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ÉDITORIAL du 16 février 2025 – 6e dimanche du Temps Ordinaire – année C

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 6, 17.20-26
« Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation ! Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim ! Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez ! Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous ! C’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. »
Nous avons, dans cet évangile de Luc, non seulement les Béatitudes, comme nous pouvons le trouver dans l’évangile de Matthieu, mais aussi leur pendant en malheur. Nous ne pouvons pas penser que Jésus maudit qui que ce soit. Il ne s’agit pas de malédictions à venir mais d’un constat, qui peut nous paraître cruel mais, à y bien réfléchir, tellement vrai et d’une actualité insolente.
Jésus regarde ceux qui se présentent devant lui et, bien malheureusement, il leur dit ouvertement ce qu’ils sont en train de vivre. Jésus nous fait part de ses émotions en regardant le peuple, les uns et les autres. Il y a les bienheureux, à qui une promesse est faite et ceux qui ont laissé leur cœur hors d’atteinte.
Vous êtes malheureux, vous qui trouvez votre consolation dans les richesses Vous amassez aux dépens des autres en ignorant le cri de vos frères. Votre horizon se limite à ce que vous possédez et ce même horizon devient votre unique intérêt. Votre seul ami est inerte et sans vie. Il va vous transformer comme lui, inerte et froid. Vous êtes vivant mais déjà mort.
Vous êtes malheureux, vous qui vous remplissez le ventre sans laisser de place à votre table pour vos frères qui crient famine à votre porte. Il y a la faim du corps, mais il y a surtout la faim de l’âme, et cette dernière, vous l’avez fait taire par le bruit incessant de votre mastication. Repus, vous ne pouvez plus vous déplacer pour tendre une main. Absorbé par ce que vous absorbez. Vous êtes vivant mais déjà mort.
Vous êtes malheureux, vous qui riez de tout, et de la vie en particulier. Plus rien n’a d’importance à vos yeux, tout est occasion de plaisanteries et de bons mots. Rien ne vous atteint, vous vous êtes blindés. Le rire est votre arme de destruction massive et avec, vous détruisez ceux qui vous côtoient. Ils n’ont pas d’existence à vos côtés. Il n’y a que vous dans un grand éclat de rire. Vous êtes vivant mais déjà mort.
Vous êtes malheureux, vous qui ne recherchez que les flatteries de ceux qui vous entourent. Il y a du monde à vos côtés, il y a du monde à votre table, il y a du monde dans votre vie, mais ils ne sont là que pour flatter votre orgueil. Ils doivent absolument être de votre côté, rire de vos blagues, aimer ce que vous aimez, sinon… ils sont chassés d’un revers de manche et réduits à néant. Vous êtes vivant mais déjà mort. Tous, vous êtes seuls.
Le Christ nous invite à vivre pleinement et en vérité. Avec nos frères, pour nos frères. Jésus nous demande d’avoir des relations vraies. Des relations bienveillantes. Il nous demande de regarder le prochain comme un autre soi-même, comme un autre lui-même, comme un autre Christ et Seigneur. Ainsi, les Béatitudes deviendront notre véritable horizon de vie.
Père Jorge JIMENEZ
ÉDITORIAL du 9 février 2025 – 5e dimanche du Temps Ordinaire – année C

Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 5, 1-11
À cette vue, Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus, en disant : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » En effet, un grand effroi l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu’ils avaient pêchés ; et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon. Jésus dit
à Simon : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras.» Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent.
Nous avons en Luc l’appel des premiers disciples. Cette fois, c’est un lot complet qui suit Jésus après la pêche miraculeuse.
Jésus enseigne. Mais pour que tous l’entendent, il prend une barque et s’éloigne du rivage. Nous le savons, la mer et la mort sont liées. Jésus enseigne sur la mer, et peut-être parle-t-il de notre ennemie, la mort.
Les pêcheurs, à qui Jésus emprunte la barque, ont pêché toute la nuit et ils n’ont rien pris. Ils lavent leurs filets, la journée de travail est finie, le jour s’est levé et pour eux rien, une journée de perdue, une journée morte.
Voilà que ce Jésus leur demande de faire une nouvelle journée de travail, en plein jour.À la vue de tous. Ils obéissent. Sur la parole de cet homme, ils vont jeter de nouveau leur filet : en plein large, loin du rivage, là où l’on ne s’attend pas à prendre du poisson. Par grand fond, le filet se remplit, prêt à se déchirer. Ils ont besoin d’aide. Les deux barques sont remplies. Jésus est dans la barque, les pêcheurs et les poissons aussi. Simon-Pierre se reconnaît pécheur, ce n’est plus son métier mais son état. Pierre a reconnu son incapacité et Jésus lui donne une mission : il va maintenant pêcher des hommes.
Nous pouvons tirer plusieurs enseignements de cet épisode. Jésus vient donner la Parole de Dieu. Nombreux sont ceux qui sont en attente d’une parole de réconfort et de vie. Jésus trouve la bonne distance pour enseigner. Il nous invite nous aussi à trouver la bonne distance pour annoncer la Parole de Dieu. Parfois, il faut accepter de prendre de la distance pour que la Parole trouve un écho dans la vie des personnes. Pierre obéit. Il y a cette Parole qui s’impose à nous. La Parole est exigeante et nous déplace, elle nous demande une conversion, qu’il faut les premiers accepter. La Parole ne pourra s’adresser à nos frères, aux foules, que si nous nous laissons toucher par elle. Comme Pierre, nous nous découvrirons incapables de porter la Parole… Alors elle pourra agir en nous, et fera de nous, sinon des pêcheurs d’hommes, au moins des porte-Parole pour nos frères. Il ne nous faudra jamais oublier que le Christ est dans la barque. Que de fois nous voudrions la mener sans lui, et nous passons notre temps à nous épuiser plutôt que de le laisser conduire.
Le Christ nous demande de mettre nos forces dans sa barque pour manifester son amour et sa miséricorde.
En ce dimanche de la santé, que cette force d’amour vienne auprès de nos frères malades en attente d’une parole d’espérance, que seul le Christ peut donner par notre engagement à leur service.
Père Jorge JIMENEZ
ÉDITORIAL du 2 février 2025 – Présentation de Jésus au Temple
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 2, 22-40
Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi : ‘Tout premier né de sexe masculin sera consacré au Seigneur.’ Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes.

Allez-vous faire sauter des crêpes en cette fin de semaine, pour la Chandeleur ?
La fête que l’Église nous fait vivre aujourd’hui est double. Il s’agit du rachat de l’enfant et du rite de purification de la mère.
Reprenons les éléments du judaïsme. Tout enfant mâle est consacré à Dieu, c’est le sens de la circoncision, au huitième jour de l’enfant.
Quand il s’agit du premier-né, le père doit aussi racheter son garçon. Le rachat du fils est l’un des 613 commandements, qui est célébré après le 31e jour de l’enfant. Cette cérémonie consiste pour le père à racheter symboliquement son propre fils à un Cohen, c’est-à-dire un des prêtres du Temple de Jérusalem, ce qui le dispense d’obéir au commandement selon lequel tous les premiers fils avaient pour obligation de devenir prêtre.
Il s’agit aussi pour la mère de l’enfant d’offrir le sacrifice de purification après l’accouchement. La mère de l’enfant peut à nouveau toucher des objets sacrés et se rendre au temple. Elle peut aussi redevenir épouse, l’impureté rituelle est finie.
L’évangéliste nous présente ce double rite qui permet de parfaitement ancrer Jésus dans la tradition et la loi juives.
Lors de cet épisode, nous devons aussi prêter attention aux deux anciens, Syméon et Anne. L’un et l’autre ont une signification très précise dans ce contexte.
Prenons Syméon, le prêtre. Il est conduit au Temple par l’Esprit pour attendre la consolation d’Israël. Cette consolation se manifeste par un enfant. C’est lui qui vient remettre toutes choses en ordre. Il accomplit les promesses d’Isaïe lors de la déportation. Avec cet enfant, le peuple de Dieu va connaître de nouveau un temps de grâce et de justice. Syméon reçoit cet enfant dans les bras et prononce son cantique : il peut mourir en paix, la promesse de Dieu s’est enfin manifestée.
Pour Anne, nous sommes en présence d’une veuve qui attend le messie. Elle a connu tous les âges de la vie, comme Israël : le temps de l’élection, le temps du vivre avec et maintenant le temps du vivre sans, sans époux ou sans Dieu. La vie d’une prophétesse manifeste l’action prophétique tout autant que sa parole. Anne attendait une vie nouvelle et un retour à la vie avec Dieu, tout comme Israël.
Voilà cette attente achevée. Cet épisode de la Présentation est d’une richesse infinie.
- Jésus est libéré d’un avenir qui le contraignait. Sa vie peut maintenant s’épanouir sous le signe de l’Esprit Saint.
- Marie retrouve sa condition de mère et d’épouse, elle va surtout pouvoir se consacrer pleinement à son fils, le seul saint, le seul temple, présence véritable de Dieu.
- Anne et Syméon manifestent par leur vie que la longue attente du peuple juif vient de s’achever. Dieu se manifeste dans le Temple pour inaugurer l’alliance nouvelle.
Forts de tous ces éléments, nous pouvons bel et bien faire des crêpes et les manger. Car elles sont le signe la fête annoncée, mais aussi la fin du port du voile qui marque le temps du deuil et de la séparation.
Père Jorge JIMENEZ
Dimanche 26 janvier 2025 – 3eme dimanche du Temps Ordinaire
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 1,1-4.4,14-21.
Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit : ‘L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur.’ Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire
: « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. »

Quelle chance avons-nous en ce début d’année Jubilaire d’entendre cet évangile qui reprend les éléments de l’année jubilaire !
Toutes les semaines d’années, c’est-à-dire sept fois sept années, la cinquantième année est déclarée année jubilaire. Cette année est une année de remise à zéro. Tous retrouvent le nécessaire et le suffisant pour vivre. Les terrains sont redistribués, les dettes remises, etc…
Nous sommes dans un idéal qui ne semble pas avoir été vécu en Israël, malgré la prophétie d’Isaïe. Pourtant il s’agit bien de cette prophétie que Jésus dit s’accomplir aujourd’hui. Que se passe-t-il donc entre la parole politique d’égalité et la promesse de Jésus ? Pourquoi Israël, qui se veut modèle pour les nations, n’a pas été capable d’accomplir cette redistribution ordonnée par le Seigneur, qui s’accompagne également d’un retour à la liberté et à la santé de tous ?
La réponse est simple et cruelle : c’est à cause de la dureté du cœur de l’homme. Qui accepterait une spoliation de ses biens même au profit de l’un de ses frères ?
Jésus, debout, dans la synagogue à Capharnaüm fait cette lecture et annonce son accomplissement.
Véritable défi au bon sens, à la tradition et au sens commun.
Pourtant chaque parole de cette annonce s’est réalisée en Jésus.
L’Esprit du Seigneur est sur moi, n’avons-nous pas encore dans l’oreille la proclamation du Fils bienaimé entendue le jour du baptême ?
Quels sont et quels ont été les premiers bénéficiaires de la bonne nouvelle ? N’est-ce pas les bergers de Bethléem et les hommes et les femmes en attente d’espérance sur les terres de Galilée ?
N’avons-nous pas été témoins de libérations, de démons jetés loin de corps d’hommes et de femmes pris en otage par des addictions ou autre?
L’aveugle n’a-t-il pas retrouvé la vue et le grabataire ne s’est-il pas levé prenant son brancard sous le bras ?
Ne sommes-nous pas témoins de tout cela, hier dans l’Évangile, et aujourd’hui dans cette bonne nouvelle proclamée aux extrémités de la terre ? Combien de guérisons physiques ou psychiques réalisées au nom de Jésus, de peuples libérés, de vies retrouvées ?
Le Pape François veut faire de nous des pèlerins d’Espérance en cette année Jubilaire qu’il vient d’ouvrir. Allons-nous faire comme les habitants de Capharnaüm, dans la suite de l’Evangile, maugréer et vouloir pousser Jésus du haut d’un escarpement, parfois l’escarpement même de nos cœurs, ou accueillir cette parole et rendre grâce au Seigneur pour son action toujours renouvelée ?
Jorge JIMENEZ
Dimanche 19 janvier 2025 – Deuxième dimanche du temps ordinaire

Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean 2,1-11.
En ce temps-là, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » Sa mère dit à ceux qui servaient : « ‘ Tout ce qu’il vous dira, faites-le ».
La soirée du 31 décembre n’est pas loin et peut être aussi le souvenir de ce qui nous a été offert lors du repas.
Les agapes de fin d’année peuvent se comparer à celles d’un mariage, l’invitation d’une personne qui tient à notre présence, la joie des retrouvailles, la musique, les rires et bien évidement le repas.
Tout est en place pour que ce moment soit inoubliable, sauf qu’ils n’ont plus de vin.
Le drame se profile, il ne s’agit pas de boire comme des outres vides mais de se laisser enivrer un peu, histoire de trouver le moment un peu plus magique qu’il ne l’est, sans bien sûr perdre sa dignité. Ceux qui vont la perdre, de manière certaine, ce sont les organisateurs de la fête. Ils n’ont pensé à rien. Et la fête devient un cauchemar.
« Faites tout ce qu’il vous dira ». Voici une parole surprenante.
Une invitée se permet de donner des ordres. Une femme de qui plus est, qui n’a rien à voir avec l’organisation, elle est simplement là, avec son Fils et ses amis.
Marie est attentive, elle ressent les émotions et entend le désespoir de ceux qui sont là.
Marie sait qui peut venir combler les désirs légitimes de chacun : Jésus.
Mais lui le sait-il ? Mon heure n’est pas encore venue !
Quand le sera-t-elle ? Jésus attend un signe, mais de qui ?
Le signe est là et il se manifeste dans le désarroi des convives, il se manifeste par cette fête déçue il se manifeste par la joie gâchée.
Qu’y a-t-il de toi à moi, dit une traduction littérale de ce passage ? Ce qu’il y a entre Jésus et sa mère est un lien indéfectible. Elle exprime ce que tous ressentent. Elle est ce canal par lequel les prières arrivent directement au cœur de son fils.
Nul ne sait pourquoi Jésus à cet instant a obéi à la demande de sa mère. A-t-il compris qu’il devait assumer son rôle dans ce monde ?
Jésus le sauveur, vient non pas sauver la fête, mais rendre l’espérance à ceux qui l’ont perdue. Il vient manifester que tout est possible, y compris changer l’eau en vin.
Il vient relever ceux qui étaient perdus, le maître du repas qui aurait vu sa réputation altérée par cette faille.
Mais surtout il devient le serviteur des projets de chacun en nous donnant de vivre la joie du Royaume dont le banquet des noces et nos banquets sont le signe dès ici-bas.
Jésus à cet instant manifeste sa gloire, ce repas est le programme de sa vie, et les disciples crurent en lui.
Jorge JIMENEZ
Dimanche 12 janvier 2025 – Fête du Baptême de Notre Seigneur
Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 3,15-16.21-22
Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus, et il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »
Nous voici aux bords du Jourdain là ou Jean exerce sa mission. Tous viennent se faire baptiser et Jésus aussi.
Jean pratiquait un baptême de conversion, différents des bains rituels pratiqués dans le judaïsme qui ont pour but de purifier la personne avant un acte sacré. Le baptême de Jean n’a pas l’intention de retirer les impuretés rituelles à l’entrée des synagogues ou du temple de Jérusalem. Jean invite à une conversion, à un changement de vie radical. Il y a un avant et un après. Une fois le baptême reçu publiquement, il n’est plus possible de mener la même vie qu’avant. Le peuple est témoin de cet engagement, il faut maintenant devenir une personne meilleure.
Le baptême que nous pratiquons en église est le sacrement d’entrée dans la vie chrétienne, il nous fait devenir disciples du Christ. Il ne s’agit pas de changer de vie mais de devenir une personne nouvelle. Nous sommes recréés par les eaux du baptême, Dieu se compromet à nos côtés, il s’engage avec nous et nous équipe pour que nous soyons des disciples missionnaires.
Le premier don est bien sur notre adoption, Dieu fait de nous ses fils, nous devenons frères de Jésus. Tout comme Jésus nous sommes appelés à la vie éternelle. Mais aussi, comme Jésus, nous devenons également prêtres, prophètes et rois.
Le prêtre est celui qui parle à Dieu. Qui est capable d’une conversation amicale avec Dieu. Il ne s’agit pas de réciter des prières mais de converser et de se laisser instruire par Dieu lui-même.
Le prophète est celui qui parle de Dieu et même au nom de Dieu il peut avoir une parole qui dérange et qui rappelle nos engagements et quel est le sens de la vie. Le prophète a un rôle de veilleur et d’éveilleur.
Et le dernier don qui nous est fait par l’onction du saint Chrême est la royauté. Nous sommes rois. Non par pour asservir, mais pour servir. Dieu nous équipe pour que nous puissions être au service de nos frères et ainsi leur permettre de s’accomplir et de devenir eux même pleinement Fils et Filles de Dieu. Pour ce service, Dieu nous donne des charismes, des dons de l’Esprit Saint qui vont se révéler à nous et être confirmés par ceux qui vont en bénéficier.
Le baptême de Jésus inaugure notre propre baptême. La même parole est prononcée pour nous: « Tu es mon fils bien aimé, en toi je trouve ma joie ». À nous découvrir ce que cela veut dire et ce que cela implique, et d’en vivre au quotidien.
Jorge JIMENEZ
Dimanche 5 janvier 2025 – Epiphanie du Seigneur
Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (2, 1-12)
« Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande Joie »

Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez
ÉDITORIAL du 5 janvier 2025 – Solennité de l’Épiphanie du Seigneur
Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
Avec cet éditorial, je tiens à vous présenter tous mes vœux pour cette année 2025.
Le contexte de l’évangile et le nôtre n’ont rien à voir, et pourtant il y a comme un climat, une ambiance, qui pourrait bien s’y apparenter. Hier comme aujourd’hui, nous sommes envahis de doutes et d’incertitudes. « quoi sera fait demain « est la grande question qui nous taraude. Les conflits armés sont à nos portes, la violence et la précarité sont omniprésentes. Les villes et les villages, autrefois préservés, sont devenus des lieux d’insécurité et des plaques tournantes de toutes sortes de trafics.
Des comédies musicales comme Starmania retrouvent une nouvelle jeunesse et reflètent mieux que jamais les angoisses de notre temps. Notre pape François publie une encyclique sur le Cœur de Jésus, preuve qu’il nous faut revenir aux fondamentaux et retrouver l’amour et la sérénité qui nous font défaut.
Au cœur de ce marasme, il y a le surprenant et l’inattendu. Il y a cette visite des mages venus d’Orient, des inconnus qui viennent au chevet de cet enfant prodigieux, menés par une mystérieuse étoile.
Il y a aujourd’hui des hommes et des femmes qui viennent toquer à la porte de l’Église, menés par on ne sait quel désir, pour demander à devenir chrétiens par le baptême.
Il y a ces enfants qui entraînent leur parents le dimanche matin à la messe, pour vivre cet événement hebdomadaire comme enfants de chœur.
Il y a l’ensemble du peuple de Dieu qui continue à avancer dans la foi et l’espérance malgré les scandales de l’institution et de ses membres.
Il y a vous, fidèles de nos paroisses, qui continuez contre vents et marées à témoigner par votre présence et par votre service du Royaume déjà là et à venir.
Les mages portaient dans leurs coffrets de l’or, de la myrrhe et de l’encens pour manifester la royauté, l’humanité et la divinité de Jésus.
Quels pourraient être les présents qui nous seraient utiles et nécessaires ?
Pour notre humanité, de la paix et de la sérénité entre nous et en famille. De la santé et des projets plein le cœur, qui engendrent la joie et le goût de transformer le monde chaque matin.
Pour notre appel à la divinité, une spiritualité incarnée qui nous fasse voir la beauté de chacun et Dieu à l’œuvre. Des temps de célébration préparés et animés qui nous fassent entrevoir le Royaume de Dieu dès ici-bas et nous fassent partager la louange céleste.
Pour notre royaume temporel, la paix et la concorde entre les peuples, le désir du bien commun et de l’équité pour tous et pour chacun.
Bien sûr, ce ne sont que quelques vœux, mais qui veulent aussi vous exprimer toute ma gratitude et mes encouragements, et nous faire entrer dans l’espérance.
Père Jorge JIMENEZ
Dimanche 29 décembre 2024 – Fête de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph
Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 2,41-52.
« Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. Il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth, et il leur était soumis. Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements. Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes.«
La famille de Jésus est religieuse, elle se rend à Jérusalem comme de coutume, mais pas tout à fait. Cette année Jésus a 12 ans, et si saint Luc le mentionne c’est qu’il doit se passer quelque chose de particulier. Certains commentateurs de la bible nous disent que cette année-là Jésus allait fêter sa majorité religieuse, sa Bar Mitzvah. (Pour information cette célébration a été codifié au XIV° siècle aux 13 ans et un jour du jeûne garçon, pour les filles il a fallu attendre le XX° siècle et les communautés libérales des États-Unis pour trouver des Bat Mitzvot). Littéralement le jeune garçon devient fils du commandement. Être Bar Mitsvah signifie pour un garçon d’être en âge d’appliquer pleinement la loi, de connaître les 613 commandements de la Torah.
Jésus est donc un adulte responsable face à la loi.
Le pèlerinage achevé, chacun retourne chez lui. Ce ne sont pas quelques personnes isolées qui se rendent à Jérusalem, c’est tout le pays. Depuis le roi David, les temples des villes ont été supprimés au profit de l’unique temple de Jérusalem, où est installée la shekhina, la présence de Dieu dans l’arche d’alliance.
Trois fois par an tout le peuple se rend au mont Moriah, là où a été bâti le temple pour rendre grâce, lieu symbolique de la ligature d’Isaac où Abraham accepte que son fils puise avoir une histoire propre et non plus qu’il soit soumis à son l’autorité.
C’est fort de tous ces éléments que nous pouvons maintenant mieux comprendre cet épisode de la fugue de Jésus à 12 ans.
Jésus est adulte dans la foi, il peut-être le dixième homme pour qu’un culte public soit possible. Et c’est ce à quoi nous assistons. Nous sommes en pleine séance d’étude, les hommes présents parlent de la torah et essaient de mieux la comprendre, chacun donne son interprétation et chacun rebondit sur la proposition de l’autre. Nous sommes dans ce qui est aujourd’hui le culte synagogal. Mieux saisir la loi de Dieu et se l’approprier par l’étude et le commentaire.
Jésus est le dixième homme, il est habilité à interpréter la loi, il est aux affaires de son Père et il se détache de ceux qui veulent le garder enfant, Marie et Joseph.
Nous pouvons nous aussi méditer ce passage en nous interrogeant sur la manière où nous permettons à nos enfants de devenir adultes.
Comment nous les laissons nous interpeller, et comment nous acceptons d’accueillir de leur part une vision renouvelée de ce qui fait notre vie, voire notre foi.
Si la Sainte Famille nous est donnée pour modèle, ce n’est pas tant pour cette unité familiale qui est si particulière, mais sur la capacité que chacun de ses membres à être totalement à sa place et de la tenir.
Marie dans l’attention, Joseph dans le projet et Jésus dans l’accomplissement.
Jorge JIMENEZ
ÉDITORIAL du 22 décembre 2024 – 4 e dimanche de l’Avent – année C
Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 1, 39-45
Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »

Marie vient d’avoir la révélation de l’ange. Elle, la jeune fille vierge, va être enceinte et sa cousine, la vieille Élisabeth, l’est depuis six mois. Que va faire Marie ?
Si elle se rend auprès de sa parente, ce n’est pas pour vérifier les paroles de l’ange – Qui peut croire qu’un ange ne dise pas la vérité ! – mais pour se mettre au service de sa cousine. Marie ne quitte pas sa famille, elle ne vit pas avec Joseph, elle est disponible. La disponibilité est d’ailleurs ce qui la caractérise : disponible à Dieu mais aussi aux besoins des siens et, par extension, aux besoins de l’humanité entière. Marie marche avec empressement, comme s’il y avait une urgence à se rendre auprès d’Élisabeth, comme s’il y avait une urgence au service.
L’urgence qui l’attend est celle de la révélation. L’ange n’a pas menti. Ce n’est pas Élisabeth qui reconnaît la mère de son Sauveur, c’est l’enfant en son sein qui reconnaît le Sauveur. Il y a un dialogue et une reconnaissance mutuelle. Marie et Élisabeth sont porteuses d’une grâce qui les dépasse. Cette grâce est confirmée l’une par l’autre dans ce dialogue intra-utérin qui devient action de grâce dans les bouches d’Elisabeth et de Marie dans le magnificat.
Elles voient toutes les deux se révéler la parole qu’elles portent en elles. Parole du Précurseur et Parole du Sauveur. Elles sont révélatrices l’une de l’autre, l’une à l’autre, de la vérité de leur mission. Et Marie va demeurer chez Élisabeth environ trois mois, le temps au bébé de venir au monde. Marie va probablement assister à la naissance du petit d’Élisabeth qui recevra son nom, comme le veut la tradition, lors de la célébration de la circoncision ; jour où l’enfant est consacré à Dieu.
Dans ce passage, nous sommes témoins de révélations réciproques, qui passent toutes par la parole. Hier celle de l’ange, aujourd’hui celle des deux mères. Ce qui est remarquable, c’est la simplicité du moyen que Dieu se donne pour confirmer sa parole.
C’est par la parole qu’il confirme sa Parole. C’est la force du témoignage qui rend cette parole performative. C’est sans doute pour nous également une invitation à être attentifs aux diverses paroles qui nous accompagnent, celles que nous prononçons et celles que nous entendons. Elles portent une vérité que nous pourrions avoir du mal à entendre et à accueillir. Pourtant Dieu passe par ce moyen pour nous rejoindre et nous envoyer en mission. Accueillons donc les paroles de nos vies et prenons le temps de la parole qui nous fait grandir et nous accompagne.
L’Église propose un moyen pour entendre et accueillir : l’accompagnement spirituel. Avons-nous déjà essayé de prendre le temps de découvrir ce que Dieu nous dit avec l’aide d’un frère, d’une sœur ? Il est pour nous dans la foi, le miroir et le révélateur des grâces de Dieu dans nos vies.
Père Jorge JIMENEZ