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Pessah, la Pâque juive, et Pâques tombent cette année aux mêmes dates !
C’est un phénomène très rare, même s’il y a plusieurs siècles un courant chrétien avait souhaité maintenir la concomitance. Pour les juifs, la fête de Pâque tombe toujours le 15 du mois de nisan, le premier de l’année, soit le 15 avril. Côté chrétien, c’est le concile de Nicée en 325 de notre ère qui a mis au point la méthode de détermination de la fête de Pâques. Désireux que cette date tombe un dimanche, jour de la Résurrection, l’Église romaine est partie du jour de l’équinoxe de printemps – le 21 mars –, puis, 14 jours plus tard, de la nuit de la pleine lune. Pâques est fêtée le dimanche qui suit.
Pâque se dit en hébreu « Pessah ».
La plupart des exégètes rattachent le terme au verbe hébreu « pasah » qui signifie « boiter », « danser », « sauter » mais aussi « épargner », « sauver ». Ce dernier sens est certainement celui des chapitres 12 et 13 du livre de l’Exode. « Pessah » est instituée dans l’Ancien Testament la nuit où le peuple hébreu s’échappe d’Égypte, où il a été retenu en esclavage. Le rituel institué à cette occasion implique de tuer un agneau, que l’on mangera et dont le sang sera utilisé pour recouvrir le linteau de la porte de chaque maison, évitant ainsi aux familles israélites d’être victimes de la dixième plaie, quand Dieu éliminera les mâles premiers-nés, enfants et animaux des Égyptiens.
« Ainsi le mangerez-vous … Mangez-le avec précipitation, lui, Pessah, le Saut pour YHVH . » : « Pessah » signifie ainsi « saut ». Au verset 13, on peut lire : « Le sang sera pour vous un signe sur les maisons où vous êtes. Je verrai le sang et je sauterai au-dessus de vous. » Pâque exprime bien l’idée de protection alors que toute une série de catastrophes s’abattent sur l’Égypte…/… Ainsi, la Pâque de l’Ancien Testament préfigure-t-elle, aux yeux des chrétiens, le sacrifice du Christ. C’est pour cela qu’il n’y a pas d’agneau pascal lors de la dernière cène de Jésus avec ses disciples, le jeudi saint. C’est Lui l’agneau, qui nous délivre de nos « esclavages ».
Mais comment expliquer le passage de la Pâque au singulier à Pâques au pluriel ?
Le mystère demeure. L’une des pistes explicatives serait la volonté de marquer l’universalisme en ajoutant un « s ».
Le théologien luthérien Jacques-Noël Pérès émet une autre hypothèse :
« Avant le XVIe siècle, les catholiques parlent de Pâque. Il est possible que, par la suite, on ait ajouté un “s” pour signifier le rituel selon lequel le croyant est tenu de faire “ses Pâques.” Il s’agit alors de se confesser, de recevoir l’absolution pour pouvoir communier une fois dans l’année. Les catholiques procèdent également au lavement des pieds le jeudi saint et font le chemin de croix le vendredi, rituels inconnus des protestants.
La troisième branche du christianisme, l’orthodoxie, applique, elle, un autre calendrier, dit julien, différent du grégorien. C’est pourquoi la Pâque orthodoxe est fêtée 15 jours plus tard. Enfin certains protestants reprennent, lors du jeudi saint, les symboles du « seder », la Pâque juive, pour signifier la filiation entre Ancien et Nouveau Testaments.
Extraits de l’hebdomadaire protestant « Réforme »