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ÉDITORIAL du 5 mai 2024 – 6ème dimanche de Pâques

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 15, 9-17

Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître.

Le commandement de l’amour.
Le plus grand de tous et le plus difficile.
Nous avons tous, à un moment ou à un autre de notre vie, utilisé le verbe aimer. Il est évident que nous aimons nos enfants, nos parents, notre conjoint, voire notre pays, ou le chocolat, mais toutes ces amours ne recouvrent ni la même réalité ni notre engagement au même degré.
Jésus nous fait entrer dans la réalité de son amour. Le premier qui nous aime, c’est lui. Nous ne faisons que répondre à son amour. Jésus tient sa capacité d’aimer de son Père qui lui a enseigné ce que l’amour vrai signifie.
Nous pourrions relire la Bible avec cette grille de lecture : qu’est-ce qu’aimer veut dire pour Dieu ? Nous serions surpris des réponses que nous donne la Première Alliance. L’amour se reçoit, c’est un don, il naît d’une parole, c’est une promesse, il engage à une fidélité et demande de faire mémoire. Il y a bien d’autres enseignements sur l’amour que nous donne l’Ancien Testament, et nous sommes tous invités à les découvrir.
Quand Dieu aime, il s’engage et tient sa parole. Le livre de la Genèse nous montre un Dieu créateur qui s’engage et qui se souvient. Il invite à faire alliance avec lui. Cet amour exige la vérité, laquelle lie les membres qui s’engagent. Le lien avec Dieu est à l’image de Dieu. Si Dieu nous aime d’un amour éternel, nous sommes alors capables d’aimer comme Dieu.
Aimer peut nous conduire à donner la vie, mais aussi à donner sa vie.
Le don de la vie a deux facettes : l’une est du domaine de l’accueil et l’autre est du domaine de l’offrande. Ce sont les deux faces d’une même pièce.
C’est dans ce double mouvement que nous comprenons jusqu’où va l’amour du Christ et jusqu’où nous sommes invités à nous donner.
« Ce que je vous demande c’est de vous donner les uns aux autres » pourrait-on plagier. La grandeur de l’amour se trouve dans le don vrai et total. Si nous vivons pleinement cette forme de don, Dieu ne peut qu’écouter la demande de son Fils qu’il formule par notre bouche. Dieu, comme tout père aimant, ne refuse rien au fils que nous sommes alors devenu.
L’amour porte du fruit et le fruit de l’amour, c’est le don. Nous le voyons en contemplant le Christ. Devenant à notre tour image et ressemblance du Christ, nous saisissons le sens de l’offrande de sa vie et du service du jeudi saint. « Comprenez-vous ce que je viens de faire ? » nous demande-t-il.
Que pouvons-nous, aujourd’hui, lui répondre ?
Père Jorge

ÉDITORIAL du 28 avril 2024 – 5 e dimanche de Pâques

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 15, 1-8

« Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous. Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples. » .

La promesse n’est-elle pas belle ? « Demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous ».Et l’on ne cesse de demander… Curieusement, rien ne se passe. En fait, notre volonténe se réalise pas, il y a comme un hiatus entre la promesse faite et sa réalisation.La promesse du Christ ne se réalise pas, et notre foi en lui est mise à mal par cette incertitude. Le Dieu de Jésus-Christ doit faire ce qu’il dit : il n’est pas possible que Celui qui se présente comme le chemin, la vérité et la vie ne réalise pas sa parole.

Au cours d’une récente conférence d’une théologienne, Mary Healy, lors de son passage à Lyon, la question de la réalisation des promesses a été posée par un auditeur. La réponse a été très concise – voire un peu brutale – à savoir que la réalisation des demandes est soit immédiate, soit différée, soit pour la vie éternelle.

Cela satisfait le théologien, mais pas forcément les êtres humains que nous sommes et qui aspirent à la réalisation de ces demandes à courte échéance. Si Dieu ne ment pas, pourquoi cet ajournement ?

Il se peut simplement que nous ayons oublié le premier membre de la réponse de Jésus : « Si vous demeurez en moi ». La condition de réalisation se trouve dans cette proposition du Christ de demeurer en lui. Le défi de la vie chrétienne réside dans cette assertion. D’ailleurs, les mots ‘demeure’ et ‘demeurez’ reviennent plusieurs fois dans l’évangile de Jean, ils sont le lieu de la rencontre et de la stabilité « Maître, où demeures-tu ? » (Jn 1, 38) « Venez et voyez » (Jn 1, 39). Ce thème est présent dès les premières lignes de cet évangile. Le problème ne se situe pas dans la réalisation des promesses mais dans notre adhésion à la personne du Christ. Notre foi est chrétienne, c’est-à-dire que nous croyons en Jésus Fils de Dieu fait homme, et non pas à une somme de valeurs – aussi belles et utiles qu’elles soient – mais à la suite d’une personne à laquelle nous devons être attachés. Pour reprendre l’image de la vigne : greffés.

Nous avons tous tendance à nous conformer à l’application d’une loi, d’un code, d’une morale. Si nous réalisons les préceptes de la loi, nous sommes dans le comportement juste et Dieu doit nous obéir. Nous avons un lien marchand à Dieu : je fais et tu dois faire. Mais dans la relation au Christ, nous ne sommes pas dans le registre commercial. Le lien amical, le lien du cœur à cœur, ne peut se satisfaire d’un rapport d’obligation réciproque : nous entrons dans un autre lien, bien plus subtil, bien plus existentiel.

C’est ce lien qu’il nous faut trouver et développer. Alors nous verrons, comme par surprise, que le Dieu de Jésus-Christ satisfait sans attendre nos justes demandes, comme un ami qui fait ce qui lui est possible pour son ami, comme un père pour ses enfants.

Père Jorge JIMENEZ

Editorial – Dimanche 21 avril 2024 – 4e dimanche de Pâques

Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez

ÉDITORIAL du 14 avril 2024 – 3ème dimanche de Pâques

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 24, 35-48


Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ? »


Un spectre ne mange pas ! Mais, en même temps, un homme n’apparaît pas dans une pièce
fermée ! Alors, quel est le statut de Jésus ?
Il est Ressuscité ! La réponse est facile, en particulier dans le temps de Pâques.
Le corps de Jésus donne à voir ses plaies. Il s’agit bien du crucifié qui se présente devant eux.
La frayeur des disciples est compréhensible, et je suis sûr que nous la partagerions si nous
étions avec eux dans la salle haute.
Jésus se fait reconnaître une fois de plus, comme il l’a fait à Marie Madeleine, aux disciples
d’Emmaüs, ceux-là mêmes qui sont en train de raconter leur rencontre aux apôtres.
Jésus se fait reconnaître, c’est donc qu’il est différent de sa vie terrestre, tout en étant le même.
La résurrection imprime donc sa marque sur le corps de celui qui en est bénéficiaire, le Christ
lui-même en l’occurrence. Notre corps charnel est marqué par les épreuves de la vie, les joies et
les souffrances en particulier.
Mais le corps de résurrection, comment peut-on avoir une idée de ce qu’il sera ?
Certains parlent du corps de gloire, qui a passé l’épreuve de la vie, qui est transformé par
l’amour de Dieu, qui se manifeste en la résurrection.


Parfois, je demande aux personnes qui me posent cette question de faire l’expérience suivante :
fermez les yeux, pensez à une personne qui est décédée et que vous avez vraiment aimée. Que
voyez-vous d’elle ? Ses rides, ses douleurs, ses imperfections ? Non, bien évidemment …

Le corps que votre cœur a gardé en mémoire est sans doute sans rides ni taches, il est ce corps
glorieux que vous voyez pour elle. Et sans doute vous avez raison.


Le corps que Jésus donne à voir est de ce registre et il a l’air d’être différent pour chaque
manifestation du ressuscité, car le lien est particulier pour chacun.
Je n’irai pas beaucoup plus loin sur ce sujet, mais j’ai envie d’en tirer avec vous ces deux
réflexions :
Le Christ a besoin de se faire reconnaître. Soit nos yeux sont aveugles, soit il est différent, sans
doute un peu des deux. Je pense qu’il faut faire un effort pour reconnaître le Ressuscité. J’en
tirerai la leçon suivante : il nous faut être participants de cette rencontre. Jésus se donne à voir,
mais il nous faut vouloir le rencontrer. Combien de fois sommes-nous passés à côté de lui et nos
yeux étaient aveugles… Demandons au Seigneur de nous ouvrir les yeux et le cœur à sa
présence.

Ma seconde réflexion, plus triviale, est que la résurrection n’a rien à voir avec la littérature
concernant les spectres, les fantômes et divers ectoplasmes plus ou moins spirituels. La
résurrection du Christ est une réalité qui nous ouvre un avenir où nous serons honorés dans
notre corps
, seul lieu de rencontre entre les hommes, seul lieu de manifestation de l’amour
humain, seul véritable désir de Dieu pour nous.


Père Jorge JIMENEZ

ÉDITORIAL du 7 avril 2024 – 2e dimanche de Pâques – Dimanche de la Miséricorde

Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 20, 19-31

Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.

Thomas et le risque de la foi…
Je crois que nous avons tous un faible pour Thomas. Il est celui qui nous dit d’une manière toute particulière que croire n’est pas une évidence.
Le Christ est mort et a été enseveli, cela ne fait aucun doute : les témoins sont nombreux, tout Jérusalem était là. Quelques femmes sont allées prendre soin du corps et la pierre était roulée. Le doute commence à s’immiscer. Pierre et l’autre disciple se sont rendus auprès du tombeau et ils n’ont rien vu. L’un a cru, l’autre on ne sait toujours pas. Il y a certaines personnes qui disent l’avoir reconnu, pourquoi pas…
Mais moi, quelle preuve ai-je que le Christ est vivant ?
L’interrogation de Thomas est aussi la nôtre. Notre foi, aussi forte que nous puissions la proclamer, est toujours fragile.
Pourquoi notre temps, comme tous les temps d’ailleurs, est-il à la recherche de preuves ? Saint Thomas n’est que le premier.
Depuis saint Anselme, en passant par Kant ou saint Thomas d’Aquin, beaucoup ont essayé de prouver que Dieu existe.
Le saint suaire est-il une preuve de la résurrection ?
Si oui, alors pourquoi y a-t-il encore des personnes athées et d’autres religions ?
La question nous met un rien mal à l’aise. La foi n’a pas besoin de preuve sinon ce ne serait pas la foi, mais le savoir. Je sais que Dieu est vivant.
Cette phrase fait aussi mal aux entournures.
La seule chose que je sais est ce que la Tradition m’a transmis. Je crois parce que d’autres avant moi ont cru.
Et là, il se passe quelque chose d’inouï : j’accepte que mon intelligence devienne servante de ma foi. Cet acte est essentiel. Je n’ai pas de preuves, je n’ai pas de savoir, les témoignages que j’ai me suffisent et l’expérience que je fais me suffit. La foi vient recouvrir le doute.
C’est le chemin de Thomas, il passe par le témoignage des disciples, la demande de preuve et sa propre expérience de rencontre avec le Ressuscité avant d’abandonner sa superbe.
Peu d’entre nous parcourrons la totalité du chemin de Thomas. La rencontre en chair et en os de Jésus est fort improbable : c’est pourquoi le Christ s’adresse directement à nous dans cet évangile : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ».
Père Jorge JIMENEZ

ÉDITORIAL du 31 mars 2024 – Dimanche de Pâques

Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez pour la veillée Pascale

Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez pour le dimanche de Pâques

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 20, 1-9.

C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut.
Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.

Elle court, elle court vite.
Marie Madeleine ne peut s’empêcher de courir vers Simon Pierre et l’autre disciple.
Nous savons tous que cet inconnu est le rédacteur de l’évangile, l’apôtre Jean, celui que Jésus aimait, mais comment se nommer soi-même dans cette aventure qui est celle de la foi …
Elle court, et eux aussi se mettent à courir, comme s’il y avait une urgence : la parole de Marie Madeleine a provoqué en eux un trouble. A-t-on volé le corps ? Que s’est-il passé ? Leur maître est mort, ils l’ont vu sur la croix, ils l’ont accompagné dans ce tombeau neuf, la pierre a été roulée et deux gardes ont veillé toute la nuit. Que vient nous dire cette femme ?
Ils courent, il y a urgence.
Les voilà tous deux face à cet impossible. La pierre est roulée. Pierre regarde et ne voit que ce qui est matériel, les linges pliés. L’autre disciple ne voit rien, et il croit.
Ces mêmes linges, posés à plat, n’ont pas la même signification pour les deux disciples. Pour l’un, ils n’évoquent rien, pour l’autre ils sont le signe d’une absence.
Jésus n’est plus là. Il est parti, il a mis de l’ordre. Tout est à sa place. Tout est accompli.
Si Jésus n’est plus là, c’est que sa parole a dit vrai. ‘Je ressusciterai d’entre les morts, je me réveillerai de la mort’. Il l’a fait. S’il n’est plus là, c’est qu’il est ailleurs. A-t-on déjà vu des morts quitter leur tombeau ? Jésus est donc vivant.
La foi de Jean est surprenante, elle se base sur la relation qu’il avait entretenue avec Jésus. Ce n’est pas son intelligence qui déduit des objets la véracité de la résurrection.
Nulle intelligence ne peut déduire d’un lieu vide et rangé, la résurrection. Il n’y a que le lien de confiance et d’amour qui peut voir, dans le rien, la vérité d’une parole.
Jean aime et nous invite à aimer. Jean laisse son coeur s’exprimer. Il crut.
Il y a déjà quelques années que nous assistons fidèlement à l’office de Pâques. Nous faisons nos pâques, comme la tradition nous demande de le faire. Mais que faisons-nous au juste ? Un acte social, obéir à une règle ou répondre à une exigence d’amour.
Faire ses pâques, ce n’est pas assister à une messe une fois par an, pour être en règle, c’est accepter de faire un passage.
Pâques est le passage du peuple juif de l’esclavage à la terre de liberté, ils ont traversé la mer. Pour le Christ, c’est le passage de la mort à la vie, il a traversé notre ennemi héréditaire. Et pour nous, quel est le passage que nous sommes invités à faire cette année ? Allons-nous traverser le doute, l’habitude, les convenances, pour devenir disciples du Ressuscité ?
Le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité !

Père Jorge JIMENEZ

ÉDITORIAL du 24 mars 2024 – Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur

Ecouter l’homélie du Père Jorge Jimenez

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 14, 1-72.15, 1-47

La fête de la Pâque et des pains sans levain allait avoir lieu deux jours après. Les grands prêtres et les scribes cherchaient comment arrêter Jésus par ruse, pour le faire mourir.

Cet évangile me fait toujours pleurer.
Une paroissienne, qui peu à peu devient une amie, m’a fait cette réponse quand je lui ai demandé sur quel passage je pouvais faire mon édito du dimanche des Rameaux et de la Passion : « On ne peut pas tronçonner ce texte … » Elle a totalement raison et je dois avouer que moi aussi, pendant longtemps, et aujourd’hui encore, je ne peux entendre ou proclamer cet évangile sans ressentir une vive émotion proche des larmes. Cet évangile est un tout, comme l’est le Triduum pascal dans lequel nous entrons ce dimanche.
Peut-on rester insensible devant les outrages que le Christ subit, rester de marbre devant le déroulement inique qui, inéluctablement, conduira le juste au gibet de la croix…
La Passion de notre Seigneur Jésus Christ. La proclamation de l’Evangile se fait sobrement, souvent à plusieurs voix, sans emphase, ni encens, ni luminaires.
Le prêtre seul à l’autel et les autres lecteurs aux divers ambons.
Cette proclamation est revêtue de dignité et de majesté. Nous sentons que ce texte a une portée différente, il a une place à part dans les évangiles. Dans la Passion se joue une part de notre humanité. Nous sommes acteurs de ce texte. Certes, voici environ 2000 ans que la Passion a eu lieu. Alors pourquoi ce texte a-t-il toujours un tel impact sur nous ?
Il ne s’agit pas d’une émotion de théâtre qui, comme de nombreux spectacles, n’imprime aucune marque en nous. La Passion laisse une trace sur ses auditeurs. Nous sommes plongés dans la scène. Nous sommes invités au dernier repas. Nous voici au Jardin des Oliviers, les psaumes sur les lèvres et au cœur, nous entendons dans la nuit le bruit des armes des Romains et les paroles murmurées par Judas.
Nous assistons, terrifiés comme Pierre, au procès et nous sommes témoins de la lâcheté humaine, de la nôtre en tout premier lieu. Qu’aurais-je dit, qu’aurais-je fait ?… Sans doute rien de plus que les disciples emmurés dans leur terreur. Pourquoi lui ?! Il n’a rien fait ! Mais surtout pas nous, qui ne faisons rien.
Compagnons de silence au pied de la croix.
Le Christ, grand prêtre, donne sa vie en sacrifice, et nous qui chantions sa gloire il y a quelques instants aux portes de Jérusalem, nous voici maintenant seuls. Notre Dieu est mort.
Allons-nous nous rendre devant le tombeau comme les saintes femmes … ?
Allons-nous reprendre le chemin de notre routine … ?
Allons devenir disciples du vivant.


Père Jorge JIMENEZ

ÉDITORIAL du 17 mars 2024 – 5ème dimanche de Carême – année B

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 12, 20-33

« L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié.
Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.
Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle.
Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera.
»


Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci !
Père, glorifie ton nom ! » Alors, du ciel vint une voix qui disait : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore.»

Nous voici au point d’orgue des confidences de Jésus. Son âme est bouleversée. La suite est inéluctable. Le grain de blé va mourir, il n’y a aucun doute. Nous sommes témoins d’un moment unique dans la vie du Christ. Jésus s’abandonne pleinement à la volonté du Père.
Le ministère public de Jésus le préparait à cet instant. Il accepte devant nous de donner sa vie. La gloire de Dieu va se manifester en son Fils. Pour la troisième fois, la voix retentit. Nous ne sommes ni au bord du Jourdain, ni au Tabor mais à Jérusalem, la ville où tout ensemble ne fait qu’un. La voix du Père se manifeste pour nous. Elle vient nous ouvrir un avenir possible. Mais que veut dire « glorification » ?
La mort doit-elle être ce lieu où la gloire va se manifester ?
Comment peut-on accepter que la mort soit la gloire ? À vue humaine, nous sommes devant la plus grande des contradictions. Jamais la mort n’est une victoire, si ce n’est la mort de notre ennemi.
Pour manifester cette victoire, Jésus devra lui aussi passer par la mort.
Cette mort physique redoutable, que nous craignons tous. Cette mort qui marque la fin de la relation humaine et des contacts.
La mort, ce gouffre où nous craignons de nous abîmer pour l’éternité.
Jésus ressent-il ces mêmes angoisses ? Son humanité se manifeste-t-elle par ces mêmes expressions ?…
« Père, sauve-moi de cette heure ». L’humanité du Fils de Dieu ne peut se résoudre à perdre sa vie. Ce combat semble être celui de tout le genre humain.
Le Fils de l’homme élevé de terre attirera à lui tous les hommes. Nous voici devant l’espérance. Si nous allons partager une mort semblable à la sienne, il nous attirera à lui par une vie, elle aussi, semblable à la sienne.
L’espérance ne peut mourir, seule la mort sera vaincue et la gloire de Dieu manifestée. Le prince de ce monde va être jeté dehors, et, avec lui, notre ennemi originel qui prétend régner en despote sur notre humanité.
La vie est notre identité, et les disciples du Christ doivent vivre en vivants.
La gloire de Dieu s’est révélée par le témoignage des fils de lumière.
La ténèbre n’est pas ténèbre devant toi, la nuit comme le jour est lumière.

Père Jorge JIMENEZ

ÉDITORIAL du 10 mars 2024 – 4ème dimanche de Carême – année B – (Laetare)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 3, 14-21

Celui qui croit en lui échappe au Jugement ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.

Nous voici au dimanche de Laetare, dimanche de la joie. Les lectures que l’Église nous donne à méditer connotent bien peu ce que, communément, nous appelons « la Joie » temple détruit, profanation, dispersion, esclavage, exil. La première lecture nous dépeint un tableau peu réjouissant des conditions de vie des Israélites au temps de

Nabuchodonosor. Il nous serait presque facile de reprendre les grands thèmes énoncés et de faire un parallèle avec ce que certains de nos contemporains vivent ou subissent. Les mêmes exactions se retrouvent, il suffit de se déplacer un peu sur le globe terrestre. D’où nous viendra le salut !

Tel est le cri qui pourrait jaillir du fond de ces nuits subies. Dans l’histoire du peuple élu, le même cri a été émis et entendu. Face aux morsures des serpents dans le désert, la santé a été retrouvée lorsqu’ils se sont tournés vers le mât que Moïse brandissait. Lors de la désolation de l’exil, Darius, roi perse, invite les déportés à revenir à Jérusalem.

Le salut nous vient souvent du lieu le plus improbable. Du lieu que nous ne pouvions imaginer. Trop souvent, nous croyons que nous sommes les uniques acteurs et les seuls héros de notre salut. Je peux tout, je fais tout, je suis tout. L’orgueil est notre pire ennemi : il nous retient dans notre plus pure incapacité. Notre salut est dans le nom du Seigneur, lui qui a fait le ciel et la terre. Ce répons nous indique, dans la foi, une vérité spirituelle. Il faut accepter d’accueillir un salut qui n’est pas de nous. Qui n’est pas nous. Dieu veille et entend nos cris, tous les cris. Sa réponse se fait présence, mais il faut avoir l’humilité de nous détacher de notre solution immédiate. Dieu nous sauve par les moyens qui lui sont propres. Voici donc la source de la joie. Elle ne se trouve ni dans notre intelligence, ni dans notre force ou notre technicité. Elle se trouve dans la promesse de Dieu. Notre véritable joie est la promesse. Comme pour Abraham, Moïse et les prophètes, comme pour Marie et tous les saints, la bénédiction de Dieu a été prononcée sur chacun de nous. Je ferai de toi une grande nation, va, conduis mon peuple, tu donneras au monde le Fils du Très-Haut, ne crains pas.

Chacun de nous peut, dans l’intimité de sa prière, retrouver la bénédiction que Dieu a faite sur sa vie. Est-elle difficile à entendre ? Nous surprend-elle ? Sommes-nous dans le désarroi devant cette parole ? Oui, sans aucun doute. Mais Dieu est cette source inépuisable de vie qui, jour après jour, est à nos côtés et nous irradie de son amour et de sa promesse. La joie de notre cœur est dans le nom du Seigneur.

Père Jorge JIMENEZ

ÉDITORIAL du 3 mars 2024 – 3 e dimanche de Carême – année B

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 2, 13-25

Comme la Pâque juive était proche, Jésus monta à Jérusalem. Dans le Temple, il trouva installés les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs.

Peut-on dire qu’il y a une sainte colère ? Jésus, devant les marchands du Temple, s’emporte et détruit les étals. Avait-il tort ou raison ?
Il prive des commerçants de leur outil de travail, mais il fait avant tout respecter la dignité du Temple. Ce faisant, il dénonce également les compromis et compromissions des prêtres et pharisiens en charge de ce lieu saint. Un guide me disait lors d’un pèlerinage en Terre sainte : « Tu sais, ici, c’est simple : tout est compliqué ».
Cette phrase peut parfaitement illustrer notre réaction vis-à-vis de ce que vient de faire le Christ. Mais aussi, d’une façon plus générale, elle illustre les atermoiements de nos vies. Pendant les quarante jours du Carême, nous allons relire notre histoire, et sans aucun doute, nous arrêter sur des moments qui nous ont fait souffrir, ou des moments où nous avons fait souffrir.
Quelle va être notre attitude face à ces événements ? Nous auto-justifier et nous absoudre, ou essayer de comprendre ce qui était en jeu à ce moment-là, et les raisons de cette réaction excessive… Une fois cette démarche accomplie, il ne nous restera plus qu’à vivre une réconciliation, d’abord avec nous-mêmes, puis, si cela est possible, avec nos frères et devant Dieu.
Père Jorge JIMENEZ

Diocèse de Lyon

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  • Évangile : « Ce n'est pas vous qui parlerez, c'est l'Esprit de votre Père » (Mt 10, 17-22)

Le saint du jour