Home » Homélies
ÉDITORIAL du 22 juin 2025 – Solennité du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 9, 11b-17
Il y avait environ cinq mille hommes. Jésus dit à ses disciples : « Faites-les asseoir par groupes de cinquante environ. » Ils exécutèrent cette demande et firent asseoir tout le monde. Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction sur eux, les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à la foule. Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés ; puis on ramassa les morceaux qui leur restaient : cela faisait douze paniers.
La nuit est en train de tomber, les foules qui ont suivi Jésus ont assisté, une fois de plus, à un enseignement en actes et en paroles. La proclamation du règne de Dieu ne se fait pas qu’avec des mots. Jésus guérit aussi ceux qui en ont besoin. Le règne de Dieu est là devant eux. Avec eux, il est Jésus.
Comment, pour celui qui prend soin des corps et des âmes, laisser cette foule repartir le ventre vide ? Au désert, Dieu a donné la manne à son peuple. Que donner, à présent ? La solution de facilité est qu’ils se débrouillent par eux-mêmes, le village est proche. La solution de Jésus est de leur donner à manger. Mais comment ? En épuisant les ressources des disciples ?
Jésus ordonne aux disciples de les nourrir. Mais avec quoi ? Il n’y a que ces pauvres pains et ces poissons, une nourriture de misère pour un peuple rassemblé. Et, levant les yeux au ciel, il partage aux disciples les deux pains et les cinq poissons qu’ils distribuent, et il en reste 12 paniers.
Nous savons que chaque indication nous révèle un mystère.
Ils sont cinq mille hommes – cinq est le chiffre de la Loi – présents, soumis à la Loi de la Première Alliance. Cette Loi qui fut donnée par Dieu à Moïse pour son peuple conduit au désert et nourri par la manne.
Il y a cinq pains et deux poissons : nouvelle nourriture, signifiant la Loi de la Nouvelle Alliance, donnée par Jésus, vrai homme et vrai Dieu, au milieu de son peuple. Il lève les yeux au ciel : le Père des cieux va reproduire le geste de la manne pour ce peuple nouveau, en marche à la suite de Jésus.
Il reste 12 paniers. Pour nous. Pour distribuer le pain de vie, le pain de la route, à chaque eucharistie, à ceux qui n’étaient pas présents le jour de la multiplication. Il reste 12 paniers pour l’humanité qui a faim et soif de justice et de vérité, hier comme aujourd’hui, et qui a besoin de force et de consolation.
Il reste 12 paniers pour la consommation des siècles.
Le signe est éminemment eucharistique. Il vient combler l’espérance humaine. Cet évangile suit le rythme de la liturgie. Il est une liturgie.
L’humanité se met à la suite de Jésus qui enseigne et guérit.
La Parole vient fortifier chaque homme, chaque femme.
Nul n’est seul : il y a les frères, qui nous devancent et nous accompagnent. Il y a ceux qui ont pris un peu d’avance et ceux qui nous rattrapent.
Jésus vient nourrir chacun, individuellement, il n’y en a pas un qui soit oublié ou exclu. Tous et chacun, jusqu’à la consommation des siècles, auront part au repas de la vie. Nous en sommes, et les enfants qui communient pour la première fois en cette fin de semaine aussi.
Père Jorge JIMENEZ
ÉDITORIAL du 15 juin 2025 – Solennité de la Sainte Trinité
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 16, 12-15
Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »

Ne trouvez-vous pas que, de dimanche en dimanche, nous avons les mêmes idées qui se répètent ? La semaine dernière, la Pentecôte et aujourd’hui, la Trinité. Les liturges qui ont composé le calendrier veulent que ce mystère s’ancre dans nos esprits et dans nos cœurs.
La Trinité est le plus grand des mystères : comment se fait-il qu’un soit trois ? Essayons de comprendre. Pour cela, il nous faut remonter à l’époque du théâtre grec.
Tous les rôles étaient joués par des hommes et, pour savoir qui menait l’intrigue et qui était homme ou femme, chacun portait un masque. Le nom du masque est « prosôpon », qui a donné le nom « personne ». Ainsi, un seul acteur pouvait avoir plusieurs « prosôpon », soit plusieurs personnes.
Quand la théologie a cherché des expressions pour penser Dieu, elle a naturellement emprunté les concepts environnants, et ainsi est arrivée à la formulation que nous connaissons tous : un seul Dieu en trois personnes. Une fois que nous connaissons l’origine, il nous reste à la comprendre. Saint Jean, dans son évangile, essaie de nous donner des éléments de réflexion.
Il y a le Père qui possède tout, il y a le Fils qui donne et l’Esprit qui fait connaître. Il n’y a pas de hiérarchie divine, mais Dieu se fait connaître de diverses manières. Quand nous prions Dieu, nous englobons les trois personnes de la Trinité. La Trinité est le moyen que Dieu se donne pour que nous puissions entrer en contact avec lui.
Le Père est celui de qui tout vient, il est le créateur, tout vient de lui et tout est à lui.
Il est impressionnant, nous avons du mal à le représenter et à nous le représenter. L’iconographie en fait un sage sur un trône qui domine. Il nous semble difficile de lui demander de nous aider dans notre gestion quotidienne, alors voici le Fils. Jésus est avec nous, il nous l’a promis, il a partagé les routes humaines et a pris soin de ceux qu’il rencontrait, alors il est le bien-venu pour nous aider dans notre quotidien, il est notre compagnon, notre proche.
Quel est donc le rôle de l’Esprit Saint dans cette Trinité ? Écoutons Jésus nous le dire lui-même : «L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître ». L’Esprit Saint est donc le répétiteur, celui qui nous permet de faire mémoire et donc de choisir.
D’une manière triviale, nous pourrions dire que Dieu est le Père qui a tout créé, le Fils qui nous accompagne et l’Esprit qui est demeuré avec nous.
C’est à cette Trinité que nous voyons la délicatesse de Dieu envers sa création. Se faisant proche de chacun, il nous permet d’être en relation avec lui à chaque instant de notre existence. Alors, même si les mots de la théologie nous impressionnent, laissons simplement Dieu nous rencontrer. Si la liturgie se répète, c’est aussi pour nous rendre familiers de ce Dieu qui ne cherche qu’à être en lien d’amour avec son œuvre. Ne le lui refusons pas.
Père Jorge JIMENEZ
ÉDITORIAL du 8 juin 2025 – Solennité de la Pentecôte
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 14, 15-16.23b-26

Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »
Le Défenseur, lui, nous enseignera tout.
À Pentecôte nous cessons donc d’être amnésiques ?
Il est vrai que les temps que nous vivons sont singuliers, comme tous les autres moments de l’Histoire, mais nous vivons aujourd’hui et maintenant, et nous sommes confrontés aux problèmes spécifiques de notre actualité.
Je ne reviendrai pas sur les drames que nous traversons de près ou de loin, les guerres et le nonsens, les lois qui renversent les valeurs et les angoisses qui nous assaillent.
Le Défenseur nous fera souvenir de tout. Je ne sais pas si nous avons envie de nous souvenir de tout cela…
Pentecôte est une création nouvelle.
L’Église prend corps aujourd’hui, le récit que nous livrent les Actes des Apôtres est édifiant. Les Douze, enfermés dans la chambre haute, passent de la peur à l’annonce. Qui pourrait être contre eux si l’Esprit Saint est avec eux ?
La promesse du Christ dépasse largement le cadre de ceux qui s’étaient enfermés. Cette promesse nous concerne tous et chacun, aujourd’hui en particulier.
Il serait bon de prendre un instant pour regarder nos enfermements : qu’est-ce-qui nous retient, quelles sont nos peurs ?
Entre l’Ascension et Pentecôte, nous avons eu dix jours pour nous déterminer. Certes, hier est comme aujourd’hui, rien n’a fondamentalement changé. Et pourtant, si nous le voulons, rien n’est pareil. Nous avons fait un choix qui change radicalement notre vision du monde. Lequel ?
Nous avons accepté de vivre de la Parole de Dieu et d’être le corps du Christ.
Nous ne sommes pas seuls, l’Esprit Saint est avec nous, il nous accompagne et nous informe. Il fait de nous des témoins, des apôtres de ce temps.
Aujourd’hui, des hommes et des femmes, certains même de notre paroisse, vont demander à Dieu de recevoir d’une manière particulière l’Esprit Saint dans le sacrement de la confirmation. Ces adultes, pères et mères de famille investis dans la société, connus et reconnus dans leur travail et leur milieu, compétents et fiables, demandent à Dieu une force complémentaire.
Une force qui va faire d’eux des témoins. Des témoins de la résurrection, des témoins de l’Église, mais surtout des témoins de l’amour de Dieu pour tous et pour chacun. Ils n’ont pas pour vocation d’en faire plus, de quitter leur famille et leurs engagements pour évangéliser hors les murs. Non. Ils ont simplement vocation à devenir un peu plus chaque jour des saints. C’est-à-dire des hommes et des femmes qui se mettent à l’écoute et au service de l’Esprit pour manifester autour d’eux qu’il est possible de vivre heureux en Église, en étant simplement là où le Seigneur les a placés pour témoigner de sa présence et de son amour pour tous.
Père Jorge JIMENEZ
ÉDITORIAL du 1 er juin 2025 – Ascension et 7 e dimanche de Pâques – année C
Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez pour le fête de l’Ascension
Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez pour le 7e dimanche de Pâques
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 17, 20-26
Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde.
Le principe d’unité de Dieu. Il est un : Père, Fils et Esprit ne sont qu’un seul Dieu en trois personnes. Ce qui semble un acquis pour les chrétiens est le plus grand mystère pour les non-chrétiens. Il n’est pas rare d’entendre, de la part de ces derniers, que ceux qui confessent un Dieu trine sont polythéistes.
Un Dieu en trois personnes, voici l’inouï de la foi chrétienne, mais le plus inouï est que le souhait de Dieu est que nous soyons aussi un.
Est-ce à dire que nous sommes plusieurs ? Bien souvent, en plaisantant, nous disons de l’une de nos connaissances « qu’elle est plusieurs dans sa tête ».
Mais la vérité n’est pas que nous sommes plusieurs, mais que nous empruntons plusieurs identités en fonction des personnes et des lieux.
Le problème se situe bien à cet endroit, et si le Seigneur nous demande d’être un comme lui, c’est qu’il souhaite que nous soyons unifiés. En un mot, que nous soyons nous aussi « un ». Il faut donc prendre le temps de regarder qui nous sommes et comment nous sommes.
Qui est ce père – ou cette mère – de famille dévoué, qui, dans le monde professionnel, se découvre comme étant sans foi ni loi ?
Quel est ce cadre investi à fond pour son entreprise, qui, dans sa vie sentimentale, est plus que léger ?
Quel est ce sportif de haut niveau, qui utilise des moyens non réglementaires pour se maintenir au sommet de son sport ?
Les exemples sont multiples et chacun de nous pourrait en ajouter un certain nombre en fonction de nos expériences ou de nos connaissances.
Le Christ nous invite à l’unité. C’est-à-dire que nous soyons, dans tous les aspects de notre vie, unifié.
Mais qu’est-ce que cela veut dire concrètement ?
Je pense que le Christ nous demande d’unifier notre vie autour d’un projet. Le projet qui donne sens à notre existence.
Le Christ a un projet qui nous est révélé dans l’évangile de ce jour : faire connaitre le nom de Dieu. Nous nous rendons compte en parcourant l’évangile que toutes ses paroles et toutes ses actions sont orientées vers ce dessein.
Il ne nous reste plus qu’à définir quel est notre véritable projet. Le définir n’est pas si évident. L’habitude et l’environnement nous ont entraînés là où nous ne voulions pas aller et nous avons emprunté des personnages qu’il est difficile de repérer ou d’abandonner. Pour cela, une solution, celle de Jésus : se tourner vers le Père.
Père Jorge JIMENEZ
ÉDITORIAL du 25 mai 2025 – 6e dimanche de Pâques – année C
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 14, 23-29
Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.
Jeudi, nous allons célébrer l’Ascension, Jésus ressuscité nous quitte. Il part vers le Père, comme il nous l’a annoncé. Cela fait son deuxième départ. La mort sur la croix, suivie des manifestations du ressuscité, nous nous y étions faits. Il est mort mais toujours là. Mais aujourd’hui, il nous annonce un départ définitif, jusqu’à son prochain retour.
Il y a de quoi en perdre son latin, ou plutôt se demander ce que sa parole veut dire. Il part et il revient. Le Père nous envoie l’Esprit Saint qui nous fera souvenir de tout ce qu’il a dit, et le Père et lui viendront en celui qui garde la parole. Il me semble qu’il nous faut mettre un peu d’ordre dans les propos de Jean de ce jour. Jean situe ce discours au cours du dernier repas, le jeudi saint. Il répond à la question d’un disciple : « A qui vas-tu te manifester ? à nous ou au monde ? »
Il faut avouer que la question est bonne : est-ce à tous, ou simplement à quelques-uns que le Fils va manifester sa présence ? Quel est le critère ultime pour avoir part à la connaissance de Jésus, et qui dit connaissance dit partager la vie éternelle avec Jésus ?
Faut-il être de ceux qui l’ont connu vivant sur les routes de Palestine ?
Faut-il appartenir à un groupe précis ? avec un code et des pratiques ?
Jésus donne une réponse qui nous satisfait et qui à la fois nous laisse perplexes. Il faut l’aimer et garder sa parole. Ces deux mots sont simples et redoutables. Nous savons tous aimer, du moins le croyons-nous. Mais l’amour dont nous parle Jésus est l’amour qu’il nous donne en exemple. Il est contenu dans le « comme » de la prière du Notre Père, le fameux « simul » latin.
Aimer à l’image de l’amour de Dieu pour nous. Un amour de réciprocité, un amour qui engendre la vie, un amour qui n’est pas captatif, un amour qui libère. Cet amour ne peut être que la réponse de l’Esprit Saint en nous. Il est l’amour de Dieu en Dieu, qui nous associe à son amour. Il est le cri de Dieu en nous qui s’adresse au Père dans l’Esprit par le Fils. Aimer nous fait participants du mouvement trinitaire de Dieu.
Garder sa parole, devenir temple de la Parole, voici un autre défi qu’il nous faut relever et dont nous sommes humainement incapables. Si nous pensons que garder la parole est le fait de connaître le livre de la Parole par cœur, nous nous trompons. Nous ne sommes ni des perroquets qui répètent ce qu’ils ont appris, ni des ordinateurs. Garder la Parole veut aussi dire faire vivre la Parole et donc devenir à notre tour Parole vivante. Ce qui est une fois de plus impossible si ce n’est la Parole elle-même qui devient vie en nous. Cette parole n’a pas besoin des mots humains pour se matérialiser, car elle devient vie par elle-même en celui qui en vit par son accueil.
La réponse de Jésus est donc infiniment simple et pourrait se résumer en ces quelques mots : « Laisse-moi vivre en toi, qui que tu sois ». C’est ce que les enfants qui vont recevoir cette fin de semaine la première des communions vont tenter de réaliser par toute leur vie.
Père Jorge JIMENEZ
Dimanche 18 mai 2025 – 5° dimanche de Pâques
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 13,31-33a.34-35.
Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Vous me chercherez, et, comme je l’ai dit aux Juifs : “Là où je vais, vous ne pouvez pas aller”, je vous le dis maintenant à vous aussi. » Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »

Le commandement nouveau. L’évangile nous fait vivre une fois de plus le drame du Jeudi saint. Les douze entourent Jésus, Judas vient de sortir : « Ce que tu fais, fais-le vite » vient de lui dire Jésus. Le processus est en marche, il est inéluctable. Cette parole va enclencher la trahison de Judas, les procès, la crucifixion. Mais aussi la glorification du Fils et du Père par la mort et la Résurrection. La gloire de Jésus n’est pas sa renommée, c’est d’ailleurs celle-ci qui est en cause. La gloire de Jésus est ce que nous ne pouvons pas quantifier, c’est en quelque sorte sa qualité d’être, sa densité de présence.
Dans l’Evangile de Jean, Jésus se révèle comme étant le maitre de son histoire. Il ne peut être davantage lui-même que quand il décide de donner sa vie. A cet instant il révèle la nature profonde de son être. Il est là pour la glorifier Dieu.
La Gloire de Dieu passe par cette ultime étape. Il ne reste plus qu’à Jésus de donner ses ultimes recommandations : « Aimer vous les uns les autres ». Il ne s’agit d’un appel à la lutte, ni des paroles d’encouragement ou de résignation. Il n’en veut ni à Judas, ni aux puissances en place. La gloire de Dieu doit passer par la mort. Sinon comment la résurrection sera-t-elle manifestée ?
Le commandement de l’Amour est le seul qui puisse sauver le monde et chaque personne. Nous sommes témoins de trop de haine, de trop de violence pour ne pas croire que seul l’amour peu transformer le monde. Si nous sommes honnêtes avec nous même, que cherchons-nous en vérité, être aimé et aimer. Parfois, nous nous trompons de moyens et considérons que l’avoir, que la puissance remplace l’amour. Mais non.
Si Jésus nous donne ce commandement nouveau, ce n’est pas pour faire de nous des personnes mièvres et sans personnalité, mais au contraire il veut faire de nous les héros d’un monde nouveau. Le commandement de l’amour est le moyen que Jésus donne à chacun de ses membres pour transformer le vieil homme en homme nouveau, cette vielle terre en terre nouvelle. Mais ce commandement suppose que nous acceptions de nous laisser convertir, et que nous gagnons nous aussi un peu plus de présence et de qualité d’être. L’Amour doit devenir notre identité véritable.
Jorge JIMENEZ
ÉDITORIAL Dimanche 11 mai 2025 – 4° dimanche de Pâques
Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 10,27-30.
En ce temps-là, Jésus déclara : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN. »

Le père et moi nous sommes un. Voilà une affirmation qui nous questionne. L’unicité de Dieu est affirmée par Jésus en réponse à une question des juifs, es-tu le Christ ?
Nous sommes sur notre faim, la réponse n’est ni oui, ni non. Jésus fait comme à son habitude un détour pour nous mettre au centre de la question. Si nous étions des brebis, aurions-nous besoin d’une réponse, l’évidence s’imposerait d’elle-même et nous saurions en qui nous avons mis notre foi. Mais nous ne savons pas comme les brebis, nous ne sommes pas à l’écoute de Jésus, nous sommes des questionneurs. Il nous faut sans cesse poser des questions avant de pouvoir nous déterminer. Les réponses qui nous sont faites la plupart du temps ne nous rassurent pas et suscitent d’autres questions et ainsi de suite jusqu’à la fin des temps. Le questionneur n’est pas un écoutant. Au lieu d’accueillir le réponse le questionneur formule sa prochaine question ce qui l’empêche d’accueillir simplement les réponses qui sont faites.
Jésus répond aux juifs qu’ils ne sont pas dans le bon enclos, mais l’ont-ils entendu ?
Cette réponse est aussi la réponse qu’il nous fait. Sommes-nous dans le bon enclos et sommes-nous des brebis dans la main de Jésus. Là non plus la réponse n’est pas évidente ce n’est ni oui ni non.
On pourrait presque faire une réponse de normand, ou de compromis, cela dépend.
Il en va de notre capacité d’écoute. Ecoutons nous vraiment et totalement la voix de Jésus. Combien de fois nous ne retenons que ce qui va dans notre sens, Nous sommes d’accord avec le Christ quand il partage notre avis. Je veux bien être une brebis quand je choisi mon enclos et par conséquence les contraintes qui me conviennent. Les autres je n’en veux pas. D’ailleurs combien de fois entend on au sujet de l’Eglise qui porte la parole de Jésus : elle se trompe, elle est trop exigeante, elle n’a rien compris, il faudrait qu’elle… je vous laisse le loisir de compléter la phrase.
Je passe du Christ à l’Eglise comme du Fils au Père. Ils ne font qu’un, nous aussi nous ne faisons qu’un avec l’Eglise. Nous sommes l’Eglise c’est-à-dire la manifestation du Christ dans ce monde. Certes d’un point de vu individuel nous pouvons nous tromper et faire des erreurs parfois insoutenables, mais l’Eglise comme œuvre de Dieu est celle qui réunit toutes les brebis qui écoutent la voix. L’Eglise, qui ne peut se réduire à celle que nous connaissons ou que nous fréquentons, ne peut être dans l’erreur car elle est manifestation du fils. C’est bien là le paradoxe qu’il nous faut accueillir dans la foi. L’église peut, en ses membre, être dans l’erreur mais pas dans sa finalité car elle est le corps du Christ qui ne fait qu’un avec le Père sous la conduite de l’Esprit saint.
Jorge JIMENEZ
Veillée Pascale et dimanche de Pâques 2025
Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez pour la veillée pascale
Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez pour le dimanche de Pâques
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 20, 1-9
Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.

ÉDITORIAL du 20 avril 2025 – Dimanche de Pâques
Nous venons de vivre la semaine la plus intense de l’année. La liturgie de ces derniers jours ne nous a rien épargné. Le Triduum pascal s’est achevé il y a à peine quelques heures. Nous l’avions commencé jeudi avec la messe de la cène, nous avons suivi le Christ au jardin du pressoir et entendu le cri qui a déchiré nos cœurs ce vendredi.
Puis rien. Plus rien. Le Fils de Dieu est mort, et Dieu avec lui. C’est la victoire du néant.
Marie Madeleine doit prendre soin du corps de cet homme, il a été si important pour elle. Il lui a rendu la dignité qu’elle avait perdue. Une parole, un geste, un regard ont suffi à Marie Madeleine. La voilà toute affolée : non seulement celui que son cœur aime est mort, mais il n’est plus là où on s’attendait le trouver.
Nous aussi ce matin, nous sommes un peu hagards, la nuit a été courte, ou trop longue. Nous nous réveillons avec la même question qui hante l’humanité depuis des siècles : où est le corps de Jésus ? a-t-il été enlevé ou est-il ressuscité ?
Nous n’aurons pas d’autre réponse que celle de la foi.
Pierre et Jean voient la même chose dans le tombeau. Il n’y a plus rien, sauf quelques linges.
Pierre continue sa réflexion. Tout est là, sauf lui. Que s’est-il donc passé ?
Jean voit et croit. Il ne réfléchit pas. D’ailleurs, à quoi bon… N’était-il pas prêt à cette confession de foi : Jésus est ressuscité d’entre les morts ?
Nous avons, dans cette scène, trois attitudes :
- celle de Marie Madeleine, troublée et affolée. Elle va chercher des réponses auprès des disciples. Il lui faut une confirmation, il lui faut la parole d’un frère, il lui faut la consolation du témoignage pour pouvoir accueillir ce qui vient bouleverser toutes les certitudes.
- Il y a Pierre, qui fait ce qu’il faut, qui voit ce qu’il y a à voir, mais dont le cœur est lent à croire. Tous les éléments sont présents, mais comment accepter ce qui a été annoncé ? Il lui faut faire le pas de la foi.
- C’est celui que Jean fait, sans se poser de question. Il croit. C’est tout aussi difficile de croire à partir de rien que de croire à partir de tout.
- Nous sommes les générations qui doivent croire à partir de rien. Nous n’avons pas le contact de Jésus.
- Il ne nous a pas pris sous son aile pour nous initier à la réalité de la résurrection.
- Nous sommes de cette génération qui doit accueillir le témoignage de ses aînés : ils ont cru. Et nous sommes là, témoins de la foi en Jésus Christ.
- Nous sommes cette génération qui a le devoir de transmettre la foi. Qui doit consoler les cœurs brisés et ouvrir à l’espérance.
- Le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité.
Nous sommes les générations qui doivent croire à partir de rien. Nous n’avons pas le contact de Jésus.
Il ne nous a pas pris sous son aile pour nous initier à la réalité de la résurrection.
Nous sommes de cette génération qui doit accueillir le témoignage de ses aînés : ils ont cru. Et nous sommes là, témoins de la foi en Jésus Christ.
Nous sommes cette génération qui a le devoir de transmettre la foi. Qui doit consoler les cœurs brisés et ouvrir à l’espérance. Le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité.
Père Jorge JIMENEZ
ÉDITORIAL du 13 avril 2025 – Dimanche des Rameaux et de la Passion
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 22, 14-71.23,1-56
Quand l’heure fut venue, Jésus prit place à table, et les Apôtres avec lui. Il leur dit :« J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir ! Car je vous le déclare : jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle soit pleinement accomplie dans le royaume de Dieu. » […]
C’était le jour de la Préparation de la fête, et déjà brillaient les lumières du sabbat. Les femmes qui avaient accompagné Jésus depuis la Galilée suivirent Joseph. Elles regardèrent le tombeau pour voir comment le corps avait été placé. Puis elles s’en retournèrent et préparèrent aromates et parfums. Et, durant le sabbat, elles observèrent le repos prescrit.

Ils sont treize à table, quatorze, ou plus. Il y a Jésus, les douze, sans doute quelques amis et des femmes. La cène est un repas traditionnel, il ne faut pas limiter le nombre de convives. Bien que nous ayons tous en tête les diverses représentations de la cène, il faut ouvrir notre esprit à ceux qui pourraient être là. Ce ne sont pas les disciples, ce pourrait être nous.
Nous vivons deux moments d’une intensité maximale en une seule et même liturgie. Après l’entrée messianique, Jésus sur un ânon qui franchit les portes de la ville, où tous l’acclament, le voilà quelque temps après au repas de Pâques, au jardin de Gethsémani, au prétoire, dans les ruelles de la ville, au Golgotha, puis sur la croix.
Jésus n’est plus jamais seul. Jésus est entouré de personnes, de cris, de larmes, d’injures et de soupirs.
Tous ceux qui sont là ont un avis sur la question. Ils sont pour, ils sont contre. Il y en a même qui n’ont pas d’avis. Jésus est un condamné de plus. On ne peut s’empêcher de regarder, quelle que soit notre situation. Il y a le spectacle et c’est bien normal.
La lecture de la passion est longue. Nous l’écoutons en silence, recueillis. Nous visualisons le moment. Nous pouvons même sentir une émotion naître en nous. Une larme, la gorge nouée… Que se passe-t-il pour que ce texte que nous connaissons provoque en nous une réaction ?
Nous sentons-nous impliqués, devant ce qui se déroule sous nos yeux ? Et si, pour une fois, nous acceptions de vivre le triduum pascal dans le regard d’un participant de ce fameux moi d’avril de l’an trente ?
Choisissons un personnage, un que nous connaissons bien, ou un inconnu. Le récit nous en livre des dizaines. Devenons pour une semaine Pierre, Jean, Marie, Simon de Cyrène, une des servantes, et pourquoi pas Pilate ou l’un des condamnés. Laissons les bruits retentir dans nos oreilles, les paroles se graver dans nos cœurs, les émotions jaillir en nous.
Vivons cette semaine comme notre semaine. Nous l’attendons depuis si longtemps, ne laissons pas passer cet évènement sans le vivre de l’intérieur.
Père Jorge JIMENEZ
ÉDITORIAL du 6 avril 2025 – 5 e dimanche de carême – Année C

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 8, 1-11
Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre. Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre. Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu. Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »

La femme adultère.
Le piège est parfait, Jésus ne peut que la condamner. En autorisant la lapidation, il respecte la loi, mais il se trahit lui-même. Tous vont se demander où est la miséricorde et le pardon, cœur de la prédication de ce nouveau rabbin, ici devant le temple. La conclusion est sans ambages : Jésus n’est qu’un beau parleur et les personnes présentes à la scène doivent se retourner contre lui.
Si Jésus lui pardonne, c’est la loi de Moïse qu’il trahit, la sanction est sans appel, les scribes et les pharisiens ont enfin le motif de condamnation. Jésus est perdu !
Mais il se tait, il ne dit rien. Jésus a-t-il peur ? Il se baisse, sans doute pour se mettre au niveau de cette femme traînée à terre par les puissants ? Et il écrit du doigt par terre. Le monde est sa tablette et c’est sur cette terre qu’il écrit la loi nouvelle. Il écrit ou il compte. Jésus sonde le cœur des hommes.
Trouvera-t-il dix justes pour qu’une sentence juste puisse s’appliquer ?
Jésus se relève, se redresse, il regarde cette foule dans les yeux. Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre. C’est une invitation, un jugement et une libération. Une invitation : Jésus invite chacun à un examen de conscience, les plus anciens se retirent les premiers, non pas parce qu’ils sont les plus pécheurs, mais parce qu’ils ont conscience de la somme de leurs péchés. Les autres suivent, et c’est bien naturel.
Un jugement : cette femme est acquittée par ce tribunal populaire. Le cœur du peuple a parlé. Chacun reconnaît ses manquements à la loi, grands ou petits, la loi ne fait pas de différence. Il n’y a que l’amour qui en fait une.
Une libération : pour la femme que nul ne condamne, pas même Jésus, mais pour chacun de nous témoins de cette scène. Jésus nous dit à travers elle : « Moi non plus, je ne te condamne pas, va et désormais ne pèche plus. » Jésus nous libère tous et chacun par cette parole, il ne retient pas nos fautes. Il nous invite à les regarder en face. Il nous invite à les regretter et il nous pardonne, mais surtout il nous envoie. Ce tout petit mot ouvre à un avenir. La femme s’est maintenant relevée, et elle va pouvoir vivre de nouveau. Jésus ne la réduit pas à ses actes, il lui ouvre un demain possible. Le pardon n’est pas une parole magique, mais un acte de recréation.
Dieu ne nous enferme jamais, son regard n’est en rien celui de l’inquisiteur mais celui de l’amour. Qui sait si cette femme n’a que trop ou trop mal aimé ? Le regard de Jésus lui offre un véritable amour qu’il ne faudra plus trahir. Pour chacun de nous, il en est de même.
Père Jorge JIMENEZ