Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 2, 22-40
Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi : ‘Tout premier né de sexe masculin sera consacré au Seigneur.’ Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes.
Allez-vous faire sauter des crêpes en cette fin de semaine, pour la Chandeleur ?
La fête que l’Église nous fait vivre aujourd’hui est double. Il s’agit du rachat de l’enfant et du rite de purification de la mère.
Reprenons les éléments du judaïsme. Tout enfant mâle est consacré à Dieu, c’est le sens de la circoncision, au huitième jour de l’enfant.
Quand il s’agit du premier-né, le père doit aussi racheter son garçon. Le rachat du fils est l’un des 613 commandements, qui est célébré après le 31e jour de l’enfant. Cette cérémonie consiste pour le père à racheter symboliquement son propre fils à un Cohen, c’est-à-dire un des prêtres du Temple de Jérusalem, ce qui le dispense d’obéir au commandement selon lequel tous les premiers fils avaient pour obligation de devenir prêtre.
Il s’agit aussi pour la mère de l’enfant d’offrir le sacrifice de purification après l’accouchement. La mère de l’enfant peut à nouveau toucher des objets sacrés et se rendre au temple. Elle peut aussi redevenir épouse, l’impureté rituelle est finie.
L’évangéliste nous présente ce double rite qui permet de parfaitement ancrer Jésus dans la tradition et la loi juives.
Lors de cet épisode, nous devons aussi prêter attention aux deux anciens, Syméon et Anne. L’un et l’autre ont une signification très précise dans ce contexte.
Prenons Syméon, le prêtre. Il est conduit au Temple par l’Esprit pour attendre la consolation d’Israël. Cette consolation se manifeste par un enfant. C’est lui qui vient remettre toutes choses en ordre. Il accomplit les promesses d’Isaïe lors de la déportation. Avec cet enfant, le peuple de Dieu va connaître de nouveau un temps de grâce et de justice. Syméon reçoit cet enfant dans les bras et prononce son cantique : il peut mourir en paix, la promesse de Dieu s’est enfin manifestée.
Pour Anne, nous sommes en présence d’une veuve qui attend le messie. Elle a connu tous les âges de la vie, comme Israël : le temps de l’élection, le temps du vivre avec et maintenant le temps du vivre sans, sans époux ou sans Dieu. La vie d’une prophétesse manifeste l’action prophétique tout autant que sa parole. Anne attendait une vie nouvelle et un retour à la vie avec Dieu, tout comme Israël.
Voilà cette attente achevée. Cet épisode de la Présentation est d’une richesse infinie.
- Jésus est libéré d’un avenir qui le contraignait. Sa vie peut maintenant s’épanouir sous le signe de l’Esprit Saint.
- Marie retrouve sa condition de mère et d’épouse, elle va surtout pouvoir se consacrer pleinement à son fils, le seul saint, le seul temple, présence véritable de Dieu.
- Anne et Syméon manifestent par leur vie que la longue attente du peuple juif vient de s’achever. Dieu se manifeste dans le Temple pour inaugurer l’alliance nouvelle.
Forts de tous ces éléments, nous pouvons bel et bien faire des crêpes et les manger. Car elles sont le signe la fête annoncée, mais aussi la fin du port du voile qui marque le temps du deuil et de la séparation.
Père Jorge JIMENEZ