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ÉDITORIAL du 10 novembre 2024 – 32e dimanche du Temps Ordinaire – année B
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 12, 38-44
Le scribe reprit : « Fort bien, Maître, tu as dit vrai : Dieu est l’Unique et il n’y en a pas d’autre que lui. L’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices. » Jésus, voyant qu’il avait fait une remarque judicieuse, lui dit :
« Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Et personne n’osait plus l’interroger.
« Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »
Il n’y aura bientôt plus de monnaie !
Comment les générations qui n’ont qu’une carte bleue ou bien qu’un téléphone portable en guise de porte-monnaie pourront-elles comprendre cet évangile ?
Rassurez-vous, d’autres moyens sont déjà à l’œuvre pour répondre à ces exigences.
Être ou paraître, telle est la question. En effet, face à la grosse somme donnée par les riches, l’obole de la veuve semble dérisoire. Elle aurait mieux fait de garder ses pauvres pièces plutôt que de les donner. Ces deux piécettes ne vont rien solutionner, tant sont énormes les besoins de ceux qui gravitent autour du temple. Jésus la remarque. Jésus est attentif non pas au geste, mais à l’intention. Elle donne son essentiel et non pas seulement son superflu, comme d’autres qui, eux, veulent se faire remarquer. Elle prend sur son indigence pour donner au temple. Elle donne bien plus que ce qui la fait vivre : elle donne sa vie. Elle le fait sans bruit, sans fanfare ni trompette, elle le fait presque en s’excusant de le faire. Elle le fait en toute discrétion sans que personne ne la remarque, mais Jésus est là, et il la voit.
Le regard de Jésus vient pénétrer le cœur de cette femme. Elle a tout donné, que lui reste-t-il maintenant ? Il ne lui reste sans doute plus que sa mort à donner et elle s’y prépare. Nous ne savons rien de l’après de cette offrande, mais j’ose espérer que cette femme aura part à la récompense dans le Royaume.
« Méfiez-vous » Il est si facile de se laisser subjuguer par de belles paroles et de beaux habits. Combien de personnes célèbres ou ayant pignon sur rue se sont révélées être des escrocs, ou bien pire encore. Nous n’avons pas le regard du Christ pour connaître les intentions cachées, mais si Jésus nous met en garde, c’est bien qu’il faut être attentif aux séducteurs et aux beaux parleurs. Jésus nous demande d’être vigilants, afin de ne pas nous laisser entraîner là où nous ne voulons pas aller.
La séduction est une œuvre de perversion, elle nous détourne de ce qui est vrai, juste et bon, pour nous orienter exclusivement vers le choix de celui qui se présente devant nous. Il nous faut toujours essayer d’interroger l’intention de la personne : que cherche-t-elle, pourquoi cette attitude, y compris dans le domaine religieux. Que fait-elle, que veut-elle faire ? Que fait-elle de moi ? La dernière question est la plus difficile, dans tous les domaines.
Il faut aussi, et surtout, nous interroger nous-même. Je cherche quoi ? Et quand je fais telle chose, même si elle paraît généreuse, quelles sont mes véritables intentions ?
Ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonne intentions ?
L’obole de la veuve est un exemple de cohérence, elle donne son essentiel car elle sait que le Seigneur est son essentiel et qu’il lui offre toujours un possible, une espérance.
À nous de rechercher la cohérence entre nos paroles et nos actes. Nos intentions sont parfois un peu difficiles à discerner, nous pouvons tenter de le faire dans le cœur à cœur avec Dieu qu’est la prière, et avec des frères bienveillants.
Père Jorge JIMENEZ
ÉDITORIAL du 3 novembre 2024 – 31e dimanche du Temps Ordinaire – année B
Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 12, 28b-34
Le scribe reprit : « Fort bien, Maître, tu as dit vrai : Dieu est l’Unique et il n’y en a pas d’autre que lui. L’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices. » Jésus, voyant qu’il avait fait une remarque judicieuse, lui dit : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Et personne n’osait plus l’interroger.
Le Shema Israël est la prière juive par excellence. Ce texte a pour ainsi dire le statut du Notre Père des chrétiens.
Le scribe ne demande pas à Jésus quelle est la prière la plus importante du judaïsme, il lui demande quel est le premier de tous les commandements.
La réponse de Jésus ne commence pas par la liste de ce qu’il faut faire, ni par les attributs du Seigneur, il commence par la posture du croyant : « écoute ».
Le premier des commandements est l’écoute. Écoute ce que Dieu te dit.
Nous avons tous tendance à sauter ce premier temps pour aller au faire : faire mille et une choses, faire ce que nous croyons devoir faire, et ce sont souvent des choses bonnes, mais elles seraient meilleures si nous prenions le temps de cette écoute préliminaire.
Ensuite, vient le commandement de l’amour, amour de Dieu et amour du prochain. Ce que nous appelons le double commandement de l’Amour – qui est venu parfaire le décalogue reçu par Moïse au Sinaï – est cette écoute de la Parole de Dieu, où tous les commandements de la torah se trouvent justifiés, et où tout amour trouve sa source. L’acte d’écouter suppose de se taire, sans doute pour chacun de nous la chose la plus difficile à faire. Il s’agit de faire taire nos lèvres, mais aussi et surtout, de faire taire notre tumulte intérieur. Notre brouhaha qui nous parasite sans cesse et que nous masquons par d’autres bruits, extérieurs cette fois-ci. Bruits de nos appareils de musique, téléphones ou autres, bruits de nos cités, bruits de nos gesticulations. Jésus nous demande d’écouter sa Parole, sa présence. Comme pour Élie, Dieu nous parle dans le souffle ténu d’une brise légère. Dieu ne fait pas grand bruit, il ne s’impose pas par la violence. Tout comme l’amour, qui est sa nature propre.
Dieu ne cesse de nous parler, mais notre bruit le rend inaudible.
Écoute l’Amour et tu pourras aimer. Si tu aimes, tu auras découvert ce qu’est réellement le Royaume. L’Amour et le Royaume sont, comme les deux commandements, indissociables l’un de l’autre, Dieu et le prochain.
Apprenons à faire silence, apprenons à nous retirer loin des bruits, de notre bruit, pour entendre la parole d’amour que Dieu nous adresse sans cesse. La révélation de cet amour, amour pour tous et pour chacun, fait de nous dès maintenant des témoins acteurs du Royaume.
Père Jorge JIMENEZ
Commémoration de tous les fidèles défunts – 2 novembre 2024
Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez
Fête de la Toussaint – 1er novembre 2024
Ecoutez l’homélie du Père Jimenez
La fête de la Toussaint (article du site du diocèse de Lyon).
Comme son nom l’indique, la Toussaint est la fête de tous les saints. Chaque 1er novembre, l’Église honore ainsi la foule innombrable de ceux et celles qui ont été de vivants et lumineux témoins du Christ.
Si un certain nombre d’entre eux ont été officiellement reconnus, à l’issue d’une procédure dite de « canonisation », et nous sont donnés en modèles, l’Eglise sait bien que beaucoup d’autres ont également vécu dans la fidélité à l’Evangile et au service de tous. C’est bien pourquoi, en ce jour de la Toussaint, les chrétiens célèbrent tous les saints, connus ou inconnus.
Cette fête est donc aussi l’occasion de rappeler que tous les hommes sont appelés à la sainteté, par des chemins différents, parfois surprenants ou inattendus, mais tous accessibles.
La sainteté n’est pas une voie réservée à une élite : elle concerne tous ceux et celles qui choisissent de mettre leurs pas dans ceux du Christ. Le pape Jean-Paul II nous l’a fait comprendre en béatifiant et canonisant un grand nombre de personnes, parmi lesquelles des figures aussi différentes que le Père Maximilien Kolbe, Edith Stein, Padre Pio ou Mère Térésa…
La vie de ces saints constitue une véritable catéchèse, vivante et proche de nous. Elle nous montre l’actualité de la Bonne nouvelle et la présence agissante de l’Esprit Saint parmi les hommes. Témoins de l’amour de Dieu, ces hommes et ces femmes nous sont proches aussi par leur cheminement – ils ne sont pas devenus saints du jour au lendemain -, par leurs doutes, leurs questionnements…en un mot : leur humanité.
La Toussaint a été longtemps célébrée à proximité des fêtes de Pâques et de la Pentecôte. Ce lien avec ces deux grandes fêtes donne le sens originel de la fête de la Toussaint : goûter déjà à la joie de ceux qui ont mis le Christ au centre de leur vie et vivre dans l’espérance de la Résurrection.
ÉDITORIAL du 27 octobre 2024 – 30 e dimanche du Temps Ordinaire – année B
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 10, 46b-52
« Fils de David, prends pitié de moi ! » Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le. » On appelle don l’aveugle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle. » L’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus. Prenant la parole, Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » L’aveugle lui dit : « Rabbouni, que je retrouve la vue ! » Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé. » Aussitôt l’homme retrouva la vue, et il suivait Jésus sur le chemin.
Que veux-tu que je fasse pour toi ?
Nous sommes nombreux à espérer, un jour, entendre cette parole. Quel est notre désir le plus profond ? L’aveugle, en demandant de retrouver la vue, demande bien plus. Il souhaite avoir une vie pleine, il souhaite sortir de cette exclusion misérable qui a fait de lui un mendiant.
Être aveugle, c’est être condamné à ne pas exister. Mais Bartimée n’est ni sourd ni sans intelligence.
Fils de David, prends pitié de moi !
Ce Bartimée sait que ce Jésus n’est pas un maître comme les autres. Il y a tant d’enseignants, de rabbins, qui se contentent de belles paroles… Ils parlent de Dieu, de la Loi, mais surtout des obligations que chacun doit respecter. Pour autant, ils ne prennent pas soin des personnes. Champions en discours, ils laissent les personnes dans leur néant.
Appeler « fils de David » ce rabbin, c’est lui reconnaître un privilège. Lui seul peut transformer le monde et répondre aux attentes véritables. Descendant direct du grand roi, il pourra faire ce que d’autres ne peuvent pas même imaginer.
Prends pitié de moi. J’ai du prix à tes yeux, j’existe, je sais que tu m’écoutes. La foule est un écran. La foule n’a pas de personnalité. La foule sépare, exclut.
Jésus se rapproche, il fend la foule comme Moïse pour advenir à la vérité.
Appelez-le. Qu’il vienne jusqu’à moi. Lui seul m’importe, car lui seul me connaît.
Va, ta foi t’a sauvé.
Le fils de Timée s’adresse au fils de David. L’un reconnaît l’autre par ce qu’il est, et l’autre par ce qu’il croit.
Les deux se rencontrent et les deux se reconnaissent : Jésus, comme celui qui peut donner à l’homme ce qui lui manque en vérité. Bartimée, comme celui qui espère et qui se sait déjà guéri. Sa foi lui a permis de voir en Jésus son sauveur.
Bartimée n’est pas le seul aveugle de l’histoire. La foule n’est-elle pas aveugle, elle aussi ? Par l’action de Jésus, elle qui était écran devient passerelle.
Quelle place occupons-nous vraiment ?
Nous souhaiterions crier vers le Christ « exauce-nous «. Mais, le plus souvent, nous crions dans le vide.
Avons-nous pleinement conscience de nos besoins et de nos manques ?
Que de fois notre demande est convenue ! Prenons le temps de discerner ce qui nous rendra libres et heureux et qui nous fera devenir passerelles et témoins du Christ.
Que veux-tu que je fasse pour toi ?
Père Jorge JIMENEZ
ÉDITORIAL du 20 octobre 2024 – 29e dimanche du Temps Ordinaire – année B
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 10, 35-45
Il leur dit : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » Ils lui répondirent :« Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. » Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisé du baptême dans lequel je vais être plongé ? » Ils lui dirent : « Nous le pouvons. »
Que veut dire une telle demande ?
Les dix autres disciples ont bien compris, mais Jacques et Jean veulent les places d’honneur, à la droite et à la gauche du maître.
S’ils réclament cette place, quelle sera la nôtre ?
Nous aussi, nous voulons les places d’honneur, chacun de nous veut les meilleures places. Être à la meilleure table, être le mieux placé sur la photo, dans la salle de spectacle … Qui voudrait la dernière place ?…
Jésus ne leur refuse pas cette place, il ne leur dit pas qu’ils sont orgueilleux, et il ne leur fait pas une quelconque réprimande : il leur parle ouvertement de sa Passion, qui sera aussi la leur. Jacques et Jean ne se dérobent pas. Ils acceptent la coupe et le bain.
Je ne sais pas s’ils ont saisi tout ce que représente la Passion, mais ils l’acceptent.
Il faut revenir sur le trouble des dix autres. Que critiquent-ils : la question ou le fait de vouloir être avec Jésus ? Les deux frères sont maladroits, surtout quand ils semblent vouloir forcer Jésus. Mais nous pouvons aussi lire leur désir de rester auprès de Jésus y compris dans sa mort et sa résurrection. N’estce pas le désir de tout chrétien véritable, vouloir être et rester auprès du Christ, tous les jours ? Si nous comprenons leur demande dans ce sens, elle est plus que légitime. Cette demande devrait même devenir la nôtre : ne jamais être séparé du Christ.
L’Église l’a bien compris, et une des prières du prêtre à voix basse lors de la messe, avant la communion, se termine par : « Fais que je demeure fidèle à tes commandements et que jamais je ne sois séparé de toi ».
Le malaise survient quand les dix disciples prêtent, à tort ou à raison, à Jacques et Jean de vouloir partager aussi la gloire de Jésus dans le Royaume.
Jésus ne laisse pas le doute s’installer et, prenant la parole, il remet chaque chose à sa place. De quel royaume parlons-nous ?
Nous ne sommes pas dans le modèle du monde. La gloire, les honneurs, la puissance et les richesses ne sont pas les finalités des disciples du Christ.
Les disciples du Christ doivent choisir une autre voie que celle du monde. Le service et l’humilité sont les signes du disciple.
L’échec au regard du monde pourrait être la gloire au regard de Dieu.
Il nous faudra offrir ce que nous avons, accepter l’humiliation du serviteur, se dépouiller y compris de notre fierté pour, qui sait, siéger à la droite ou à la gauche du Seigneur, si ces places nous sont destinées.
Père Jorge JIMENEZ
ÉDITORIAL du 13 octobre 2024 – 28e dimanche du Temps Ordinaire – année B
Ecoutez l’homélie du Père Jimenez
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 10, 17-30
Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. Il lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. » Mais lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens.
L’évangile de ce jour nous surprend, et pourrait presque nous agacer. La parole sur les richesses interroge les disciples, lesquels vont jusqu’à reprendre Jésus.
Il y a deux choses remarquables : Jésus connaît la loi par cœur, il récite les commandements comme arguments pour la vie éternelle à la question du jeune homme. Ensuite, Jésus est touché par la candeur de ce dernier. Il est sincère, il vit les commandements … depuis sa jeunesse. L’évangile dit que Jésus l’aima : comme si Jésus se « retrouvait » en lui. Il ne lui reste plus qu’un pas à franchir pour être totalement dans la suite du Christ, celui de l’abandon. Va, vends ce que tu as. Cette demande est trop difficile à exécuter, car il possédait de grands biens.
Qu’il est dur de choisir la pauvreté ! de s’astreindre à la pauvreté radicale… Peu la choisissent réellement, beaucoup la subissent. Quelques saints, comme François d’Assise, font ce choix radical. Même si les religieux font vœu de pauvreté, individuelle, ils ne possèdent rien, mais leur ordre assure ce qui leur est nécessaire. Le choix fondamental de la pauvreté ne peut se comprendre que dans la dynamique de la foi.
Dieu pourvoira !
Il est demandé au jeune homme de faire le saut de la foi, et non de se contenter de l’obéissance à la loi, si bonne soit-elle.
Il est donc impossible à un riche d’entrer dans le Royaume des cieux.
Cette sentence peut devenir angoissante.
Sauf si nous sommes prêts à entendre toute la réponse.
S’il s’agit de notre volonté, s’il s’agit d’un exploit, s’il s’agit d’une leçon que l’on veut donner au monde, la réponse de Jésus est sans équivoque.
En revanche, s’il s’agit d’une disponibilité intérieure, d’un lien aux richesses qui n’est pas un lien de subordination, si l’avoir n’est pas un Mammon par qui nous sommes dominés, alors oui, nous pouvons avoir accès au Royaume. Et même dès ici-bas, car il y va de notre liberté. Nous pouvons être disciples du Christ si nous sommes libres de toutes attaches aliénantes.
Jésus dit que nul n’aura quitté les siens, sans recevoir le centuple. Cette phrase est à entendre aussi avec la foi : non pas « je ne m’attache à personne », mais « je n’attache personne, je ne contrains personne, je suis soucieux de la liberté des gens que je côtoie et que j’aime, je suis même promoteur de leur liberté. »
Il n’y a qu’une liberté qui puisse nous faire rencontrer et suivre le Christ qui nous libère.
Il reste au final une question lancinante : suis-je assez libre ? Qu’est-ce qui – ou qui- m’empêche de me donner totalement et de suivre le Christ ?
Père Jorge JIMENEZ
ÉDITORIAL du 29 septembre 2024 – 26e dimanche du Temps Ordinaire – année B
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 9, 38-43.45.47-48
Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez
« Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi
mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le
jette à la mer.
Ça fait mal !
Cela fait trois semaines que nous suivons Jésus sur son chemin avec ses disciples et depuis la
semaine dernière, nous sommes à la maison, à Capharnaüm.
Après le moment de gêne de dimanche dernier, nous voici devant une ronde de questions. Qui est le
plus grand ? La question est réglée. Certains font des signes et s’ils ne sont pas de ta bande, Jésus,
que doit-on faire ?
Je pourrais actualiser la question et demander : s’il y a des gens qui font du bien, qui se mettent au
service des autres, qui sont bienveillants mais qui ne sont pas baptisés, doit-on leur demander
d’arrêter pour garder le monopole de la générosité ?
On se rend bien compte de la stupidité de cette demande : s’ils font du bien, qu’ils continuent ! Nous
avons trop besoin de bonté dans ce monde qui a perdu le sens de l’homme.
Par contre aujourd’hui, l’enseignement brutal de Jésus nous concerne.
Je dis brutal car les paroles de Jésus le sont et doivent être reçues comme autant d’électrochocs et
nous invitent à une introspection, ou pour être moins dans l’analyse, une relecture de nos
comportements.
Coupe, arrache et jette : voici ce que nous demande Jésus de faire avec ce qui nous entraîne au
péché. Jésus nous parle de chute, mais il nous parle en fait de nos ruptures d’amour. Car c’est bien
cela le péché, une rupture du lien de relation avec ceux qui nous aiment et avec celui qui nous aime,
Dieu, Père, Fils et Esprit.
Les lieux mentionnés du péché sont les mains, les pieds et les yeux. En d’autres termes, ce que tu
fais, où tu vas, et ce que tu regardes ou plutôt comment tu regardes.
Est-il besoin de préciser davantage ? Je ne le pense pas.
Mais le premier élément que cite Jésus est d’être un scandale, malheureusement il ne s’agit plus de
faire, d’aller ou de voir, mais d’être.
Quel est l’exemple que nous donnons, de quelle manière sommes-nous en cohérence entre nos
paroles et nos actes ?
Trop d’exemples nous parlent de l’incurie d’hommes et de femmes y compris d’Église, parfois nous-mêmes pouvons être négligents dans nos comportements et nos paroles.
Etre un scandale pour nos frères peut être une réalité quand il nous arrive de parler d’accueil, de
solidarité et de service.
Nous pensons spontanément aux enfants, le modèle que nous donne Jésus pour accueillir le
Royaume, et nous voulons être un exemple pour eux, mais il nous faut aussi penser à ceux qui
rejoignent la communauté des chrétiens : catéchumènes, néophytes ou recommençants, enfants de
l’Église qui ne demandent qu’à grandir en son sein et à éprouver la vérité du comportement de leurs
frères aînés.
Ils disent et ne font pas ! Là se trouve peut-être le plus grand scandale pour nos contemporains.
Père Jorge JIMENEZ
ÉDITORIAL du 6 octobre 2024 – 27 e dimanche du Temps Ordinaire – année B
Ecoutez l’homélie du Père Jorge Jimenez
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 10, 2-16
C’est en raison de la dureté de vos cœurs qu’il a formulé pour vous cette règle. Mais, au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme. À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas !
En un évangile nous avons les deux textes les plus utilisés pour les mariages et les baptêmes. En ce qui concerne la vie du couple, la question : « Est-il permis de renvoyer sa femme ? », pourrait paraître légitime dans une société comme la nôtre où l’espérance de vie est de 90 ans. Se lier avec une même personne pour 70 ans donne le tournis.
Nous pouvons entendre ce désir de changement, comme une fois j’ai entendu dire pour justifier un divorce : « Je ne m’amuse plus avec toi » : il semble que, pour cette personne, le mariage était un jeu et qu’à un moment, on ne sait pour quelles raisons, la partie était finie.
Etablir un acte de répudiation souligne le caractère administratif du mariage. Un mariage se conclut devant le maire, mais le divorce est prononcé par un juge. Voilà qui devrait nous faire réfléchir sur la question administrative du lien du mariage.
Il s’agit bien plus que d’un acte conventionnel et la société toute entière est engagée derrière les époux, nous avons souvent tendance à l’oublier.
Le mariage ne peut se réduire à un acte administratif, nous avons cette impression à cause des registres. Ces registres ont une importance cruciale pour la société, ils enregistrent les couples susceptibles d’avoir des enfants. Même si aujourd’hui de très nombreux enfants naissent hors mariage, l’enfant est le véritable enjeu de toute société et celle-ci se mobilise pour eux : infrastructures, crèches, écoles et tout le reste.
Jésus vient ajouter un caractère particulier au mariage : il est la volonté de Dieu.
Le mariage est un don de Dieu. Le mariage n’est ni un simple acte administratif ni un acte social, il est un don. Ce don fait partie du projet de Dieu depuis la création. Il a voulu cette complémentarité entre l’homme et la femme qui deviennent époux. Par ce soutien mutuel et cette vie commune, l’homme et la femme reçoivent pour mission de devenir une seule chair, une seule entité, qui reçoit de Dieu luimême cette capacité inouïe de pouvoir engendrer et accueillir la vie.
Les enfants sont non seulement la finalité de toute société – sans enfant il n’y a aucun avenir – ils sont aussi pour un couple le don de leur amour, en espérant qu’aucune maladie ni impossibilité ne vienne empêcher la génération naturelle. Ils sont, comme le Christ nous l’enseigne, le modèle de l’accueil du Royaume.
Accueillir ce que Dieu veut pour nous, accepter de recevoir et avoir la simplicité de demander, et bien sûr se jeter dans les bras de celui qui nous aime et nous donne la vie. L’enfant est notre modèle de vie spirituelle, la prière du chrétien s’adresse à Dieu comme à un père. N’oublions pas cette dimension fondamentale.
Père Jorge JIMENEZ
ÉDITORIAL du 22 septembre 2024 – 25e dimanche du Temps Ordinaire – année B
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 9, 30-37
S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eu l’embrassa, et leur dit : « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. »
Les messes basses, une tradition qui perdure. Parler sans que la principale personne soit au courant de ce qui se dit à son sujet. Malheureusement, n’en est-il pas encore souvent ainsi ?
Jésus annonce aux disciples sa mort et sa résurrection, mais ceux-ci ne retiennent que le passage sur sa mort et déjà ils envisagent la succession. Qui est le plus grand, qui prendra la suite du groupe ? Les questions de succession sont toujours délicates et animent des convoitises, les disciples du Christ n’échappent pas à la règle.
Jésus profite de cette circonstance pour leur donner un nouvel enseignement.
Celui qui veut être le premier doit être le dernier et le serviteur de tous. Cet enseignement tranche avec le désir de devenir le leader. Il nous invite à nous revêtir d’humilité et nous savons que pour Jésus, l’humilité est allée jusqu’à l’humiliation.
Qui choisirait l’humiliation comme chemin de reconnaissance ? Personne, sauf le Christ.
Pour illustrer son propos, Jésus pose un acte symbolique avec le choix de l’enfant.
Qu’est-ce qu’un enfant, en ce temps-là, en Palestine ? Nous sommes bien loin de l’enfant-roi décrit par les psychologues. L’enfant est celui qui n’a pas droit à la parole, qui ne peut rien engager.
L’enfant est celui qui est soumis et qui est en phase d’apprentissage. Il est en devenir.
L’enfant est celui qui a besoin d’un autre pour le protéger, le faire vivre et le chérir.
L’enfant a besoin de l’adulte, à qui il peut demander ce qui lui est nécessaire : la nourriture, les vêtements, la sécurité et la protection, et l’amour. L’enfant découvre qu’il n’est pas tout-puissant et qu’il dépend des autres.
Par cet acte, Jésus donne un complément essentiel à son enseignement : il invite les disciples à avoir l’humilité d’un enfant. Il invite à demander et donc à se reconnaître dépendant.
Jésus nous dit que nous devons accepter cette dépendance, qu’elle nous est constitutive et qu’elle nous sort du fantasme de la toute-puissance. Comme adulte, il nous faudra beaucoup d’humilité pour accepter la dépendance.
Jésus nous demande de ne pas regarder cette dépendance comme une contrainte, ce que nous faisons spontanément, mais comme un lien d’amour.
Cette dépendance à Dieu, en Jésus Christ, est la manifestation de l’amour réciproque entre Dieu et sa créature.
C’est à Capharnaüm, à la maison, que Jésus nous donne cet enseignement.
Il ne pouvait pas le faire dans un lieu plus chargé de sens…
A nous d’accepter de nous laisser envelopper par la tendresse de Dieu et d’avoir l’humilité de lui présenter nos justes demandes. Un père plein d’amour pourrait-il les rejeter ?
Père Jorge JIMENEZ