Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 3, 1-12
« Produisez donc un fruit digne de la conversion. N’allez pas dire en vous-mêmes : “Nous avons Abraham pour père” ; car, je vous le dis : des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham. Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu.
Moi, je vous baptise dans l’eau, en vue de la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Il tient dans sa main la pelle à vanner, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera son grain dans le grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. »

La parole de Jean est rude, nous sommes bien loin du monde édulcoré auquel veulent nous faire croire les marchands de rêve. Noël est la fête des enfants. Pour bien la préparer, il faut acheter, beaucoup acheter pour faire beaucoup plaisir.
La parole de Jean est d’un autre registre, bien plus fondamental. Il est question de notre salut. Le voici celui qui vient et dont il n’est pas digne de retirer les sandales, comprenez d’être son esclave. Jean ne baptise que dans l’eau. Celui qui vient baptise dans le feu et l’Esprit Saint.
Le baptême de Jean est un baptême de conversion. Celui qui vient administre un baptême de recréation. Mais quelle est donc cette différence ?
Notre vie n’est pas si mauvaise après tout, nous n’avons fait de mal à personne, voire même, nous essayons de faire du bien. Nous avons reçu le baptême, nous sommes membres de l’Église. Toutes les semaines ou presque, tous les jours ou presque, nous pensons à Dieu, nous prions, alors pourquoi une telle dureté dans les propos de Jean ? De telles réflexions semblent légitimes. Pourtant, si nous prenons le temps de tout peser, nous arrivons à cette conclusion : nous sommes pratiquement catholiques, à défaut d’être pleinement catholiques pratiquants.
Le voici celui qui vient. Nous sommes habitués à cette phrase, à ce concept. Le Christ vient dans la crèche la nuit de la Nativité et nous nous faisons des cadeaux. Il meurt à Pâques et nous mangeons du chocolat. Nous faisons tout comme il faut ! Le Christ devient la justification de notre agir et non pas le moteur de notre action.
L’évangile est bien plus exigeant que ce que nous en avons fait.
Jean le Baptiseur nous dépeint le Seigneur comme celui qui rétablira toutes choses.
La cognée se trouve à la racine des arbres, prête à éliminer ce qui ne produit pas de fruits.
C’est maintenant que la véritable question se pose : quels sont les fruits que je produis ?
Le Christ va-t-il me garder ou me jeter au feu ? Suis-je paille ou bon grain ?
La préparation que nous offre l’Avent n’est pas une période de repos. Il y a du tragique dans ce temps, il y a le tragique d’une conscience qui se croit bonne et qui oublie l’exigence de fécondité exigée par le Christ.
Préparer les fêtes de la Nativité, c’est avant tout répondre aux questions exigeantes de la vie chrétienne et, calmement mais en vérité, accepter de se convertir au Christ qui vient nous recréer.
Père Jorge JIMENEZ