mais elle est aujourd’hui portée par des hommes et des femmes, par des corps de chair qui forment l’Église.

Cette Église qui est la volonté de Dieu et qui a les paroles de la vie éternelle.

Père Jorge JIMENEZ

Editorial du 21 janvier 2024 – 3e dimanche du Temps Ordinaire – année B

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 1, 14-20

Passant le long de la mer de Galilée, Jésus vit Simon et André, le frère de Simon, en train de jeter les filets dans la mer, car c’étaient des pêcheurs.

L’Église nous donne à méditer une nouvelle version de l’appel des disciples. L’appel fait partie de l’ADN de l’Église. Jésus ne cesse d’appeler, bien sûr, pour former son groupe d’apôtres. Mais plus certainement parce qu’un homme seul, hier comme aujourd’hui, est un homme perdu.
Simon, André, Jacques et Jean nous sont présentés dans leur activité habituelle. Ce sont des pêcheurs, ils travaillent au bord du lac, ils pêchent ou réparent leurs filets. Une activité bien naturelle, en somme. Rien d’extraordinaire en cette journée, si ce n’est que Jésus les appelle. Sa prédication est simple, elle reprend celle du Baptiste : « convertissez-vous ».
Mais alors pourquoi répondre à cet appel ? Qu’a donc la parole de Jésus pour qu’elle leur fasse tout quitter ? y compris leur père. Il y a un ajout aux paroles de Jean, qui passe de nos jours inaperçu, le « croyez à l’évangile ». Croyez à la Bonne Nouvelle. C’est cette bonne nouvelle qui suscite l’adhésion des premiers disciples. Quelle est cette bonne nouvelle ? Ou plutôt, qui est cette bonne nouvelle ?
C’est Jésus lui-même qui passe dans nos vies.
Suivre Jésus suppose une radicalité de choix. L’amour de Dieu ne fait pas nombre avec l’amour humain. On peut aimer pleinement son époux, son épouse et ses enfants tout en aimant Dieu d’un amour véridique. La suite de Jésus, la Sequela Christi, implique quant à elle un engagement de tout son être. Qui va se traduire par une imitation du Christ.
Je le suis, je désire mettre mes pas dans ses pas, ma vie dans ses mains. Devenir pour ainsi dire un autre Christ, un « Alter Christus », comme l’écrit le Bienheureux Antoine Chevrier aux prêtres du Prado, sa fondation à Lyon.
Les disciples-pêcheurs du lac de Tibériade vont faire cette expérience du don total de leur vie entre les mains de celui qui est Bonne Nouvelle. Jésus est l’Évangile en actes et sa prédication est le programme de vie qu’il propose.
Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. Qu’attendez-vous de plus, quelle est votre espérance, les temps sont achevés, Dieu est à vos côtés. Il est venu inaugurer un nouveau règne où les relations sont transformées, où il n’y a plus de soumission ni d’oppression. Cet inconnu auprès de toi est ton frère. Veux-tu vivre cela, crois-tu cela possible ? Si oui, change de vie, change de regard, change de valeurs et suis-moi.
Cet appel du Christ dans cette radicalité n’est pas réservé aux disciples du bord du lac de Génésareth. Des hommes et des femmes de tous temps ont senti cet appel à tout quitter pour le suivre.
Aujourd’hui encore et toujours le Christ appelle, par son Église, à le suivre en nous mettant au service de l’humanité. L’appel est d’une éternelle actualité : sans notre réponse généreuse, nous risquons de laisser des hommes et des femmes de notre temps seuls et sans réponses à leurs véritables questions. Acceptons d’entendre cet appel et de devenir nous aussi des disciples appelant.
Père Jorge JIMENEZ
Paroisse de l’Esprit saint des Portes de Lyon
espritsaintdesportesdelyon@gmail.com
DOMMARTIN – LA TOUR DE SALVAGNY – LENTILLY

ÉDITORIAL du 14 janvier 2024 – 2e dimanche du Temps Ordinaire – année B

Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 1, 35-42

Les deux disciples entendirent ce qu’il disait, et ils suivirent Jésus. Se retournant, Jésus vit qu’ils le suivaient, et leur dit : « Que cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Rabbi – ce qui veut dire : Maître –, où demeures-tu ? » Il leur dit : « Venez, et vous verrez. » Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. Quelle pourrait être notre réponse à la même question de Jésus adressée aux disciples
de Jean : « Que cherches-tu ? ».

Auteur : Marko Rupnik, s.j., mosaïque, Centre Aletti, Rome


Sans doute qu’en ce début d’année, notre liste serait aussi longue que celle d’un enfant qui écrirait au père Noël. Le « que cherches-tu ? » devient un « que veux-tu ? ». La question du vouloir est facile à traiter. Paix, justice, amour, santé, travail, patience et mille autres demandes que nous égrenons bien volontiers en formulant nos vœux en ces premiers jours de l’année civile. Des vœux qui expriment notre bienveillance.


La demande du « que cherches-tu » est bien plus délicate. Elle nous implique et suppose que nous soyons dans une véritable dynamique qui nous engage. Il faut que tu cherches, cela ne viendra pas sans rien faire. Finalement, cherches-tu vraiment ou attends-tu « que ça se passe » ? Que pourrions-nous chercher qui intéresse Jésus au point de lui faire modifier sa journée ? La seule chose qui puisse arrêter Jésus est de trouver des chercheurs de sens, des chercheurs de vie. « Quelle vie veux-tu vivre ? » entendons-nous à présent.
Une vie pleine, et non pas une vie en creux. Une vie qui s’épanouit de jour en jour, qui dilate notre cœur et ouvre nos mains. Une vie d’amour et de don. En un mot, une vie comme la tienne, Jésus.
Alors la question des disciples devient « quel est ton lieu, d’où nous parles-tu ? » Notre vie s’en trouve bouleversée. Jean-Baptiste te nomme « l’agneau de Dieu ». Nous ne comprenons pas cette appellation. Nous te suivons pour comprendre et tu nous interpelles. Que vis-tu ? Nous voulons partager ta vie.
Venez, et vous verrez. Quelle réponse désarmante ! Jésus ne donne pas de recette. Il invite au partage. « Venez partager ma vie. » Nul doute que ce partage commence par un long moment de discussion.
« Venez, venez là où je demeure, et vous découvrirez que ce n’est ni dans une maison de pierre ni sous une toile de tente. Vous découvrirez que je demeure dans le cœur du Père, dans le cœur de Dieu et dans votre cœur.
Chaque fois que vous accepterez de vous risquer à vivre, je serai là. » Jésus invite ses disciples à faire cette expérience d’une vie en plénitude.
Cette expérience les renforce et les stimule, au point qu’ils deviennent témoins et missionnaires, qu’ils acceptent de s’y risquer.
La vie se manifeste, il ne faut pas la laisser se perdre. Il y a une obligation, il faut maintenant aller chercher celui qui cherche. De suiveurs ils deviennent disciples.
Dans cet évangile, André, Jésus et Pierre sont nommés, mais il y a l’autre disciple dont le nom est resté dans le cœur de l’évangéliste.


Pourrait-il être notre nom ?


Père Jorge JIMENEZ

ÉDITORIAL du 7 janvier 2024 – Épiphanie du Seigneur

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 2, 1-12

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui.


La semaine dernière, l’Église nous invitait à fêter la sainte Famille, avec le cantique de Syméon « car mes yeux ont vu le salut » et la prophétesse Anne qui n’arrêtait pas de chanter les louanges du Seigneur. Nous avons sans doute également veillé toute la nuit et chanté, mais pour d’autres raisons. Aujourd’hui, nous sommes arrivés à Bethléem en Judée avec les rois venus d’Orient. Ils ont suivi l’étoile. Ils se sont sans doute arrêtés à maintes reprises au cours de leur voyage. Le GPS de l’étoile n’étant pas le plus précis, leur dernier arrêt s’est fait auprès d’Hérode le Grand. Hérode est ce roi qui pour l’heure tient Rome en respect, tout en essayant de tenir son royaume. Hérode n’a qu’une peur, celle d’un soulèvement qui le renverserait.
Voici que des étrangers viennent le trouver pour lui demander où se trouve le roi des juifs. Nous imaginons la surprise et même la stupeur d’Hérode. Il y a donc un roi légitime qui vient de naître ! Il y a donc une autre personne qui pourrait fomenter une rébellion et le renverser ? Il faut à tout prix éliminer le gêneur. Jésus ne sait pas encore marcher qu’il est déjà menacé. De la crèche à la croix, la vie de Jésus est sous le signe de la mort programmée. Les mages le trouvent, lui offrent les insignes de sa dignité et s’en vont. Or, myrrhe et encens. Royauté, humanité et divinité sont reconnues par eux.
La parole éternelle est parvenue jusqu’en orient. En scrutant les astres, ces savants ont reconnu les signes des temps et ont tout quitté pour rendre hommage à Jésus. Nous venons de vivre en quelques jours deux temps très différents. La Nativité d’une part et la fin de l’année de l’autre. L’une est éminemment spirituelle et l’autre singulièrement humaine. Mais doit-on séparer l’humain et le spirituel de cette manière ? Certes, les deux ont des champs d’action différents mais l’une et l’autre ont le même objet : l’homme. Nous sommes des êtres spirituels. En scrutant notre humanité, nous pouvons trouver des traces de Dieu et en méditant sur Dieu nous y découvrons le visage et l’agir de l’homme.
Les mages venus d’Orient ont fait une œuvre humaine, une œuvre de savant, et ils sont allés jusqu’à Bethléem pour vénérer le Fils de Dieu fait homme.
À notre tour de trouver dans tout ce qui est humain la trace de Dieu. Mais aussi en
méditant sur Dieu, nous devons être renvoyés à nos frères en humanité. L’un et l’autre sont inséparables. Que cette année soit riche de rencontres et d’expériences qui feront chaque jour de nous un peu plus des hommes et des femmes à l’image et à la ressemblance de Dieu.

Bonne Année 2024 !

Père Jorge JIMENEZ

ÉDITORIAL du 24 décembre 2023 – 4e dimanche de l’Avent – année B

Ecoutez l’homélie du Quatrième dimanche de l’Avent du Père Jorge Jimenez

Ecoutez l’homélie de la Veillée de Noël du Père Jorge Jimenez

Évangile de Jésus-Christ selon Saint Luc, 1, 26-38

L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »

Nous allons vivre une expérience théologique tout à fait remarquable, ce 24 décembre. C’est le fameux « déjà là et pas encore ». Dimanche, c’est déjà Noël, mais pas encore. Ce matin, nous sommes réunis pour la messe du quatrième dimanche de l’Avent et dans quelques heures, nous allons chanter les premiers cantiques de la Nativité. Ce matin, nous méditons l’évangile de l’Annonciation et dans quelques heures, c’est celui de la naissance qui sera commenté.

Tout concourt à une ellipse, à un « déjà là et pas encore ». Il y a une contraction du temps que nous sentons aujourd’hui bien plus que les années précédentes. Le « déjà là s’exprime par le récit de la naissance qui a déjà résonné dans les églises le 8 décembre et que nous retrouvons ce matin. L’Église nous fait lire la conception virginale de Jésus. Marie, vierge et mère, préservée du péché originel par une grâce émanant de la mort de son Fils. Marie, Mère du Christ et mère de l’Église, est la seule mère qui conserve sa virginité. Elle devient même doublement mère. Elle reçoit non seulement de porter en elle le Fils de Dieu, mais elle recevra aussi la maternité de l’Église, et celle de chacun de ses membres. Marie va nous offrir ce soir le Sauveur du monde, le prince de la Paix. Cette paix que nous croyons connaître et qui, en fait, est si malmenée à quelques heures d’avion de nos réveillons. La paix qui est déjà là et pas encore là. La liturgie de ce soir nous fera entendre le bruit des bottes dans la nuit et voir le sourire de l’Enfant dans la mangeoire. Un autre contraste, une autre réalité que nous pourrions aussi côtoyer.

La vierge devient mère, l’enfant est posé au cœur d’un monde qui ne sait pas qui il est. Ce « il » est double, lui aussi. Qui est cet enfant Jésus que le monde voudra éliminer et quel est ce monde que le Christ vient sauver ? C’est l’ellipse de la mangeoire.

Nous serons quelques-uns, ce 24 décembre, à vivre les deux liturgies. Il nous est demandé d’accueillir ces ellipses en gardant la tête froide. Ce soir de Noël sera à nul autre pareil, car ce soir, et uniquement ce soir, le Christ va emprunter le chemin de l’humanité pour la conduire à son plein accomplissement. Là se trouve la seule vraie théologie de ce soir. Avec Marie, nous avons la figure de l’humanité accomplie. En ayant vécu la joie de la maternité et le deuil de son fils unique, en pleine conscience, elle est la seule à offrir sans cesse, et à chacun de nous, son amour et sa foi.

À notre tour, dans ce monde désorienté, nous devons pouvoir offrir l’espérance d’un autre monde possible. Ce soir, beaucoup vont nous rejoindre dans les églises sans savoir très bien pourquoi il faut se retrouver dans une église la nuit de Noël. À nous de leur offrir la réponse de l’Amour de Dieu pour eux, car ils le cherchent et désirent vivre en vérité. Offrons-leur cette expérience de Dieu, cette expérience théologique.

Joyeux Noël !

Père Jorge JIMENEZ

ÉDITORIAL du 17 décembre 2023 – 3e dimanche de l’Avent – année B

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 1, 6-8.19-28

Ils lui posèrent encore cette question : « Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le Prophète ? » Jean leur répondit : « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale. » Cela s’est passé à Béthanie, de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où Jean baptisait.


Nous voici avec Jean de l’autre côté du Jourdain. Nous sommes spectateurs d’un interrogatoire en règle. Mais que veulent ces prêtres et ces lévites ? Pourquoi aller près de Jean pour lui demander qui il est ? Jean représenterait-il une menace pour l’ordre établi ?
La question est simple et pourtant si compliquée : Qui es-tu ? Que pourrions-nous répondre si elle nous était posée… Il est simple de décliner son identité, de se situer dans une famille, dans le monde professionnel, mais comment répondre en vérité à une question qui nous demande de donner le sens de notre vie ?

Le « qui es-tu » trouve trop facilement une réponse dans le « que fais-tu ». Jean ne choisit pas cette facilité, mais il nous dit qui il n’est pas. La réponse de Jean est celle de l’humilité incarnée. Il n’est pas le grand prophète Elie qui, de ses mains nues, a vaincu les faux prophètes de Baal. Elie est ainsi devenu le héraut de la vérité. Il n’est pas non plus le prophète annoncé par les Écritures, il n’est pas le rameau de Jessé, celui qui doit venir libérer le peuple de la corruption et lui rendre l’espérance. Il n’est pas le nouveau David qui doit unifier le peuple et vaincre l’occupant de manière définitive.


« Qui es-tu ? » Jean doit répondre à cette question. Sa réponse se fait témoignage. Lui, qui n’est ni la lumière, ni le messie, doit préparer ses détracteurs à la rencontre de celui qui est la véritable lumière et le messie attendu.
« Je suis la voix qui crie dans le désert, je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales.
Celui que vous cherchez se tient au milieu de vous
».
Le témoignage est complet. Jean ne s’attarde pas sur lui-même, il n’est pas important, il n’est qu’une voix, qu’une trompette qui corne, il n’est que l’annonciateur, le précurseur. Il passe devant pour ouvrir le chemin, il se fait chemin, chemin de rencontre pour mieux s’effacer devant celui qui vient. Il s’abaisse devant lui : même par cet acte, il est trop présent, trop visible. Il ne se reconnaît pas la dignité de servir Jésus. Jean s’efface pour que la rencontre puisse se faire. Il ne faut pas douter du possible de cette rencontre. Il est là au milieu de nous.

Cette parole doit, aujourd’hui, résonner en nous comme un électrochoc. Il est là, mais l’ai-je rencontré ? Il est là, est-ce que mon cœur est en joie ? Il me faut manifester cette joie. Au cœur de mon trouble, de mes doutes, de mes incapacités et de mon ignorance, le Seigneur est à mes côtés pour me faire partager sa Vie. Ce dimanche est en rose car, comme le dit le pape St Jean Paul II : Savoir que Dieu est proche, attentif et plein de compassion, (…), qu’il est un père miséricordieux qui s’intéresse à nous dans le respect de notre liberté, est motif d’une joie profonde.


Père Jorge JIMENEZ

ÉDITORIAL du dimanche 10 décembre 2023 – Deuxième dimanche de l’Avent

Retrouvez la feuille paroissiale du 9 au 16 décembre

Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 1, 1-8

Il proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »

Que de voix crient en notre temps, et combien de voix ont crié et crieront encore… Nous nous préparons à accueillir la naissance du Christ et il semble que, depuis le jour de sa naissance jusqu’à aujourd’hui, le cœur de l’homme soit sourd aux cris de l’humanité. Il y a là un paradoxe fondamental : nous sommes sourds à notre propre cri.

Qui donc crie ? L’évangile de ce jour nous relaie la parole d’Isaïe et celle du Baptiste. Il y a une double voix dans le désert qui crie et murmure. L’une invite à rendre le monde praticable, l’autre en donne le chemin. Que pourrait être un monde praticable, un monde sans aspérités ? Un monde où les chemins sont droits… La question n’est pas géographique, elle est humaine. Qui plus que l’homme est tortueux et torturé ? Qui plus que l’homme a besoin de retrouver le véritable essentiel ? Jean paraît dans le désert, il invite à la conversion. Il demande de faire le chemin nécessaire pour retrouver la vérité et la justice. Il demande d’abandonner les chemins de traverse et de compromission. Nous l’entendons par tous nos sens annoncer une nécessaire simplification de nos vies. « Abandonnez ce qui ne vous construit pas, ce qui vous détourne de la vie. »

Le désert est ce lieu d’épreuve, mais il est surtout celui de la rencontre. Lieu où Dieu se laisse rencontrer et où chacun est invité à se retrouver. Le désert est le lieu où Dieu nous donne rendez-vous avec nous-mêmes. Jean baptise dans l’eau. L’eau est l’élément essentiel à la vie, mais elle peut être aussi un élément de mort. Il y a dans le baptême de Jean bien plus que le bain rituel de purification extérieure. Il y a une invitation à mourir à notre nonsens pour accueillir la vie. Jésus vous baptisera dans l’Esprit Saint. Cette parole, hier comme aujourd’hui, est bien mystérieuse. L’Esprit Saint sera la présence de Dieu en nous. Il sera notre guide et notre conseiller. En nous baptisant dans l’Esprit Saint, Jésus nous baptisera en lui. Il nous fera devenir un autre lui. Pour nous préparer à accueillir celui qui vient et qui nous recrée par l’Esprit Saint, demandons à Dieu de nous accompagner sur ce chemin de conversion : qu’il nous permette de faire le chemin nécessaire à sa rencontre.

Jean avoue qu’il n’est pas capable de défaire la courroie des sandales de celui qui vient. Il nous dit ainsi qu’il n’est pas capable d’accueillir pleinement le Christ dans la totalité de sa personne. L’image qu’il utilise est celle de l’époux qui ôte les sandales de son épouse et se met à genoux devant elle pour la recevoir en totalité. Comme Jean, nous sommes conscients que jamais nous ne pourrons accueillir le Christ dans la totalité de sa personne, mais nous pouvons humblement demander d’entrer dans le mystère de l’Incarnation et de pouvoir, par lui, ouvrir nos cœurs aux cris de notre temps.

Père Jorge JIMENEZ

Fête du 8 décembre 2023

Fête de l’Immaculée Conception

Messes à 19h00 à Lentilly et Charbonnières

Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez

L’église de Dommartin illuminée par les lumignons des paroissiens

L'église de Dommartin, le 8 décembre 2023

Soirée crêpes dès 20h00 pour tous les jeunes à la maison Saint Roch à Charbonnières

L’amour obstiné de Dieu pour nous

Depuis le 1er péché, Dieu ne cesse de chercher l’homme : « Adam, où es-tu ? » Et l’homme, pourtant conscient de sa fragilité, ne cesse de se dérober. L’homme a pris conscience de sa fragilité : il est nu. Désormais en plus, il a perdu l’harmonie avec la création. Il accuse sa femme, qui accuse le serpent. Pourtant Dieu cherche l’homme, et n’arrête pas de le chercher.

Enfin, il se prépare une créature qui sera capable de l’écouter. Elle se trouve dans la même situation que Eve avant la chute. Elle exerce sa liberté, et elle dit « oui ». « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta Parole ». Ici commence une nouvelle histoire, mais c’est encore en germe.

  • Contemplons Marie : humble, ce qui permet à Dieu de l’élever.
  • Courageuse, à travers son oui, qui transforme sa vie
  • Fidèle à Dieu, elle traverse toutes les épreuves en gardant toute sa confiance donnée dans son « oui ».

Elle devient ainsi tabernacle divin, celle qui contient celui qui contient tout, et préfiguration de ce que doit être l’Église – ce qu’elle est déjà dans le cœur de Dieu.

ÉDITORIAL du dimanche 3 décembre 2023 – Premier dimanche de l’Avent

Retrouvez la feuille paroissiale du 1er au 10 décembre

Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 13, 33-37

« Veillez donc, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin ; s’il arrive à l’improviste, il ne faudrait pas qu’il vous trouve endormis. Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! » Prenez garde !

Voici par quoi l’évangile de ce premier dimanche de l’Avent commence. Marc nous met face à nos responsabilités. Le Seigneur est absent. Nous en faisons la commune expérience. Cette absence peut être douloureuse : comment vivre sans celui que nous attendons ? Il y a l’attente des fiancés qui se languissent de ne pouvoir partager une vie commune. L’attente d’une mère qui voit ses enfants petit à petit partir et qui attend un appel réconfortant. Il y a l’attente d’un travail qui rendra à celui qui l’a perdu sa dignité.

Les attentes sont multiples et toutes sont existentielles. Celui qui attend est tendu vers un demain. Son corps, ses pensées, tout son être est dans cette dynamique, le cours de sa vie s’en trouve orienté. Le Christ est lui aussi parti, il est ce voyageur qui a quitté sa maison. La parabole de ce jour nous rejoint dans notre expérience humaine. Nous sommes situés fatalement devant une absence. Face à cet état de fait, quelle est notre attitude ?

Il se pourrait que nous ayons finalement intégré cette absence. Le Christ n’est plus là et nous vivons comme si le voyageur ne devait plus jamais revenir. L’absence du Christ fait partie de notre histoire. Nous sommes tellement habitués à cette absence que nous en avons même oublié sa promesse de retour. Rangé à côté des histoires pour enfants, la religion n’est plus, pour nombre de nos contemporains, qu’un conte de fées bon à apaiser les angoisses face à la mort. Veillez ! Ce verbe retentit une nouvelle fois dans ce néant. L’évangéliste ne nous donne ni un conseil, ni une suggestion, il nous intime un ordre. Le chrétien est un veilleur. Il ne doit pas se laisser aller au non-sens de ce temps. Cette veille est active, elle nous prépare à l’inouï du Christ. Veiller est un style de vie, le veilleur est attentif aux signes, il scrute, espère et agit. La parabole assigne à chaque serviteur sa tâche. Quelle est la nôtre ?

Pour être veilleur, il faut accepter cette mission. Cette démarche est exigeante et est à contrecourant. Elle demande un investissement et un engagement de tout l’être. Notre société se prépare à fêter l’année nouvelle et celle-ci coïncide avec le souvenir de la naissance du Christ. Chaque année est marquée par un temps de renaissance.

Chaque année nous invite à faire des choix et à nous renouveler. Chaque année, nous devons ressaisir notre engagement de disciple du Christ et veiller à ce que le non-sens ne vienne pas s’emparer des fêtes de la Nativité.

Veillez ! Devenons ces veilleurs et ces éveilleurs de sens. Le Christ promet qu’il vient faire et refaire toutes choses nouvelles. Sommes-nous prêts à accueillir le renouveau de notre mission de chrétien, dans ce monde et dans ce temps ?

Père Jorge JIMENEZ

Diocèse de Lyon

Flux L’Evangile quotidien

  • Évangile : « Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson » (Jn 6, 52-59)

Le saint du jour