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Dimanche 18 mai 2025 – 5° dimanche de Pâques

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 13,31-33a.34-35.

Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Vous me chercherez, et, comme je l’ai dit aux Juifs : “Là où je vais, vous ne pouvez pas aller”, je vous le dis maintenant à vous aussi. » Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »

Le commandement nouveau. L’évangile nous fait vivre une fois de plus le drame du Jeudi saint. Les douze entourent Jésus, Judas vient de sortir : « Ce que tu fais, fais-le vite » vient de lui dire Jésus. Le processus est en marche, il est inéluctable. Cette parole va enclencher la trahison de Judas, les procès, la crucifixion. Mais aussi la glorification du Fils et du Père par la mort et la Résurrection. La gloire de Jésus n’est pas sa renommée, c’est d’ailleurs celle-ci qui est en cause. La gloire de Jésus est ce que nous ne pouvons pas quantifier, c’est en quelque sorte sa qualité d’être, sa densité de présence.

Dans l’Evangile de Jean, Jésus se révèle comme étant le maitre de son histoire. Il ne peut être davantage lui-même que quand il décide de donner sa vie. A cet instant il révèle la nature profonde de son être. Il est là pour la glorifier Dieu.

La Gloire de Dieu passe par cette ultime étape. Il ne reste plus qu’à Jésus de donner ses ultimes recommandations : « Aimer vous les uns les autres ». Il ne s’agit d’un appel à la lutte, ni des paroles d’encouragement ou de résignation. Il n’en veut ni à Judas, ni aux puissances en place. La gloire de Dieu doit passer par la mort. Sinon comment la résurrection sera-t-elle manifestée ?

Le commandement de l’Amour est le seul qui puisse sauver le monde et chaque personne. Nous sommes témoins de trop de haine, de trop de violence pour ne pas croire que seul l’amour peu transformer le monde. Si nous sommes honnêtes avec nous même, que cherchons-nous en vérité, être aimé et aimer. Parfois, nous nous trompons de moyens et considérons que l’avoir, que la puissance remplace l’amour. Mais non.

Si Jésus nous donne ce commandement nouveau, ce n’est pas pour faire de nous des personnes mièvres et sans personnalité, mais au contraire il veut faire de nous les héros d’un monde nouveau. Le commandement de l’amour est le moyen que Jésus donne à chacun de ses membres pour transformer le vieil homme en homme nouveau, cette vielle terre en terre nouvelle. Mais ce commandement suppose que nous acceptions de nous laisser convertir, et que nous gagnons nous aussi un peu plus de présence et de qualité d’être. L’Amour doit devenir notre identité véritable.

Jorge JIMENEZ

ÉDITORIAL Dimanche 11 mai 2025 – 4° dimanche de Pâques

Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 10,27-30.

En ce temps-là, Jésus déclara : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN. »

Communauté du Chemin Neuf

Le père et moi nous sommes un. Voilà une affirmation qui nous questionne. L’unicité de Dieu est affirmée par Jésus en réponse à une question des juifs, es-tu le Christ ?
Nous sommes sur notre faim, la réponse n’est ni oui, ni non. Jésus fait comme à son habitude un détour pour nous mettre au centre de la question. Si nous étions des brebis, aurions-nous besoin d’une réponse, l’évidence s’imposerait d’elle-même et nous saurions en qui nous avons mis notre foi. Mais nous ne savons pas comme les brebis, nous ne sommes pas à l’écoute de Jésus, nous sommes des questionneurs. Il nous faut sans cesse poser des questions avant de pouvoir nous déterminer. Les réponses qui nous sont faites la plupart du temps ne nous rassurent pas et suscitent d’autres questions et ainsi de suite jusqu’à la fin des temps. Le questionneur n’est pas un écoutant. Au lieu d’accueillir le réponse le questionneur formule sa prochaine question ce qui l’empêche d’accueillir simplement les réponses qui sont faites.
Jésus répond aux juifs qu’ils ne sont pas dans le bon enclos, mais l’ont-ils entendu ?
Cette réponse est aussi la réponse qu’il nous fait. Sommes-nous dans le bon enclos et sommes-nous des brebis dans la main de Jésus. Là non plus la réponse n’est pas évidente ce n’est ni oui ni non.
On pourrait presque faire une réponse de normand, ou de compromis, cela dépend.
Il en va de notre capacité d’écoute. Ecoutons nous vraiment et totalement la voix de Jésus. Combien de fois nous ne retenons que ce qui va dans notre sens, Nous sommes d’accord avec le Christ quand il partage notre avis. Je veux bien être une brebis quand je choisi mon enclos et par conséquence les contraintes qui me conviennent. Les autres je n’en veux pas. D’ailleurs combien de fois entend on au sujet de l’Eglise qui porte la parole de Jésus : elle se trompe, elle est trop exigeante, elle n’a rien compris, il faudrait qu’elle… je vous laisse le loisir de compléter la phrase.
Je passe du Christ à l’Eglise comme du Fils au Père. Ils ne font qu’un, nous aussi nous ne faisons qu’un avec l’Eglise. Nous sommes l’Eglise c’est-à-dire la manifestation du Christ dans ce monde. Certes d’un point de vu individuel nous pouvons nous tromper et faire des erreurs parfois insoutenables, mais l’Eglise comme œuvre de Dieu est celle qui réunit toutes les brebis qui écoutent la voix. L’Eglise, qui ne peut se réduire à celle que nous connaissons ou que nous fréquentons, ne peut être dans l’erreur car elle est manifestation du fils. C’est bien là le paradoxe qu’il nous faut accueillir dans la foi. L’église peut, en ses membre, être dans l’erreur mais pas dans sa finalité car elle est le corps du Christ qui ne fait qu’un avec le Père sous la conduite de l’Esprit saint.

Jorge JIMENEZ

Veillée Pascale et dimanche de Pâques 2025

Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez pour la veillée pascale

Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez pour le dimanche de Pâques

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 20, 1-9

Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.

ÉDITORIAL du 20 avril 2025 – Dimanche de Pâques


Nous venons de vivre la semaine la plus intense de l’année. La liturgie de ces derniers jours ne nous a rien épargné. Le Triduum pascal s’est achevé il y a à peine quelques heures. Nous l’avions commencé jeudi avec la messe de la cène, nous avons suivi le Christ au jardin du pressoir et entendu le cri qui a déchiré nos cœurs ce vendredi.
Puis rien. Plus rien. Le Fils de Dieu est mort, et Dieu avec lui. C’est la victoire du néant.


Marie Madeleine doit prendre soin du corps de cet homme, il a été si important pour elle. Il lui a rendu la dignité qu’elle avait perdue. Une parole, un geste, un regard ont suffi à Marie Madeleine. La voilà toute affolée : non seulement celui que son cœur aime est mort, mais il n’est plus là où on s’attendait le trouver.
Nous aussi ce matin, nous sommes un peu hagards, la nuit a été courte, ou trop longue. Nous nous réveillons avec la même question qui hante l’humanité depuis des siècles : où est le corps de Jésus ? a-t-il été enlevé ou est-il ressuscité ?
Nous n’aurons pas d’autre réponse que celle de la foi.


Pierre et Jean voient la même chose dans le tombeau. Il n’y a plus rien, sauf quelques linges.
Pierre continue sa réflexion. Tout est là, sauf lui. Que s’est-il donc passé ?
Jean voit et croit. Il ne réfléchit pas. D’ailleurs, à quoi bon… N’était-il pas prêt à cette confession de foi : Jésus est ressuscité d’entre les morts ?
Nous avons, dans cette scène, trois attitudes :

  • celle de Marie Madeleine, troublée et affolée. Elle va chercher des réponses auprès des disciples. Il lui faut une confirmation, il lui faut la parole d’un frère, il lui faut la consolation du témoignage pour pouvoir accueillir ce qui vient bouleverser toutes les certitudes.
  • Il y a Pierre, qui fait ce qu’il faut, qui voit ce qu’il y a à voir, mais dont le cœur est lent à croire. Tous les éléments sont présents, mais comment accepter ce qui a été annoncé ? Il lui faut faire le pas de la foi.
  • C’est celui que Jean fait, sans se poser de question. Il croit. C’est tout aussi difficile de croire à partir de rien que de croire à partir de tout.
  • Nous sommes les générations qui doivent croire à partir de rien. Nous n’avons pas le contact de Jésus.
  • Il ne nous a pas pris sous son aile pour nous initier à la réalité de la résurrection.
  • Nous sommes de cette génération qui doit accueillir le témoignage de ses aînés : ils ont cru. Et nous sommes là, témoins de la foi en Jésus Christ.
  • Nous sommes cette génération qui a le devoir de transmettre la foi. Qui doit consoler les cœurs brisés et ouvrir à l’espérance.
  • Le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité.

Nous sommes les générations qui doivent croire à partir de rien. Nous n’avons pas le contact de Jésus.
Il ne nous a pas pris sous son aile pour nous initier à la réalité de la résurrection.
Nous sommes de cette génération qui doit accueillir le témoignage de ses aînés : ils ont cru. Et nous sommes là, témoins de la foi en Jésus Christ.
Nous sommes cette génération qui a le devoir de transmettre la foi. Qui doit consoler les cœurs brisés et ouvrir à l’espérance. Le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité.
Père Jorge JIMENEZ

ÉDITORIAL du 13 avril 2025 – Dimanche des Rameaux et de la Passion

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 22, 14-71.23,1-56

Quand l’heure fut venue, Jésus prit place à table, et les Apôtres avec lui. Il leur dit :« J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir ! Car je vous le déclare : jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle soit pleinement accomplie dans le royaume de Dieu. » […]

C’était le jour de la Préparation de la fête, et déjà brillaient les lumières du sabbat. Les femmes qui avaient accompagné Jésus depuis la Galilée suivirent Joseph. Elles regardèrent le tombeau pour voir comment le corps avait été placé. Puis elles s’en retournèrent et préparèrent aromates et parfums. Et, durant le sabbat, elles observèrent le repos prescrit.

Ils sont treize à table, quatorze, ou plus. Il y a Jésus, les douze, sans doute quelques amis et des femmes. La cène est un repas traditionnel, il ne faut pas limiter le nombre de convives. Bien que nous ayons tous en tête les diverses représentations de la cène, il faut ouvrir notre esprit à ceux qui pourraient être là. Ce ne sont pas les disciples, ce pourrait être nous.

Nous vivons deux moments d’une intensité maximale en une seule et même liturgie. Après l’entrée messianique, Jésus sur un ânon qui franchit les portes de la ville, où tous l’acclament, le voilà quelque temps après au repas de Pâques, au jardin de Gethsémani, au prétoire, dans les ruelles de la ville, au Golgotha, puis sur la croix.

Jésus n’est plus jamais seul. Jésus est entouré de personnes, de cris, de larmes, d’injures et de soupirs.

Tous ceux qui sont là ont un avis sur la question. Ils sont pour, ils sont contre. Il y en a même qui n’ont pas d’avis. Jésus est un condamné de plus. On ne peut s’empêcher de regarder, quelle que soit notre situation. Il y a le spectacle et c’est bien normal.

La lecture de la passion est longue. Nous l’écoutons en silence, recueillis. Nous visualisons le moment. Nous pouvons même sentir une émotion naître en nous. Une larme, la gorge nouée… Que se passe-t-il pour que ce texte que nous connaissons provoque en nous une réaction ?

Nous sentons-nous impliqués, devant ce qui se déroule sous nos yeux ? Et si, pour une fois, nous acceptions de vivre le triduum pascal dans le regard d’un participant de ce fameux moi d’avril de l’an trente ?

Choisissons un personnage, un que nous connaissons bien, ou un inconnu. Le récit nous en livre des dizaines. Devenons pour une semaine Pierre, Jean, Marie, Simon de Cyrène, une des servantes, et pourquoi pas Pilate ou l’un des condamnés. Laissons les bruits retentir dans nos oreilles, les paroles se graver dans nos cœurs, les émotions jaillir en nous.

Vivons cette semaine comme notre semaine. Nous l’attendons depuis si longtemps, ne laissons pas passer cet évènement sans le vivre de l’intérieur.

Père Jorge JIMENEZ

ÉDITORIAL du 6 avril 2025 – 5 e dimanche de carême – Année C

Messe du 6 avril avec la troupe scout de Saint-Irénée

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 8, 1-11

Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre. Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre. Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu. Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »

La femme adultère.

Le piège est parfait, Jésus ne peut que la condamner. En autorisant la lapidation, il respecte la loi, mais il se trahit lui-même. Tous vont se demander où est la miséricorde et le pardon, cœur de la prédication de ce nouveau rabbin, ici devant le temple. La conclusion est sans ambages : Jésus n’est qu’un beau parleur et les personnes présentes à la scène doivent se retourner contre lui.

Si Jésus lui pardonne, c’est la loi de Moïse qu’il trahit, la sanction est sans appel, les scribes et les pharisiens ont enfin le motif de condamnation. Jésus est perdu !

Mais il se tait, il ne dit rien. Jésus a-t-il peur ? Il se baisse, sans doute pour se mettre au niveau de cette femme traînée à terre par les puissants ? Et il écrit du doigt par terre. Le monde est sa tablette et c’est sur cette terre qu’il écrit la loi nouvelle. Il écrit ou il compte. Jésus sonde le cœur des hommes.

Trouvera-t-il dix justes pour qu’une sentence juste puisse s’appliquer ?

Jésus se relève, se redresse, il regarde cette foule dans les yeux. Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre. C’est une invitation, un jugement et une libération. Une invitation : Jésus invite chacun à un examen de conscience, les plus anciens se retirent les premiers, non pas parce qu’ils sont les plus pécheurs, mais parce qu’ils ont conscience de la somme de leurs péchés. Les autres suivent, et c’est bien naturel.

Un jugement : cette femme est acquittée par ce tribunal populaire. Le cœur du peuple a parlé. Chacun reconnaît ses manquements à la loi, grands ou petits, la loi ne fait pas de différence. Il n’y a que l’amour qui en fait une.

Une libération : pour la femme que nul ne condamne, pas même Jésus, mais pour chacun de nous témoins de cette scène. Jésus nous dit à travers elle : « Moi non plus, je ne te condamne pas, va et désormais ne pèche plus. » Jésus nous libère tous et chacun par cette parole, il ne retient pas nos fautes. Il nous invite à les regarder en face. Il nous invite à les regretter et il nous pardonne, mais surtout il nous envoie. Ce tout petit mot ouvre à un avenir. La femme s’est maintenant relevée, et elle va pouvoir vivre de nouveau. Jésus ne la réduit pas à ses actes, il lui ouvre un demain possible. Le pardon n’est pas une parole magique, mais un acte de recréation.

Dieu ne nous enferme jamais, son regard n’est en rien celui de l’inquisiteur mais celui de l’amour. Qui sait si cette femme n’a que trop ou trop mal aimé ? Le regard de Jésus lui offre un véritable amour qu’il ne faudra plus trahir. Pour chacun de nous, il en est de même.

Père Jorge JIMENEZ

ÉDITORIAL du 30 mars 2025 – 4e dimanche de carême – Année C – Laetare

Le dimanche Laetare correspond au quatrième dimanche de Carême, la couleur liturgique est le rose qui évoque la joie.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 15,1-3.11-32

Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait. Celui-ci répondit : “Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.” Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer.

Peut-on encore dire quelque chose sur la parabole du fils prodigue ?

C’est une parabole et non pas une histoire, ce qui veut dire que le sens de ce texte s’inscrit bien au-delà du récit qu’il fait. Le récit du fils prodigue n’est pas isolé : il fait partie d’un ensemble de trois paraboles qui marquent une progression dans l’attention de Dieu pour sa création. Nous partons du cent pour un avec la brebis perdue, au dix pour un avec la drachme égarée, pour finir avec le un pour un avec le retour du fils.

La sollicitude de Dieu est pour chacun individuellement. Chaque acteur de ce texte a un rôle précis et particulier qu’il nous est facile de transposer. Dieu le Père – en sa personne du Fils dans la trinité – le fils aîné – l’humanité qui se détourne de la volonté du père – le fils cadet qui revient vers la source de l’amour après avoir vécu hors de cette dernière. Les serviteurs, les hommes et les femmes de tout temps qui sont porteurs de bonnes nouvelles et qui se réjouissent de la joie du maître.

La question qui nous est toujours posée est : à qui nous identifions-nous ?

Sans doute pas au Père, nous n’oserions avoir une telle prétention, plus facilement à l’un des deux fils, tour à tour, en fonction des évènements de la vie. Mais jamais aux serviteurs.

Je nous invite à faire ce décentrement. Il n’y a rien de glorieux à être un serviteur… Dans cette parabole, ils ont un rôle mineur, voire insignifiant, on pourrait se passer d’eux et l’histoire ne s’en trouverait nullement modifiée… Et pourtant. Les serviteurs sont là pour transmettre la bonne nouvelle. Sans eux, chacun serait dans l’ignorance de ce qui arrive. Ils sont les messagers témoins, les disciples missionnaires.

Ils assument le rôle, parfois ingrat, d’être là et de proclamer la bonne nouvelle. Sans forcément en faire partie. Mais ils sont heureux devant la joie du maître, et sans doute aussi ils ont compati à sa peine. Nous devrions trouver en ces serviteurs une figure qui devrait nous convenir. Accepter d’être passeurs de la bonne nouvelle.

Les serviteurs sont aussi témoins de l’œuvre de l’Esprit Saint dans le cœur de chacun. Si nous acceptions parfois d’endosser cette mission, sans doute que la nouvelle de l’amour de Dieu pourrait se répandre autrement. Ils n’ont pas peur d’être interpellés, ils répondent en toute vérité. Et ils savent s’éclipser pour laisser la place à celui qui agit dans les cœurs.

Nous comprenons maintenant aussi pourquoi le Seigneur nous confie la tâche de serviteurs de si nombreuses fois dans l’Évangile… À nous de nous réjouir en voyant Dieu à l’œuvre au sein de cette humanité qui se cherche et qui aspire à la paix.

Revêtons le rose de la liturgie de cette fin de semaine pour nous réjouir de cette joie profonde qui nous inonde lorsque nous sommes témoins d’un retour vers Dieu.

Père Jorge JIMENEZ

Comme au dimanche de Gaudete au milieu de l’Avent, l’Église fait une pause dans la pénitence quadragésimale, au quatrième dimanche de carême (soit à la mi-carême) appelé le dimanche de « Laetare », pour mieux se hâter vers les joies pascales.

ÉDITORIAL du 16 mars 2025 – 2 e dimanche de carême – Année C

Ecoutez l’homélie du Père Jorge JIMENEZ

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 9, 28b-36

En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier. Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante. Voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem. Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, restant éveillés, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés.

Nous voici présents à la scène de la transfiguration. Pierre, Jacques et Jean sont les seuls témoins de cette manifestation. Jésus, Moïse et Élie en sont les acteurs.
Luc a fait son travail de journaliste : après la résurrection de Jésus, il nous livre le récit tel que la mémoire des disciples peut s’en souvenir.
Comment décrire cette expérience à nulle autre pareille ? Les mots sont pauvres pour exprimer ce que ces hommes -qui, par ailleurs, sont terrassés par la fatigue – viennent de vivre. Nous sommes invités à entrer dans une narration spirituelle plus que dans un récit.
Le carême vient de commencer et la liturgie nous révèle d’une manière particulière quelle va être la fin de ce parcours. Le texte nous indique quelle est la teneur de la discussion entre ces trois personnages : « Ils parlaient de son départ [de Jésus] qui allait s’accomplir à Jérusalem ».
Avec les disciples, nous sommes sortis du temps, nous avons directement accès à la fin de l’histoire. Jésus monte à Jérusalem pour vivre sa pâque. Il va être arrêté, jugé condamné, exécuté et le troisième jour, Dieu va le ressusciter d’entre les morts.
Nous sommes conduits à contempler Jésus sorti du cours du temps. Ressuscité, il s’entretient avec deux des plus grands prophètes de l’histoire d’Israël : Moïse, le libérateur qui a entraîné son peuple hors des griffes de l’Égypte et Élie, le prophète de l’amour jaloux pour Dieu, héraut de la vérité et de la justice.
L’un et l’autre ont marqué le temps et sont sortis du temps : Moïse en regardant son peuple traverser le Jourdain et Élie en s’envolant sur un chariot de feu.
Tous trois sont présents devant les disciples et évoquent l’inconcevable. La vie l’emporte sur la mort. L’amour jaloux de Dieu va faire que son Fils Jésus sera libéré des entraves de la mort et manifestera en lui la résurrection.
« Il est bon que nous soyons ici ». Avec les disciples, nous avons vu le temps s’arrêter et la promesse se réaliser. Notre ennemie la mort est terrassée et l’amour de Dieu se manifeste pour son Fils. « Dressons trois tentes » : arrêtons le cours de la vie, rien ne pourrait être plus parfait que cet instant. La certitude que la promesse de Dieu se réalise.
Malheureusement, Dieu tire les disciples, et nous aussi, du sommeil et du monde des rêves qu’il faut traverser comme la nuée. La transfiguration est cette manifestation concrète de la fin des temps. Il nous faut sortir de la brume et écouter les paroles du Père. Nous ne devons pas vouloir arrêter le temps, mais vivre résolument dans ce temps. Le Christ doit accomplir son geste pour le salut de l’homme et nous devons accueillir la manifestation salvifique de la transfiguration.
Le carême nous permet d’avoir le cœur en éveil et nous permet d’entrevoir le dessein de Dieu. Vivons l’aujourd’hui de la promesse de Dieu et entrons dans l’espérance de sa réalisation à la fin des temps.

Père Jorge JIMENEZ

Dimanche 9 mars 2025 – 1er dimanche de Carême

Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez

L’Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (4, 1-13)

« Dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où il fut tenté »

En ce temps-là, après son baptême, Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim. Le diable lui dit alors : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. » Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain. »
Alors le diable l’emmena plus haut et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre. Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. » Jésus lui répondit : « Il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte. »
Puis le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi, à ses anges, l’ordre de te garder ; et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui fit cette réponse : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »
Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé.

ÉDITORIAL pour le mercredi des Cendres – 5 mars 2025

Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 6, 1-6.16-18

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer. »

Nous revoilà – déjà ! – au mercredi des Cendres, pour nous cette année en plein cœur des vacances d’hiver. Je ne sais pas si, entre deux visites à la famille, ou deux descentes de ski plus probablement, nombreux sont ceux qui vont se souvenir qu’après le Mardi gras vient le mercredi des Cendres. L’évangile de ce jour est bien connu, avec ces trois motifs : l’aumône, la prière et le jeûne. Je nous invite cette année à lire plus précisément l’introduction : « Ce que vous faites pour devenir des justes ».

Le carême nous est offert non pas pour que nous fassions des exploits, mais pour nous permettre de devenir des justes ou, en d’autres termes, pour nous ajuster à Dieu.

Il est clair que la vie ordinaire a une fâcheuse tendance à nous éloigner des buts spirituels que nous nous sommes fixés. L’oraison quotidienne, la messe hebdomadaire, le souci des plus pauvres et une consommation responsable ont trop vite volé en éclats face à la complexité de la vie quotidienne et des exigences qu’elle comporte, et que nous acceptons parfois à notre corps défendant.

Jésus nous demande de devenir des justes. Il faut bien sûr avoir en tête ce que peut signifier cette appellation. Il y a, historiquement, les Justes parmi les nations, ceux qui ont œuvré à la protection des personnes juives pendant la seconde guerre mondiale. Sans aller jusque-là, il y a de cette justice pour Dieu qu’il nous faut voir et appliquer.

Être juste, c’est donc être ajusté à Dieu. Craindre Dieu, expression utilisée dans les textes du Premier Testament, c’est craindre d’être séparé de Dieu, de s’éloigner de lui, de le reléguer au second, voire au énième plan. Le carême nous offre ces jours pour revisiter notre relation à Dieu en passant par trois prismes très concrets.

Le prisme de la prière est évident. Rejoindre Dieu au quotidien dans un temps de cœur à cœur. Les textes de la messe peuvent nous aider efficacement. De très bonnes applications nous offrent les textes du jour sans autre effort pour nous que de les consulter.

Le prisme de l’aumône est omniprésent : jamais nous ne recevrons plus de sollicitations que pendant ces semaines. Donner, il faut donner. Je suis d’accord, il faut accepter de se simplifier et de partager.

Le carême est surtout l’occasion de faire le tri et de voir ce qui nous encombre et ce qui nous retient.

Il y a des biens matériels qui sont des prisons, et accepter de s’en séparer peut être salvifique. Et enfin, le prisme du jeûne. Le jeûne qui est devenu une mode. Il y a des jeûnes organisés, des jeûnes accompagnés, des jeûnes pour réveiller en soi je ne sais quelle capacité. Le jeûne du carême n’est pas de cette famille : il est celui de la pauvreté. Le jeûne du pauvre qui ne remplace pas un bout de viande par un poisson hors de prix. Le jeûne qui a pour finalité de faire entrer dans sa vie de la simplicité. Et celle-ci commence par la table qui peut devenir non pas le lieu de la privation, mais celui du choix conscient. Je choisis ce que je mange et je laisse de la place. Parfois simplement à une discussion familiale ou à un ami…

Le Seigneur nous invite à cela sans ostension, dans le secret, car c’est dans le secret que le Seigneur nous espère. Secret de notre prière, de notre disponibilité et de nos choix.

Père Jorge JIMENEZ

Editorial du 23 février 2025 – 7e dimanche du Temps Ordinaire – année C

Ecoutez l’homélie du Père Jimenez

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 6, 27-38

« En ce temps-là, Jésus déclarait à ses disciples : « Je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue. À celui qui te prend ton manteau, ne refuse pas ta tunique. Donne à quiconque te demande, et à qui prend ton bien, ne le réclame pas. Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs en font autant. Si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir en retour, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu’on leur rende l’équivalent. Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants. Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et on vous donnera : c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous. »

Pour moi, c’est impossible !

Effectivement, ce que demande l’Évangile de ce jour paraît irréalisable aux pauvres hommes et femmes que nous sommes.

La barre est trop haute : aimer, faire du bien, pardonner, donner – à la limite à un membre de la famille ou à un ami – , pourquoi pas, mais au tout venant, sûrement pas ! Je vous l’accorde, ma réponse est sans doute un rien excessive, mais ne reflète-t-elle pas ce que nous n’osons dire en public ?L’exigence du Christ n’est pas pour les tièdes. Et, trop souvent, nous sommes des tièdes. Pas de mauvaises gens, pas des profiteurs ou des indifférents, mais simplement des personnes installées, qui protègent leur petit monde parfois acquis à force de travail et de privations.

Alors pourquoi Jésus ne prend-il pas en compte la réalité humaine qu’il est censé connaître mieux que quiconque ? Sans doute parce qu’il la connaît mieux que nous ! Les freins que nous nous mettons ne sont que des peurs que nous imaginons. Bien sûr, il nous arrive d’être déçus par les autres, mais souvent par nous-même. Nous sommes nos premiers ennemis, nous limitons notre possible et nous freinons les capacités que Dieu a mises en nous.

Quand le Christ nous demande de sortir de nos ornières, ce n’est pas pour nous enfermer dans nos préjugés. Il nous demande d’être simplement à son image, nous qui sommes à sa ressemblance. Aimer, pardonner, et ouvrir un avenir, n’est-ce pas le propre des fils et des filles de Dieu que nous sommes ?

Jésus nous invite à entrer dans l’espérance d’un monde où chacun est acteur de l’épanouissement de l’autre. Il y a de nombreux lieux où nous pouvons servir à la promotion de l’homme et de tout homme.

  • Le pardon est le premier, car il est un vecteur efficace de l’amour.
  • Le don est le second, car il est en nous l’œuvre même de Dieu.

C’est avec cette mesure que nous serons jugés : sur notre capacité d’aimer et de nous laisser aimer, et cela ce n’est pas au-delà de nos forces, car c’est notre identité de fils et fille de Dieu.

Père Jorge JIMENEZ

Diocèse de Lyon

Flux L’Evangile quotidien

  • Évangile : « L’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout » (Jn 14, 21-26)

Le saint du jour