Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 14, 23-29
Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.
Jeudi, nous allons célébrer l’Ascension, Jésus ressuscité nous quitte. Il part vers le Père, comme il nous l’a annoncé. Cela fait son deuxième départ. La mort sur la croix, suivie des manifestations du ressuscité, nous nous y étions faits. Il est mort mais toujours là. Mais aujourd’hui, il nous annonce un départ définitif, jusqu’à son prochain retour.
Il y a de quoi en perdre son latin, ou plutôt se demander ce que sa parole veut dire. Il part et il revient. Le Père nous envoie l’Esprit Saint qui nous fera souvenir de tout ce qu’il a dit, et le Père et lui viendront en celui qui garde la parole. Il me semble qu’il nous faut mettre un peu d’ordre dans les propos de Jean de ce jour. Jean situe ce discours au cours du dernier repas, le jeudi saint. Il répond à la question d’un disciple : « A qui vas-tu te manifester ? à nous ou au monde ? »
Il faut avouer que la question est bonne : est-ce à tous, ou simplement à quelques-uns que le Fils va manifester sa présence ? Quel est le critère ultime pour avoir part à la connaissance de Jésus, et qui dit connaissance dit partager la vie éternelle avec Jésus ?
Faut-il être de ceux qui l’ont connu vivant sur les routes de Palestine ?
Faut-il appartenir à un groupe précis ? avec un code et des pratiques ?
Jésus donne une réponse qui nous satisfait et qui à la fois nous laisse perplexes. Il faut l’aimer et garder sa parole. Ces deux mots sont simples et redoutables. Nous savons tous aimer, du moins le croyons-nous. Mais l’amour dont nous parle Jésus est l’amour qu’il nous donne en exemple. Il est contenu dans le « comme » de la prière du Notre Père, le fameux « simul » latin.
Aimer à l’image de l’amour de Dieu pour nous. Un amour de réciprocité, un amour qui engendre la vie, un amour qui n’est pas captatif, un amour qui libère. Cet amour ne peut être que la réponse de l’Esprit Saint en nous. Il est l’amour de Dieu en Dieu, qui nous associe à son amour. Il est le cri de Dieu en nous qui s’adresse au Père dans l’Esprit par le Fils. Aimer nous fait participants du mouvement trinitaire de Dieu.
Garder sa parole, devenir temple de la Parole, voici un autre défi qu’il nous faut relever et dont nous sommes humainement incapables. Si nous pensons que garder la parole est le fait de connaître le livre de la Parole par cœur, nous nous trompons. Nous ne sommes ni des perroquets qui répètent ce qu’ils ont appris, ni des ordinateurs. Garder la Parole veut aussi dire faire vivre la Parole et donc devenir à notre tour Parole vivante. Ce qui est une fois de plus impossible si ce n’est la Parole elle-même qui devient vie en nous. Cette parole n’a pas besoin des mots humains pour se matérialiser, car elle devient vie par elle-même en celui qui en vit par son accueil.
La réponse de Jésus est donc infiniment simple et pourrait se résumer en ces quelques mots : « Laisse-moi vivre en toi, qui que tu sois ». C’est ce que les enfants qui vont recevoir cette fin de semaine la première des communions vont tenter de réaliser par toute leur vie.
Père Jorge JIMENEZ